Je vais laisser passer la provocation « le petit garçon qui fantasme sur ces grands
garçons qui jouent à la guerre » car dans
la suite de ton commentaire, il y’ a plus matière à échanger.
Ce n’est pas parce que j’ai aimé le personnage de Zarathoustra
que je veux être comme lui (et même
si je le voulais je ne pourrais pas). Je suis entrain de lire un livre sur Diogène
et sa philosophie, il en résulte un profond respect pour le personnage mais je n’ai
pas pour autant envie de vivre dans une poubelle.
Allons au fond des choses : le mépris envers la petitesse des hommes.
Ce mépris, telle que je le comprends
ne peut être le fait que de sages qui, touchant à l’unicité de l’Etre, perdent
de vue leur propre point de vue, pour s’élever dans le but d’atteindre la parfaite réalisation de l’humain en eux (du
surhumain dirait Zarathoustra celui
qui s’en va par delà l’homme tel qu’il fut).
Les sages sont des fous, ils
ont atteint un tel niveau de sagesse qu’au regard des réalités humaines, ils
vivent dans un autre monde.
Je reconnais la supériorité
du sage dans mon système de valeur, j’ai une profonde estime pour lui, il correspond
à peu près à la caste des brahmanes, pour qui la tentation politique n’existe pas
car connaisseur d’un savoir principiel qui ne se mélange pas à l’impureté que
constitue l’action politique (d’ailleurs dans « Ainsi parlait zaratouhstra »,
on y rencontre deux rois écœurés qui ont quitté leur royaume pour se rendre
dans la caverne de l’ermite).
Mais je sais que je ne suis
pas un sage. Je sais aussi qu’il faut que certains assument le principe de réalité,
les kshatriyas. Et ce principe de réalité
correspond plus à ma nature.
Je laisse donc le
souverain mépris aux sages pour m’intéresser à la réalité concrète de notre
monde physique. Et dans ce monde, la petitesse des hommes est un paramètre avec
lequel il faut compter pour se conserver.
Faire avec le principe de
réalité signifie qu’on ne peut s’envoler aux hauteurs les plus extrêmes pour échapper
à la canaille, s’enfoncer
dans les vastes solitudes du désert loin des hommes ou rompre avec le monde.
Cela signifie accepter la réalité telle qu’elle est et la merde qui l’accompagne.
Voilà.
Dans un monde meilleur, nous serions tous des sages. Nous ne
vivons pas dans un monde meilleur.
« La distance est si grande entre la façon dont on vit et celle dont on
devrait vivre, que quiconque ferme les yeux sur ce qui est et ne veut voir que
ce qui devrait être apprend plutôt à se perdre qu’à se conserver ... ». Le prince de Nicolas Machiavel.