Vers la fin, ca devient intéressant.
En gros, l’armée
conventionnelle Russe souffre encore d’une infériorité technologique par
rapport au bloc américano-occidental, elle a connu une baisse d’effectif drastique et son budget militaire
représente à peu près selon certaines estimations un dixième du budget
militaire US.
La classe dirigeante Russe
sait très bien que ses armées sont globalement inférieures, comme le dit Migaut, c’est la raison pour
laquelle elle développe plusieurs programmes nucléaires simultanément :
elle ne fait pas confiance en ses troupes conventionnelles !
Ce qui est à première vue
étonnant et paradoxal, c’est que malgré cette infériorité structurelle, la
supériorité opérationnelle de l’armée Russe s’affirme comme on peut le voir en
Ukraine mais surtout en Syrie.
C’est une énième
illustration que les gros moyens ne font pas tout, cette approche simpliste et biaisée, très réseaux sociaux, qui veut que
celui qui a le plus de finances soit le plus fort est grotesque au regard du
processus historique.
La réussite du déploiement
de la puissance militaire russe a avant tout une raison stratégique !
Poutine et sa classe
dirigeante ont fait le diagnostic très juste, une fois parvenu au pouvoir, que
les ambitions de puissance de la Russie ne pouvaient être mondiales et qu’il
fallait se contenter d’une aire d’influence restreinte. Et surtout que
rivaliser avec l’hyper puissance américaine sur un théâtre d’opération
d’échelle globale n’avait aucun sens, c’était perdu d’avance, il fallait voir
plus petit.
Les stratèges Russes ont
donc élaboré la doctrine du déni d’accès : interdire
l’accès aérien et maritime aux adversaires sur le territoire russe et sur son
aire d’influence ! C’est une doctrine fondamentalement défensive qui
consistait à faire de la Russie et de ses alliés
stratégiques une forteresse infranchissable.Intelligent.
En accord avec cette
doctrine, les Russes ont lancé un programme de restructuration de leur armée à
la fois sur le plan stratégique, tactique et qualitatif qui doit arriver à son
terme en 2020. Ils ont développés des programmes militaires à vocation
défensive, spécifiquement au niveau des systèmes de missiles anti -aériens et
des missiles antinavires : de fait ils sont à présent les meilleurs dans
ces domaines.
Comme le dit Migaut dans les
autres branches de l’armée, l’effort de
modernisation qualitatif des équipements
est mit sur les forces spéciales et sur les troupes aéroportées, donc concrètement
sur des forces de réaction rapide contenant moins
d’hommes et moins de matériels.
Il faudrait aussi parler de l’avion de chasse Sukhoi 35 qui est l’un des
meilleurs au monde avec le rafale (cfr
Regis Chamagne entre autres) et du niveau opérationnel élevé de l’aviation
russe tel qu’on peut l’observer Syrie.
L’armée de terre est
délaissée mais elle n’entre pas en compte dans la doctrine du déni d’accès, les
mecs ont le sens des priorités, c’est le gros de l’armée qui justifie l’infériorité
globale de l’armée Russe.
Les premiers résultats de
cette stratégie en ce début 2016 atteignent déjà des résultats étonnants alors
que la plupart des nouveautés sont encore au stade de prototypes. La métamorphose
de l’armée russe est surprenante, elle est passée d’une armée en guenilles dans
les années 90 à une armée disposant des équipements les plus sophistiqués en
2016 et cela avec un budget militaire 10 fois inférieur à celui des américains.
Quand on sait que les
États-Unis et la Russie sont les seuls pays au monde à disposer d’une capacité
de production indépendante pour toutes les armes que leur armée utilise (l’affaire
du mistral leur fera plus de bien que de mal de ce point de vue), on se dit
qu’y arriver avec un budget aussi réduit est une performance exceptionnelle pour
la Russie.
Le développement militaire russe de ces dernières années tient de la prouesse, et
porte la marque d’une nation qui a encore un Etat souverain et dont la
puissance militaire s’appuie sur une stratégie politique, c’est-à-dire sur une
base principielle extrêmement solide. Un grand classique.