Tant mieux pour elle si cette jeune femme est heureuse ainsi, et longue vie aux sushis. Cependant..., elle aligne pas mal de clichés, la réalité n’est pas si rose qu’elle le prétend. Son cas particulier ne reflète pas le sentiment général des expatriés que j’ai rencontré sur place, moi le premier. Attention, je ne parle pas de salariés qui bossent pour des multinationales, pour ceux-là en gros ça roule sauf le mal du pays pour certains, je parle de ceux qui entreprennent. Pour faire court, je suis parti aux US avec un visa investisseur E2 pour créer ma boîte en 2006 et j’ai vécu 6 ans à... Miami (plus exactement Miami/Fort Lauderdale/Sunrise/Daytona). Ce n’était pas mon premier choix, mais l’endroit semblait adapté à mon business model. Elle est probablement passée par la même avocate de l’immigration, M.P., une canadienne qui a pignon sur rue dont je tairais le nom pour ne pas lui faire de publicité.
Autrement dit, j’ai débarqué en plein bordel économique et en pleine crise des subprimes en Floride, deuxième région touchée après la Californie. La blonde dit un pays économiquement plus sûr, c’est une truffe. J’ai vécu la bérézina où à partir de 2008, un commerce sur deux affichait « à louer », « à vendre » sur des kilomètres de rues... La blonde dit qu’elle est agent immobilier, j’en ai connu un à Fort Lauderdale. Un Français qui est devenu un ami, marié à une américaine vivant là-bas depuis 25 ans. Le volume des transactions a baissé, mais lui se portait très bien, il me disait que le surnom des agents immobiliers était « les vautours ». Tout dépend d’où l’on se place pour évoquer sa réussite...
Je travaillais pas mal avec le milieu de la restauration et je n’ai jamais vu la blonde (retour en France en 2012). Elle a raison quand elle dit qu’il fait beau et que les taxes sont moins importantes sur les salaires, la Floride est considérée comme le paradis des employeurs et beaucoup ne se gênent pas pour payer les employés avec un lance-pierre... Une main-d’œuvre bon marché majoritairement composée de latinos. Il faut certes parler anglais (quoique la plupart des Français le baragouine), mais plus sûrement espagnol à Miami. La blague en vogue à l’époque était : « L’Amérique, c’est pas loin ! ». Je n’ai pas non plus croisé la blonde aux soirées de l’Alliance française de Miami. Ce que j’ai vu, par contre, c’est des frenchies (et un Suisse sur Ocean boulevard) boire la tasse, mettre le clé sous la porte et pour certains tout perdre..., même la vie pour un pote installé sur Washington Avenue à South Beach acculé à l’échec. Pour résumer, les US sont un miroir aux alouettes. Il est trop facile de mettre en avant la réussite d’une personne pour 100 qui se cassent la gueule. Il y aurait tant à dire que j’intègre cette expérience dans une saga que j’écris depuis mon retour, dédiée aux enculés de Wall Street.