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Commentaire de cathy30

sur Interview de Morgan Priest, un chrétien iconoclaste


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cathy30 cathy30 20 janvier 2015 10:21

« Sur la route de Damas, existait un petit peuple de brigand, qui élisaient un chef qu’ils nommaient Cheik Elchassissin, aussi dit le vieux de la montagne. On a pendant six cents ans rebattu le conte du vieux de la montagne, qui enivrait de voluptés ses jeunes élus dans ses jardins délicieux, leur faisait accroire qu’ils étaient au paradis, et les envoyait enduite assassiner des rois au bout du monde pour mériter un paradis éternel.

 

« Vers le levant, le vieil de la montagne se rendit craint par un moyen nouveau, craint n’était-il pour l’immense campagne qu’il possédait, ni pour aucun monceau d’or ou d’argent ; mais parce qu’au cerveau de ses sujets il imprimait des choses, qui de maints faits courageux étaient causes. Il choisissait entre eux les plus hardis, et leur faisait donner du paradis un avant-gout à leurs sens perceptibles (Du paradis de son législateur.)

 

Rien n’en a dit ce prophète menteur, qui ne devint très croyable et sensible à ces gens-là.

 

Comment s’y prenait-on ?

 

On les faisait tous boire de façon à ce qu’ils s’enivraient jusqu’à perdre sens et raisons. En cet état, privés de connaissance, on les portait en d’agréables lieux, ombrages frais, jardins délicieux, là se trouvaient des tendrons en abondance, plus que maillés et beaux par excellence ; chaque réduit en avait à couper. Si ce venaient joliment attrouper près de ces gens qui leur boisson cuvée, s’émerveillaient de voir cette cuvée, et se croyaient devenus des habitants des champs heureux qu’assigne à ses élus le faux Mahom.

 

Lors de faire accointance, turc d’approcher, tendrons d’entrer en danse, au gazouillis des oiseaux de ces bois, au son des luths qui accompagnent les voix des rossignols : il n’est point de plaisir au monde qu’on ne goutat dedans ce paradis : Les gens trouvaient en son charmant pourpris les meilleurs vins de la machine ronde, dont ne manquaient encore de s’enivrer, et de leurs sens perdre l’usage entier.

 

On les faisait aussitôt reporter au premier lieu. De tout ce tripotage qu’arrivait-il ? Ils croyaient fermement que quelques jours de semblables délices les attendaient, pourvu que hardiment, sans redouter la mort ni les supplices, ils fissent chose agréable à Mahom, servant leur prince en toute occasion.

 

Par ce moyen leur prince pouvait dire qu’il avait des gens à sa dévotion, déterminés, et qu’il n’était d’empire plus redouté que le sien ici-bas. »

 

Voltaire Oeuvres complètes - Sur l’origine du mot « Assassin »

-Tendrons : Vierges

-Mahom : Mahomet


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