@ Eric Gueguen :
Vous vous êtes donné le peine de répondre à Toug... merci pour ce commentaire intelligent, et aussi de vous être tapé le boulot !
J’ajouterais
juste que la question implicite que posait Toug, s’agissant de la
valeur philosophique de Hegel (à laquelle il a cru répondre en moquant
sa notoriété de philosophe, ses travers d’individu), c’est la question
de la postérité de Hegel.
Sous ce rapport, comme vous l’avez
fait remarquer, Hegel, c’est vraiment l’auberge espagnole ! Après 89,
tout part de lui ; qu’on soit marxiste ou pas, qu’on soit hégélien ou
anti- (Schopenhauer, Kierkegaard, s’expriment d’abord CONTRE lui).
Reste
que c’est bel et bien à partir de lui que la philosophie devient
concrète et, comme une vieille fille soudain tombée en amour fignolerait
sa toilette avant d’aller dans le monde, s’apprête à sortir des
cénacles et à prendre la rue - inaugurant une geste historique de
philosophes non pas loin du Pouvoir, mais relativisant celui-ci... Fin
du philosophe roi : la transcendance sera désormais collective,
horizontale et non plus verticale... Sans parler du marxisme, la haine
de Schopenhauer envers l’Université, comme celle de Kierkegaard,
refusant les derniers sacrements, envers les prêtres, qu’est-ce ? C’est
le Sens restitué à son véritable destinataire. C’est la "société"
s’instituant souveraine d’elle-même et juge du monde. Et ça, c’est
d’abord l’héritage de la logique hégélienne...
Pour en finir avec
Nietzsche (notre sujet de départ !) : au fond, rien de plus abstrait
que l’esthétisme nietzschéen, comparé au socialisme... Nietzsche,
combien de disciples... ? Et surtout (il en conviendrait le premier) :
quels disciples ? - Que des branleurs à prétention... (je sais de quoi
je parle, j’ai été nietzschéen jusqu’à ce que je bosse !)
Bref,
Hegel met un terme définitif aux Lumières, au blabla cynique de Voltaire
- à cette pensée bourgeoise, déjà positiviste et bientôt romantique,
avatar modernisé (pseudo-matérialiste) de la domination... il était
temps.
"Les Lumières, ce siècle qui éclaire tout et ne voit rien." Julien Gracq
PS : bon, je vais aller bouquiner. Merci à tous pour ce débat cordial et, malgré nos désaccords - dus à la modestie de nos moyens intellectuels respectifs - quand même instructif !