L’histoire de la Genèse étant ce qu’il y a de
plus universellement répandu, il faut, pour rectifier les erreurs qu’elle
contient, expliquer la vérité dans la langue comprise de tous. Cependant,
l’entreprise est difficile. L’origine de l’homme étant au début de toutes les
connaissances, c’est l’origine de l’homme qu’il faut d’abord généraliser.
Et comment vulgariser une étude qui est la science la plus élevée, la plus
abstraite, qui repose sur des faits que l’étude approfondie des sciences
naturelles seule fait connaître ? Essayons cependant de vaincre cette
difficulté et de tout expliquer en supprimant les termes scientifiques, tâchons
de simplifier les faits et de les présenter à l’esprit sous la forme la plus
saisissante.
Et que les savants plus ou moins pédants ne nous accusent pas de ne faire que
de la littérature scientifique : c’est voulu.
Toutes les questions qui agitent l’esprit humain depuis longtemps, se
heurtent à des mystères qu’aucune science jusqu’ici n’avait pu expliquer :
c’est que l’ordre dans les opérations intellectuelles est ce qui manque le
plus. On constate des faits, mais on ne sait pas les classer. C’est ce
classement qui est la science suprême, la Mathèse qui, seule, donne des
résultats certains. C’est en remontant aux origines qu’on comprend les
phénomènes actuels et leur devenir.
Or, qu’a été à l’origine l’homme qui pense ?
Il a été l’Homme-enfant.
Mais qu’est-ce que l’Homme-enfant ?
Est-ce le sauvage, que le darwinisme met avant l’homme
qu’on appelle civilisé ?
Oh ! que
non. Ceux qui mettent la brutalité finale au début sont des imposteurs qui
renversent l’histoire ; en vertu de leur perversion cérébrale, ils voient le monde
s’enfuir devant eux pendant qu’ils s’enfoncent dans le gouffre de la
dégénérescence, ils voient la succession des faits dans un ordre renversé, font
de l’enfant que la sexualité n’a pas encore entamé, l’image des vices longtemps
satisfaits, des passions devenues triomphantes dans la bestialité, et de cette
fin de l’humanité usée ils font un commencement ! Ils placent l’homme dégénéré,
avec sa force de brute, dans le chétif et faible petit, et de là ils montent
vers l’être perfectionné qu’ils personnifient en eux.
Orgueilleux
insensés ! vous faites ainsi marcher l’humanité de la vieillesse à l’enfance,
du mal au bien, alors que c’est l’inverse que la vie réelle nous montre !
Les premiers
hommes qui resplendissaient de la pureté morale de l’Enfant, de sa naïveté, de
sa droiture, de son exquise sensibilité, ne sont pas plus les fils des singes
qu’ils ne sont le vieil Adam des théologiens fait de toutes pièces par un Dieu
inconnu.
Ces deux
chemins inverses qui ont été suivis pour nous expliquer les origines, nous
révèlent deux faiblesses humaines.
Nos véritables origines,nos Racines, notre Arbre généalogique