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Commentaire de ffi

sur P. Jovanovic / P-Y Rougeyron : La revue de presse


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ffi 6 janvier 2014 01:10

Je ne crois pas que Keynes prônait l’émission monétaire directe.
Il prônait plutôt l’emprunt sur les marchés il me semble...
 
Au sujet de l’émission monétaire par l’État :
C’est une question qui ne peut avoir de réponse générale, tout dépend du contexte économique.
Émettre de la monnaie peut être pertinent ou pas, c’est selon.
L’économie est un système tellement imbriqué que l’effet est certainement difficile à prévoir à long terme.
 
Il n’empêche qu’il est préférable pour l’État de se garder cette possibilité d’émettre de la monnaie, au cas où. Recouvrer cette possibilité n’implique pas nécessairement de l’utiliser immédiatement, mais c’est une précaution prise pour l’avenir, au cas où l’usage de cette possibilité puisse être bénéfique.
 
En effet, et c’est logique, il ne faut user de la création monétaire que quand c’est bénéfique de le faire...
 
Mais la création monétaire n’est pas l’unique moyen de sortit du marasme, loin de là.
La première chose est l’iniquité des taux changes tels que fixés par les marchés.
L’impossibilité de fixer un taux de change "vrai" pour toutes les monnaies, mais encore pour toutes les filières économiques d’un pays, montre, à première vue, la nécessité d’un étalon monétaire.
 
En effet, pour commercer, il faut utiliser les mêmes unités de mesures. Par exemple, il faut que le "mètre" mesure la même longueur de tissus partout. Il faut que le kg mesure la même quantité de matière partout.
 
Ainsi en est-il de la monnaie : il faudrait que la monnaie mesure la même quantité de travail et de pouvoir d’achat partout. Or tel n’est pas le cas. Il suffit de regarder les parités de pouvoir d’achat des divers pays. Dans certains pays, avec 400 euros, l’on vit très bien. Le loyer n’y dépasse guère 15 euros par mois et la nourriture n’est pas chère. Du coup, les salaires peuvent y être très bas.
 
Il suffit de voir l’exode des retraités français au Maroc : avec une retraite moyenne qui les feraient tirer la langue ici, ils vivent là-bas comme des pachas.
 
Donc on pourrait se dire qu’il faudrait un genre d’étalon monétaire.
Cependant, le système économique est tellement complexe, et il y a tant d’acteurs qui y ont leur mot à dire, qu’il me semble impossible d’y parvenir. Et puis il y a encore d’autres critères, plus politiques ceux-là, qui consiste à faire en sorte que les États doivent faire en sorte qu’il y ait du travail pour tous.
 
L’alternative à l’étalon monétaire est donc le protectionnisme pour réguler les flux de marchandises et de capitaux aux frontières des états. Là-dessus, c’est Sapir qui a complètement raison. C’est le protectionnisme qui est la priorité et qu’il est absolument nécessaire d’instaurer.
 
Comment voulez-vous, au niveau de notre monnaie actuelle, dans un contexte de libre-change avec le monde entier, où les taux de changes sont totalement faux, vivre de la production de bien de consommation de faible valeur ajoutée en France, comme par exemple de la production de meubles, de vêtement, de poterie,...etc  ? C’est évidemment mission impossible : l’Africain ou le Chinois qui peuvent vivre à l’aise avec 400 euros par mois chez eux ont la capacité de casser les prix et c’est bien cela qui a résulté en l’éradication de l’industrie de faible valeur ajoutée en France... Notre taux de change est uniquement adapté à des productions de très haute valeur ajoutée comme les Airbus, les centrales nucléaire ou les TGV. Notez que ces productions sont le fait d’entreprises dirigées en général par des énarques. Est-ce une coïncidence ? Je crains que non. Le monde politique a naturellement favorisé les grands groupes. Il a fait le taux de change pour eux, même s’il fallait pour cela détruire toute la petite industrie, qui n’est certes pas prestigieuse, mais pourtant très pourvoyeuse d’emploi pour les ouvriers non qualifiés.
 
Ce jeu fut bien-sûr ultra bénéfique pour les multinationales, qui furent en capacité de faire produire dans les pays où les taux de change étaient les plus sous-évalués, les plus faux. Les multinationales délocalisent en suivant les taux de change les plus favorables...
 
Bref, les taux de changes sont toujours faux, et il n’y a aucun moyen qu’ils ne le soient pas, étalon monétaire ou pas. Par conséquent, c’est le protectionnisme qui est la solution.


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