@yoananda2
« Tu
l’affirme, tu ne l’explique pas. Ou alors j’ai mal compris. C’est un
"problème" récurrent chez moi : si je ne "comprends"
pas (profondément), c’est comme si on ne m’avait rien dit, ce qui crée des malentendus
parfois. »
-------> Alors, c’est un problème de langage parce
qu’il me semble bien l’avoir expliqué et je ne vois pas comment l’expliquer
autrement d’ailleurs. Je ne vois pas quel langage utiliser pour te le faire comprendre
« profondément ».
‘ « tu
crois en l’individu et le libre-arbitre, c’est une croyance religieuse, mais
elle est "admise / commune", c’est tout »
------> Non.
Et je me suis toujours dit qu’à la base, sur cette affaire d’individu et de
libre arbitre, il y’avait aussi un problème de langage. « Individu »
est un mot pour désigner un corps organisé vivant d’une existence propre et qui
ne saurait être divisé sans être détruit. Et de toute évidence, il existe des
individus appartenant à l’espèce humains, ils ont des bras, des jambes, une
peau, un cerveau, ils parlent etc. Ça ce n’est pas une croyance, c’est un
constat élémentaire. Et on constate aussi que ces individus font des choix. Madame
Dugenou peut décider de regarder la télé ou décider de lire, de faire du sport
ou autre. On peut spéculer à l’infini sur ce qui détermine ses choix et quelle
est sa part de libre arbitre, mais le fait est que ces choix existent puisqu’ils
se constatent.
Donc, non,
je ne crois pas en l’individu et au libre-arbitre, je constate l’existence d’individus
et je constate qu’ils font des choix. Rien à voir avec une croyance religieuse.
Pas plus que la présence de la muraille de chine en Chine ou de la tour Eiffel
à Paris ne sont des croyances religieuses, on constate leur existence. Après,
moi je n’ai jamais compris ce que tu entends par « individu », mais
des unité corporelle organisée humaines (ou même animales et végétales en
général), ça se constate tout simplement.
« je ne
proposes pas de mesures politiques »
------> Peut-être
mais moi, je m’oppose aux essentialistes qui en proposent. Et c’est dans ce cadre-là
qu’il arrive que tu interviennes pour défendre telle ou telle autre position en
me reprenant.
« je
m’essaye à l’analyse sociologique DES croyances. Je comprends qu’on puisse
vouloir comme toi évacuer les croyances des analyses, ce n’est pas mon cas
parce que j’estime que c’est un élément central dans mon paradigme ».
------> Je
m’intéresse bien évidemment à la sociologie des croyances, c’est la base même de
mon analyse. La sociologie est l’un des antidotes les plus puissant qu’il soit
contre les abstractions essentialisantes puisqu’elle s’appuie sur des recherches
quantitatives, des enquêtes de terrain, qui fournissent, non pas des savoirs
solidifiés mais des cartographies de tendances qui donnent des indices de ce
qui se passe concrètement. Et précisément, les tendances sont plurielles et
imbriquées, et les catégories sociales qui en résultent se chevauchent, et il s’agit
toujours de les contextualiser puisqu’elles sont historiques, labiles, dynamiques,
ont des disparités internes en leur sein et sont produites par des processus
sociaux mouvants. Aucune catégorie sociale constituée n’est porteuse de façon
absolue de caractéristiques rigides et immuables dont on pourrait déduire une
essence et aucune conclusion sociologique ne peut prétendre à l’universalité ( à moins bien sûr d’avoir des résultats quantitatifs se rapprochant des 100 % tout
le temps et éternellement, et encore, mais on n’a encore jamais vu ça).
Et j’anticipe :
ce n’est pas une question d’être un tenant du holisme vs de l’individualisme
méthodologique ( ce qui est une querelle dépassée depuis longtemps et une mauvaise
façon de présenter la sociologie), même dans l’holisme méthodologique c’est
impossible.
Si on s’appuie
sur la sociologie, on ne peut pas essentialiser et réifier comme tu le fais. Donc
tu t’appuies sur beaucoup d’autres choses desquels tu extrapoles tes conclusions.