@azyx
Juste deux
remarques :
1) « Peut-être à la place de
Républicain devrai-je dire constitutionnaliste ? »
------> Vous
pouvez simplement dire « républicaniste ». Il existe en effet une
conception particulière de la cité que l’on décrit comme le « républicanisme »
et que l’on fait remonter à l’antiquité avec Aristote, Polybe, Cicéron et qui
se poursuit à l’époque moderne avec Machiavel, Bodin, Rousseau pour ne citer
que les plus connus. Il y’a eu des travaux très intéressants sur le
républicanisme, notamment l’école de
Cambridge avec « Le
moment machiavélien » ou encore le dernier livre écrit par Jacques de
Saint Victor et Thomas Brantome « Histoire
de la république en France » qui inscrit le républicanisme dans le
contexte français là où les anglosaxons avaient paradoxalement tendance à
exclure la France de cette tradition républicaniste.
Evidemment,
cette tradition républicaniste n’est pas homogène, on peut différentier plusieurs
idéaux types parfois très divergents mais on retrouve à chaque fois les mêmes prémisses
et postulats de départ qui constituent le socle du républicanisme. Pour ma
part, je me considère bien plus républicaniste que socialiste ou libéral (le
républicanisme contient d’ailleurs les deux mais à des degrés divers et
variables selon les tendances). Lorsque je lis votre premier post de ce fil et notamment
vos références à un Etat fort et aux services publics, j’aurai tendance à vous
qualifier de républicaniste à sensibilité jacobine.
2) « Pour construire une nation, il
faut partager des valeurs, la couleur de cheveux importe assez peu ».
------> Il
existe en gros trois conceptions de la nation : la nation État, la nation-race
( ou la nation-ethnie si on a pas envie de faire polémique ), et la nation
peuple.
La première conception
fait de l’État et de ceux qui l’incarnent les vecteurs principaux de la
continuité nationale, elle est très présente en France pour des raisons
historiques évidentes (concrètement la France a été construite par la royauté ).
La seconde fait de la filiation biologique (et du donc du droit du sang) le
socle de la continuité nationale qui établit une barrière simple entre le
national et l’étranger, entre « eux » et « nous ». La
troisième met l’esprit de la nation dans la mise en commun politique de ceux
qui la composent.
La première
conception peut très bien cohabiter avec les deux autres. Par contre, entre la
deuxième et la troisième, il existe une muraille infranchissable ( même si à la
marge, certains originaux cherchent à les faire cohabiter) qui donne l’impression
que la position adverse est complètement absurde. Rien que la notion de « peuple »
est perçue très différemment dans ces conceptions : dans la troisième, le peuple
est une construction sociale historique alors que pour la seconde, le peuple
est un fait naturel observable directement ( du fait de caractéristiques phénotypiques)
ou indirectement ( du fait de caractéristiques génétiques). Dans le troisième
cas, l’appartenance à une identité collective découle d’une volonté collective,
de l’adhésion collective à des valeurs communes comme vous dites alors que dans le second cas,
cette appartenance ne se discute pas, elle est évidente et préexiste aux conceptions
humaines.
Donc,
lorsque vous dites qu’il faut partager des valeurs et que la couleur de cheveux
importe assez peu, moi je suis d’accord avec vous à titre personnel ceux qui s’inscrivent dans la perspective de la nation ethnie ne seront pas d’accord.
Je précise
que cette deuxième remarque n’est pas à amalgamer à la première.