@Éric
Guéguen¨
« Aujourd’hui, "on" aurait presque
tendance à taxer de "racisme" toute personne qui prétend encore qu’il
existe des races. »
En réalité, ça va déjà beaucoup plus loin. On en est à taxer de
« racisme » ceux qui croient distinguer une différence significative,
chez ceux qui ne correspondent pas au type dominant du territoire considéré.
Dire qu’Obama est bronzé, demander à Rockkhaya Diallo d’où elle vient, et à un
gosse qui demande à un autre s’il vient d’Afrique, revient « à réduire l’individu
à sa couleur »
Le 21 novembre 2009,
Gianfranco Fini, alors président de la Chambre italienne, ex-néo-fasciste, très
peu « néo » au demeurant, qui vingt ans plus tôt, tenait Mussolini
pour le grand homme politique de l’Italie du XXe siècle, co-auteur – avec
Umberto Bossi, leader de la Ligue du Nord - d’une loi très restrictive sur
l’immigration, faisait le buzz, lors de la visite d’une de ces classes de Rome
où les souchiens ne sont plus représentés que par les enseignants, disait
« S’il y a quelque étron* qui dit
quelque parole de trop, si quelqu’un pense que vous êtes différents parce
qu’étrangers, il mérite quelque insulte. Vous, vous le pensez, moi, je la
prononce. »
Le 27 mars 2012, cité par
Rue89, le Pr François Héran, entre autres éminentes qualités, directeur de recherche à l’Institut national des
études démographiques (Ined), disait (sans rire) que « le « color-blind » (ou le
« religion-blind »), c’est-à-dire le refus de voir la couleur,
l’origine, voire la religion, alors même qu’elles sont visibles » est
« une ascèse à construire ».
Ce qui démontre
que le problème de ces gens, ce n’est plus la race et le racisme, c’est la
différence visible. Ce qu’une sociologue de l’université de Lausanne confirmait
en 2015, dans une revue féminine, en laissant pointer une aspiration implicite
au sex-blind :
« Dès que l’on rencontre une femme (ou un homme bien
sûr), on la considère non pas comme une « personne », mais d’abord une femme, et
l’on généralise ce que l’on constate chez elle comme étant un trait commun à
toutes les femmes. »
* En termes de degré de
mépris des insultes, le « stronzo » des Italiens et l’équivalent de l’ « en…lé »
de par chez nous.