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Commentaire de Joe Chip

sur Michel Drac : le RIC, plutôt contre


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Joe Chip Joe Chip 6 février 2019 13:55

De même, Étienne Chouard le précise bien : il faut de 6 mois à un an d’éducation populaire afin d’éclairer le peuple par des débat contradictoires.

Ce truc de l’éducation populaire, de "former les gens", je trouve ça complètement inepte. Surtout après avoir passé 15 ou 20 ans dans le système scolaire. Non mais on peut aussi rester sa vie à l’école en considérant que les gens sont incapables à partir d’un certain âge de découvrir ou d’apprendre les choses par eux-même.  

6 mois d’éducation populaire ? Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Et qui sera en charge de cette éducation populaire ? D’organiser les débats ? Qui va payer les "formateurs" ? L’Etat ? Agoragogo ? Qui va finir des procédure qui permettent aux gens de passer d’une simple opinion subjective à un avis éclairé ? Qu’est-ce qu’un avis éclairé ? Le tien ? Et si moi je conteste ta capacité à différencier une opinion subjective d’un avis éclairé ? 

Le seul fait de vouloir bannir la subjectivité du mode de sélection des représentants ou de la délibération politique au prétexte de la démocratie relève de fait d’une entreprise totalitaire, ou qui a vocation à le devenir.
Votre démocratie directe ne serait rien d’autre qu’une anarchie supervisée par des comités de "sages". L’indétermination du corps politique et l’incapacité à parvenir à des décisions motivés conduirait en fait à déléguer le pouvoir à une minorité détachée du corps politique et ne lui rendant dans les faits aucun compte.

Le seul exemple que je vois revenir en boucle chez les partisans du RIC et de la démocratie directe est la Suisse.

La Suisse, pourtant, est une oligarchie financière où règne l’opacité bancaire :

https://www.financialsecrecyindex.com/introduction/fsi-2018-results

La Suisse est un hâvre de paix pour les dictateurs, mafieux et politiciens corrompus du monde entier qui peuvent y mettre à l’abri leur fortune et leurs familles qui vivent dans un luxe dont le smicard français qui croit que "1500 euros est un bon salaire" ne peut même pas avoir idée.

La Suisse est ultramégalibérale, pas de sécu, pas d’indemnités de licenciement, 3 mois de chômage, un code du travail de 100 pages, des multinationales dans tous les sens, des salariés polyglottes et adaptables qui pensent que la mondialisation est une opportunité, une immigration de travail conséquente, dernière grève générale en 1918

...

La démocratie directe  et c’est une conséquence logique  favorise le conservatisme social et sociétal, puisqu’elle repose sur la recherche ou l’identification du consensus politique et penche par conséquent presque systématiquement à droite et occasionnellement à l’extrême-droite. Sa modalité n’est pas du tout d’évacuer la subjectivité des décisions politiques ou de dégager une improbable "volonté générale" infaillible et souveraine, comme semblent le croire les partisans français du RIC et/ou de la démocratie directe. Le consensus démocratique, dans une société prospère et correctement gérée,
s’obtient presque toujours à droite, sur l’idée de conservation ou de valorisation des acquis, et non sur l’idée du progrès social, de la rupture avec les habitudes ou de la conquête des "acquis sociaux". Raison pour laquelle les Suisses sont très heureux de leur "neutralité" et rechignent même au niveau individuel à faire étalage de leurs opinions politiques. La controverse est un sport français de leur leur point de vue, un truc amusant à suivre à la télévision. Vous avez déjà regardé des émissions de "débat" à la télé suisse ? C’est absolument nul à chier. Il n’y a pas ou peu de confrontation d’opinions dans une société purement démocratique, mais une recherche permanente du consensus qui débouche naturellement, le plus souvent, sur des propositions politiques dites modérées, donc pas agoragogo en lutte contre la capitalisme ultralibéral et l’atlanto-sionisme, hein. La démocratie directe est un système qui est conçu pour défendre et perpétuer les intérêts politiques d’une classe de petits propriétaires et de citoyens responsables, elle est parfaitement adaptée à la société et au tempérament suisse, donc beaucoup moins au tempérament français. 

Drac est un mec de droite qui reconnaît avoir une vision pessimiste de la nature humaine. Il ne s’agit évidemment pas ici de pessimisme au sens d’un biais cognitif qui l’empêcherait de comprendre le sujet ou de tomber d’accord avec Chouard (j’adore tous ces "démocrates" qui considèrent que si vous n’êtes pas d’accord eux, c’est que vous êtes ignorant ou mal informé, et qu’il faudrait donc vous envoyer en stage d’"éducation populaire" intensive de 6 mois...) mais de pessimisme au sens de la philosophie politique, qui lui fait appréhender la démocratie directe non pas comme une fin en soi mais en fonction des résultats concrets qu’elle produirait (selon lui) dans le contexte de la société française. 


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