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Commentaire de TZ

sur "Après les législatives, plus personne ne parlera du Front National" TODD


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TZ TZ 7 mai 2012 21:11

Le Front national

En 1972, deux mouvements d’extrême droite, Ordre Nouveau et le Parti des forces nouvelles constituent un parti politique, le Front national pour participer aux élections législatives de 1973. La présidence est confiée à Jean-Marie Le Pen. Le FN se construit sur le modèle du MSI de Giorgio Almirante, un parti néo fasciste ouvertement mussolinien. Le FN reste groupusculaire, en concurrence avec d’autres mouvements qui déclinent rapidement. En 1983, lors d’une municipale partielle à Dreux, le numéro deux du FN, Jean-Pierre Stirbois parvient à se faire élire grâce au soutien de la droite. Dès lors, sur fond de crise, la percée électorale du FN se précise au point qu’il peut atteindre plus d’une trentaine de députés aux élections de 1986. Le parti de Le Pen, par ses succès électoraux, le charisme de son chef et sa capacité à capter à la fois les votes protestataires, à donner un espace d’expression aux idées racistes devient durablement installé dans la vie politique française. En 1995, Le Pen recueille près de 15 % des suffrages à la présidentielle et quatre villes tombent aux mains du FN, dont Toulon. En 1998, l’extrême droite est si bien implantée localement que dans quatre régions (Rhône-Alpes, Picardie, Bourgogne et Languedoc-Roussillon), la droite n’hésite pas à faire alliance avec elle pour en garder ou en gagner la présidence. Au point que les autres formations politiques se déterminent parfois par rapport à lui notamment sur le fond. C’est ce qu’on va appeler la lepénisation des esprits.

La lepénisation des esprits

Le Pen parvient à fédérer durablement autour de lui toutes les traditions de l’extrême droite française. Et la porosité avec la droite est si forte que la base des partis traditionnels n’est pas si intransigeante avec le FN que leurs responsables politiques. Le Pen alterne entre "dérapages verbaux" et victimisation. Le socle idéologique du FN se structure avec la contribution de brillants théoriciens comme Mégret, Blot et Le Gallou. Ce dernier invente le concept de "préférence nationale" dans lequel il va justifier toute l’idéologie lepéniste basée sur la discrimination systématique des immigrés, l’inégalité des races, le corporatisme, l’inégalité entre les femmes et les hommes, la fermeture des frontières, etc…

Mais il y a un débat interne sur la stratégie. Si Le Pen, fidèle à la tradition de la droite révolutionnaire "attend son heure", voulant prendre seul le pouvoir, Mégret s’approprie une pensée gramscienne mal digérée. Il veut conquérir le pouvoir culturel (dominer les référents de la pensée) pour conquérir le pouvoir politique. Par ailleurs, si Le Pen surfe opportunément sur le "ni droite ni gauche", Mégret, lui, a choisi son camp et il est de droite. Il veut conquérir le pouvoir en s’alliant avec la droite. L’avènement du premier gouvernement d’Alliance nationale de Berlusconi en 1994 avec le soutien l’extrême droite. Ces deux stratégies s’opposent et provoquent une scission au début de l’année 1999 entraînant déclin relatif du FN. Mais si sa dynamique s’est brisée, le FN reste, dans les représentations, le parti de la peur, du repli sur soi et de la discrimination. C’est ainsi que, excités par les discours de la droite sur l’insécurité, perplexes quant à l’avenir, beaucoup de Français ont porté Le Pen en deuxième position lors de l’élection présidentielle le 21 avril.


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