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Commentaire de micnet

sur 'La Grande Transformation' de Karl Polanyi


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micnet 27 avril 2014 14:33

Bonjour à vous Qamarad,


Laissez-moi d’abord vous remercier pour votre commentaire et l’intérêt que vous manifestez pour cet article qui n’attire pas les foules (ce à quoi je m’attendais un peu...)
Pourtant je pense que Polanyi mérite amplement d’être connu ; son oeuvre vaut (presque) celle de Marx, à mon humble avis. Donc si cet article vous donne envie de découvrir cet auteur, je considérerai avoir atteint mon objectif smiley

Je reviens sur votre remarque : 

"Sur la paix de cent ans, elle n’a servi qu’à préparer la guerre future par une phase d’industrialisation, et donc d’augmentation de la production et de sa qualité meurtrière. Le capitalisme international mène nécessairement à la guerre"

---> Vous avez en partie raison et Polanyi ne dit pas autre chose, justement. Mais la guerre est une conséquence non voulue par le capitalisme qui, pour se mettre en place et fonctionner en tant que système autorégulateur doit s’inscrire dans un contexte de paix internationale. (Je tiens d’ailleurs à préciser ceci : je ne suis pas un "pacifiste", à ne pas confondre avec "pacifique", et le fait que le capitalisme s’appuie sur des mouvements pacifistes pour prospérer ne me le rend pas particulièrement sympathique à cet égard). 
Telle est, en tout cas, la thèse de Polanyi et je dois dire qu’il apporte des arguments très convaincants, en s’appuyant sur des faits historiques. Il s’agit d’ailleurs du premier chapitre de son livre. Extraits :

"Aucune enquête globale sur la nature de la banque internationale au XIXè siècle n’a jusqu’à présent été entreprise ; c’est à peine si cette mystérieuse institution émerge du clair-obscur de la mythologie politico-économique. Certains ont affirmé que c’était le simple outil des gouvernements ; d’autres, que les gouvernements étaient les instruments de sa soif inextinguible de profits ; certains qu’elle semait la discorde internationale ; d’autres qu’elle véhiculait un cosmopolitisme efféminé qui sapait la force des nations viriles. Personne ne se trompait tout à fait. La haute finance, institution sui generis propre au dernier tiers du XIXè siècle et au premier tiers du XXè, fonctionna, au cours de cette période, comme le lien principal entre l’organisation politique et l’organisation économiques mondiales. Elle fournit les instruments d’un système de paix internationale, qui fut élaboré avec l’aide des Puissances, mais que les Puissances elles-mêmes n’auraient pu créer ni maintenir. Alors que le Concert européen n’agissait que par intermittence, la haute finance fonctionnait comme un agent permanent de l’espèce la plus souple...La haute finance n’avait pas vocation à être un instrument de paix ; cette fonction lui revint par accident, comme diraient les historiens, tandis que les sociologues préféreraient peut-être parler de "loi de disponibilité". Le mobile de la haute finance était le gain ; pour y atteindre, il était nécessaire de rester en bons termes avec les gouvernements dont le but était la puissance et la conquête."

Ensuite vous dites :

"Point de désaccord essentiel : le marxisme qu’il assimile à du libéralisme inversé. Si je l’ai bien lu ici, il nous dit que libéralisme et marxisme partage le même postulat d’analyse à travers le prisme des classes et donc la notion d’antagonisme de classe qui trouverait sa source dans le notion de marché. C’est un non-sens absolu."

-—> ça c’est le grand débat classique, que j’ai déjà eu, notamment avec Machiavel smiley. Pour ma part, comme pour beaucoup d’autres, dont Polanyi, il y a une corrélation et un intérêt commun de la pensée marxienne ( je dis bien "marxienne" et pas nécessairement marxiste-léniniste. Je me base sur les écrits de Marx lui-même) et des libre-échangistes, notamment sur la question du protectionnisme (plus encore que sur la question de la lutte des classes). Mais je doute que nous parvenions à nous mettre d’accord sur ce point et puis de toute façon, personne ne peut se targuer d’être le garant de la véritable pensée de Marx. C’est un débat sans fin...

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