Je ne suis
pas d’accord avec Anass Kazib sur un point, à partir du moment où l’on a une
présentation qui suscite un rejet voir une certaine hostilité dans la société,
on doit assumer les conséquences de ses choix , par exemple une personne qui a
de gros tatouages sur le visage est
libre de faire ce qu’elle veut de son corps, mais qu’ elle ne se plaigne pas
parce qu’elle ne trouve pas de boulot, la discrimination sociale qu’elle subit
est le résultat direct de l’aspect qu’elle s’est choisie d’avoir. La même
logique s’applique aux femmes qui choisissent de porter le voile dit islamique.
Mais ça permet aussi de déconstruire la fable des féministes universalistes
selon laquelle , le voile ne serait pas un choix et que les femmes le portent
parce qu’elles seraient forcées de le faire sous pression sociale. De
nombreuses enquêtes montent que la proportion de femmes qui portent le voile
par contrainte en France est très faible, ces enquêtes montrent aussi qu’à la
place des pressions pour porter le voile, on observe plutôt des pressions
fortes à ne pas le porter, compte tenu des obstacles professionnels et sociaux
qu’il implique. Ces femmes font le choix de porter le voile malgré ça.
Pour le
reste, je suis d’accord avec Kazib, les bourgeois ne se formalisent pas du
voile lorsqu’il est porté par la technicienne de surface, la nounou, la femme
de ménage immigrée, peu instruite qui s’exprime maladroitement avec l’accent du
bled, le foulard portée par une femme qui occupe des fonctions subalternes ne
perturbe pas l’ordre bourgeois puisqu’il n’est que l’expression vestimentaire
tolérée de populations encore accrochées à leurs archaïsmes issus de pays
réputés arriérés et inférieurs en culture et en statut. Mais lorsque ce voile
est porté par des médecins, des comptables, des employées de bureau, des artistes, des sportives, de femmes nées
en occident, là la condescendance et le complexe de supériorité bourgeois
disparait pour laisser place à la colère, le foulard devient tout d’un coup une
intolérable provocation.