@yoananda2
« Ha,
je n’avais pas compris qu’on était dans un procès ... »
Je n’ai pas
dit qu’on était dans un procès, c’est toi qui as pris l’exemple du tribunal et
je t’ai répondu. Mais on est là face à une personne qui porte des accusations
contre une catégorie de personnes et qui demande explicitement l’intervention
de l’Etat pour remédier au problème qu’il voit, évidemment, le principe s’applique
aussi dans ce cas car l’Etat ne peut pas agir n’importe comment contre n’importe
qui selon des allégations de je ne sais qui, s’il y’a un problème d’emprise, c’est
à lui de montrer qu’il y’en a un, alors même que l’immense majorité des femmes voilées
affirment se couvrir la tête contrainte
« Pour
toi les musulmans sont "innocents jusqu’à preuve du contraire", parce
que sinon on pourrait les accuser de tout et n’importe quoi si on va par la,
juste parce qu’on ne les aimes pas. Ca se tient. »
Oui, et pas
que les musulmans, ça s’applique à toi et moi, et à tout le monde. Si on peut
accuser les musulmans de tout et n’importe quoi, par principe on peut accuser
tout le monde de tout et n’importe quoi sans jamais avoir à le justifier. Et si
l’Etat réagit en prenant en compte ces accusations sans fondement, c’est la
foire. C’est pour
ça que lorsque tu dis plus haut « Tu crains que les musulmans n’aient plus
le droit de quoi ?parce que visiblement, tu ne t’inquiète pas beaucoup
pour les autres catégories de population », c’est à côté de la plaque, j’ai
simplement conscience que si on commence à viser les musulmans selon des
principes alambiqués, ces principes vont à terme se déployer en visant n’importe
qui, et c’est l’ensemble de l’ordre social qui va en pâtir ( comme dans ma
fable). Et c’est pour ça que je suis très attentif aux principes. Ce n’est pas
une question d’individu ou de collectif ici, la question qui se pose est celle
de la légitimité de l’Etat à agir pour sanctionner des gens.
Pour le
reste, lorsque j’ai critiqué ce prof, c’est dans un référentiel qui est commun aujourd’hui et duquel
ce prof lui-même se réclame. Que tu n’y adhère pas, je n’ai rien à dire ça.
Le problème, c’est que tu ne propose pas de référentiel alternatif d’organisation
sociale, puisque tu te prétends apolitique. Donc tout ce que tu peux faire, c’est
critiquer ce référentiel ci sans rien proposer à la place, et le truc c’est qu’en
politique il faut faire des choix, et s’il n’y en a qu’un, alors on prend celui
qui se présente. Parce que là, il y’a un problème qui se pose, un prof affirme
que les femmes voilées sont sous emprise et demande l’intervention de l’Etat.
Qu’est-ce qu’on fait ? Moi je dis qu’il fait une confusion dans son propos
et j’explique en quoi il serait dangereux que l’Etat intervienne en fonction de ces allégations hasardeuses, toi tu viens critiquer mon propos mais
tu t’abstiens de dire quoi que ce soit sur l’intervention qu’il demande, tu te contentes
de dire que dans l’absolu on ne sait pas. Bah oui, mais on ne parle pas d’absolu
ici, nos connaissances sont limitées et c’est dans un monde où l’information est
incomplète qu’on doit décider d’agir dans un sens ou dans un autre, ou de ne
pas agir, d’où l’importance d’avoir un référentiel pour prendre la décision. C’est
pour ça que ta critique de ma critique n’est pas pertinente, dire que dans l’absolu on ne sait
pas, c’est ne rien dire.
« ils
ont dit "ces symboles religieux viennent de notre histoire mais l’état
doit être neutre selon les principes républicains de laïcité", c’est
ça ? (en gros) »
En gros oui,
et parmi les arguments contre, il y’avait l’idée que les monuments publics appartiennent
à tout le monde et qu’on n’a pas à tenir compte des susceptibilités des athées ou
des religionnaires de confessions différentes, sous le prétexte qu’ils peuvent être
offensés par la vue de symboles issus du catholicisme.
Ce à quoi
Briand a répondu en gros qu’on s’en fiche des susceptibilités des uns et des
autres, mais qu’ici ce qui compte c’est la neutralité des autorités publiques
car en érigeant un monument religieux, une municipalité marquerait sa
préférence pour un culte au détriment du reste de la population, ce qui
contredit le principe d’égalité des citoyens face à l’Etat.