Aymeric Chauprade sur la situation en Ukraine
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Extraits :
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Les Américains, en utilisant des officines comme Freedom House
ou les subsides de Georges Soros, en s’appuyant sur les méthodes de
« révolution pacifique » mises au point par Gene Sharp (qui faisait des
stages de formation pour les étudiants serbes, géorgiens, ukrainiens aux
États-Unis au début des années 2000), tentaient de tourner l’Ukraine
vers l’OTAN et l’Union européenne, les deux processus d’intégration
allant de paire.
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En 2010 la parenthèse otanienne s’était achevée par un retour vers la
Russie avec l’élection de Vicktor Ianoukovitch. Nous sommes donc dans
une nouvelle tentative aujourd’hui. Les force euro-atlantiques
constatent que Poutine parvient à reconstruire la zone d’influence russe
grâce à l’Union douanière qu’il propose et que l’Arménie vient
d’accepter. Il faut dire que les arguments russes sont concrets : une
énergie à prix préférentiel, un commerce bilatéral réel et qui
représente plus du tiers du commerce ukrainien aujourd’hui. En face, il
n’y a que mirage et illusion. Pour l’Ukraine intégrer l’Union européenne
cela reviendrait à choisir l’Union soviétique en 1989 ! L’Union
européenne est en crise, peut-être en train de disparaître. Qu’a-t-elle à
proposer à l’Ukraine, un pays de 45 millions d’habitants ? C’est la
perspective d’un effondrement mutuel accéléré, sans doute souhaitée par
Washington. - (le sans doute est ma foi, sympathique ...).
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Le président ukrainien, soutenu par le parti des régions pro-russe, qui
peut s’appuyer au moins sur une Ukraine orientale qui représente les 2/3
du PIB du pays n’est certainement pas une marionnette de la Russie
comme veulent le faire croire nos médias. Sinon pourquoi aurait-il eu
des relations tendues avec Moscou à plusieurs reprises, à propos du gaz
notamment ? Ce président a essayé de défendre l’intérêt ukrainien à
plusieurs reprises dans le dossier énergétique et cherchait à trouver un
équilibre entre l’Union européenne et la Russie. Son approche n’était
pas dogmatique mais réaliste. Seulement il s’est rendu compte que les
Européens, inféodés aux Etats-Unis n’avaient qu’un seul objectif
obsessionnel : couper Kiev de Moscou et créer une fracture entre les
deux pays. Il a pesé le pour et le contre et s’est rendu compte qu’il ne
pouvait pas prendre le risque d’une sécession de l’Est qui aurait
résulté d’un retournement unilatéral vers l’Union européenne.
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On présente les gentils Ukrainiens pro-Europe que l’on oppose aux
méchants pro-russes. Comme d’habitude c’est de la propagande du Financial Times
recopiée mot à mot dans les journaux français. C’est désolant. On ne
voit par, par exemple, les médias s’intéresser aux mouvements
d’extrême-droite qui constituent, dans des proportions au moins aussi
fortes que les islamistes radicaux dans l’opposition syrienne, une large
part des manifestants. Dans ce cas là, il y a tout à coup la « bonne
extrême droite », celle qui est rendue invisible aux yeux du grand
public français. Le traitement de cette crise révèle une fois de plus la
pauvreté du journalisme français, sa misère intellectuelle et sa
soumission aux schémas transatlantiques. Moi qui lit beaucoup la presse
anglo-saxonne, je suis atterré d’y trouver davantage d’esprit critique
que dans nos propres médias.
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hum ... je voulais ne poster que quelques extraits de cette interview, mais j’ai fini par poster presque toutes les réponses de Chauprade tellement elles me semblent coller à la réalité.