@Zatara
LTEB= La Tronche En Biais. Je ne connais pas, à première
impression, il la joue sympa et ironique un peu blasé. Ca a l’air vite
sentencieux, avec des jugements rendus sur la science sans vraiment expurger
des contenus. Chez les vulgarisateurs scientifiques, il y en a d’autres de cet acabit :
Hygiène mentale, Mycéliums, le site web pseudosicences.org. Le mot "pseudoscience" a d’ailleurs complètement envahi wikipédia. Etat d’esprit qu’on
retrouve avec Conspiracy Watch, et les rubriques « fact cheking » du
mainstream : on finit par utiliser les mêmes méthodes hypercritiques pour
justement dénoncer l’hypercriticisme des pancomplotismes. C’est le pompier
pyromane, l’anti-complotiste qui vit des complots à dénoncer. Il y a à la fois
une paresse de l’esprit et à la fois cette attitude de peine à jouir qui éteint
la science, si ce n’est de la réduire à la technologie qui épate la
galerie. L’enthousiasme du chercheur qui expérimente des hypothèses cède la
place au planqué dans les coins pour tirer sur ce qui sort de ce qui est déjà
établi.
Pour comparaison, du côté des positivistes, on peut penser à
l’émission Ce n’est pas sorcier, aux chaîne You tube Science étonnante,
e-penser, Dirthy Biologie, Balade mentale, où le scientifique (du moins celui
qui en prend la posture) est tout à son plaisir de montrer les découvertes
extraordinaires que la science permet. On comprend avec ces émissions à quoi
ressemble la démarche scientifique sans avoir besoin de faire iéch le voisin.
Durant les années 70, il y a eu l’arrivée des OVNIS, en France,
et des soucoupes volantes (la grande sécheresse de 1976, a bien boosté ça). C’était
sympa, spéculatif, créateur d’imaginaire, éveilleur de curiosité. Le CNRS s’était
penché sur ce phénomène, avec des instances d’observations et de collectes. D’ailleurs
le Paysage Audiovisuel Français, ancêtre du mainstream est tombé dans l’excès
qu’on dirait complotiste, aujourd’hui, avec Jacques Pradel qui partait en
vrille avec l’extra terrestre Roswell. Mais c’était la privatisation de TF1,
qui s’est mis à marcher à l’Audimat (au buzz), avant que le mainstream ne devienne
une entreprise de gestion des opinions. Aujourd’hui, il suffit de lancer « soucoupiste »
et on n’en parle plus.
En remontant plus loin, on peut évoquer les bricolages
hallucinants d’Auguste Piccart, qui lui a permis de monter à plus de 16 km d’altitude
et de faire descendre son fils à presque 11 km sous l’eau. Piccard était nourri
de foi scientifique, fait de naïveté et d’audace, alimentée par des Jules
Vernes et Georges Méliès.
On peut comparer l’égyptologie et la « sumerologie »,
qui n’existe pas. Avec le déchiffrage de Champollion, puis les fouilles
commencées en 1850, il y a eu toute une passion délirante qui s’est emparé des sciences, des arts et de la littérature. Elle a été nécessaire pour expurger
ce monde oublié de l’Egypte antique, qui trône aujourd’hui à côté de la Grèce
antique, dans l’historiographie scolaire, commune, comme société créatrice de
grande civilisation, au génie encore non complètement exploré. A l’inverse, à
partir de la découverte du monde sumérien, bien plus récente, on a affaire à un
monde universitaire et scientifique maintenant bien plus timoré, aussi
peut-être à des autorités hostiles, quand on voit comment les sites et musées
ont été vandalisés pendant la guerre d’Irak, qui ne permettent plus d’offrir de
nouveaux savoirs et manières de voir à l’humanité. La « sumérologie » a été décrédibilisée et réduite aux mumuseries qui n’occupent que
les déjantés, contents de se chamailler sur les reptiliens et les illuminati et
qui font peur aux curieux.
Je vois que suis parti dans les grandes largeurs, tant
pis. Au fond le constat est que l’enchantement fait partie de la science si on
veut quelle soit fertile. Le désenchantement du monde finit par éteindre la
puissance créatrice des sciences (hormis, peut-être, la physique, encore
épargnée) et fabrique de la pensée stérile qui fait la joie acide des
negacomplotistes