@Conférençovore
Pas
mal d’arbitraire dans votre commentaire.
"opération spéciale" dont le seul terme
devrait faire tilter n’importe quel observateur neutre
« Opération Spéciale » ? Justifié si
l’on accepte de voir que la Russie mène une guerre limitée, n’utilisant pas
tout son armement et surtout laissant Kiev vivre quasi normalement. Le motif
est compréhensible : on ne détruit pas un peuple qu’on considère comme « frère ».
C’est toute l’ambiguïté de cette guerre, que l’Occident refuse de voir dans ses
analyses.
Que vous ne compreniez pas le sens de cette
expression montre simplement que vous avez chaussé des lunettes occidentales
(mais vous allez nous dire que ces lunettes sont meilleures que les russes, comme
le reste du matos : à voir dans la suite de cette OS, le matos n’est pas
tout, cf. les guerres américaines).
une guerre d’annexion de l’Ukraine
Oui et non.
Pour la Crimée, c’est oui.
La base de Sébastopol ne deviendra pas une base OTAN (à noter : sans l’OTAN,
la Crimée aurait pu rester dans l’Ukraine, mais les US ne connaissent pas l’équilibre,
selon leur motto : « the winner takes all ». Résultat : des
guerres sans fin et finalement le recul de l’Occident).
Pour le Donbass et le reste,
votre propos ignore une hypothèse : ces annexions de régions de l’Est de l’Ukraine
sont potentiellement une monnaie d’échange dans une future négociation globale,
prenant en compte la sécurité des populations de l’Est de l’Ukraine (pas de
nettoyage ethnique) et la sécurité de la Russie (pas de missiles OTAN en
Ukraine).
sa volonté non cachée de reconstituer une grande
Russie
Fantasme occidental qui
traîne dans toute la presse mainstream. Pas faux pour l’Est de l’Ukraine dont
les frontières ont été bricolées du temps de l’URSS et englobent des
populations russes, mais absurde pour le reste : les pays baltes, la
Pologne, la Finlande, la Bulgarie … Nos néo-cons agitent cette menace pour
alimenter la guerre (« Poutine ne s’arrêtera pas à l’Ukraine »). C’est
idiot, Poutine n’en a ni la volonté ni les moyens.
l’armée russe a échoué à prendre Kiev. une Russie surpuissante qui n’existe pas
On est les plus forts, nos
armes sont les meilleures, l’armée russe est nulle. C’est le discours
mainstream occidental. Tant mieux (pour notre sécurité). C’est aussi le
discours ukrainien qui ne doute pas de la victoire.
Possible, mais pas sûr. On
verra « at the end of the day » comme disent les Américains. Quand
des armes russes fonctionnent, on ne dit pas que leur matos est précis, on dit « crime
contre l’humanité ». Ce flux de propagande ne permet pas de se faire une
idée de la suite des événements. L’armée russe est peut-être nulle, mais si
elle finit par tenir le tiers de l’Ukraine dans le temps, on sera bien obligés
de négocier.
sa guerre est non seulement un échec cuisant
(pour le moment du moins) mais en plus, elle a réveillé un sentiment national
ukrainien et terni l’image de la Russie dans le monde entier
C’est le discours de nos néo-cons. D’autres, plus lucides à
mon avis, parlent du réveil d’un Sud global anti-occidental. Le réveil du
sentiment national ukrainien, incontestable, est un événement relativement
mineur comparé à ce mouvement tectonique des plaques au plan mondial. Vous confondez le "monde entier" avec l’Occident (la fameuse communauté internationale qui exclut les 4/5 de la planète).
Et quel Ukrainien accepterait de capituler
Le réveil du sentiment
national concerne le centre et l’Ouest du pays. Dans l’Est, c’est très mélangé,
et c’est l’omerta dans nos médias à ce sujet.
Pour la Crimée, la question ne se pose pas, elle ne reviendra pas dans
le giron ukrainien. On peut faire l’hypothèse d’une guerre interminable ou d’une
grande négociation d’ici deux/trois ans qui gèlera un mur entre l’Est et l’Ouest ukrainien.
Sauf une
victoire de l’Ukraine que vous semblez anticiper, et à laquelle je ne crois pas
trop (malgré la « nullité » de l’armée russe-).
Pour moi, c’est déjà une lourde défaite car quoi qu’il advienne, notre continent est divisé en deux pour longtemps.
il faut se fier avant tout à ce qui est factuel.
Pour la suite, je maintiens :
on ne peut pas prévoir.
Le factuel d’aujourd’hui est
que les Russes tiennent 20% de l’Ukraine et avancent très lentement.