• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


Commentaire de Mao-Tsé-Toung

sur José Ortega y Gasset (1883-1955), un spectateur dans l'Europe : Une vie, une œuvre (1984 / France Culture). Diffusion sur France Culture


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 29 avril 02:25

Ortega y Gasset

et l’art préhistorique

EXTRAITS

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Débat :

En comparant :

Altamira (la grotte aux très nombreux bisons) & Lascaux (la scène du puits & son bison "éventré")

que pensez vous de sa thèse :

-------------------------------------

Los pintores de Altamira (y de otras cuevas como Lascaux) no se proponían hacer arte, sino algo más importante : magia.


-------------------------------------

Enfin, Ortega y Gasset déjà, conformément à la théorie de « la magie de la chasse » défendue par Salomon Reinach ou l’abbé Breuil, explique de la sorte la juxtaposition de mains négatives et de peintures animalières aux parois de la grotte :

20 José Ortega y Gasset, « Santillana del Mar… », p. 446-447.

[L]os pintores de Altamira […] no se proponían hacer arte, sino algo más importante : magia. Entre los bisontes, ciervos, caballos salvajes, cabras, hay algunas manos de hombre. […] Leamos, en fin, el jeroglífico mágico de la cueva de Altamira : un bisonte y una mano adjunta quiere decir ; que nosotros capturemos el bisonte. Es un rito alimenticio y vagamente tauromáquico…
De allí salimos a rever las estrellas20.

[L]es peintres d’Altamira […] ne se proposaient pas de faire de l’art, mais quelque chose de bien plus important : de la magie. Parmi les bisons, cerfs, chevaux sauvages, chèvres, on trouve quelques mains d’homme. […] Déchiffrons, pour finir, le hiéroglyphe magique de la grotte d’Altamira : un bison et une main qui lui est associée, cela signifie que nous capturons le bison. C’est un rite alimentaire et vaguement tauromachique…
C’est de là que nous sortîmes reconsidérer les étoiles.

21 André Leroi-Gourhan, « Le symbolisme des grands signes », Bulletin de la Société préhistorique fran (...)

19Il traduit ici l’idée de magie sympathique qui fera florès dans les milieux artistiques épris d’anthropologie et de « mentalité primitive » au début du XXe siècle : la figuration d’un gibier aurait eu pour but de s’assurer de sa possession effective, théorie largement battue en brèche depuis lors (ne serait-ce que parce que les principaux animaux représentés n’étaient pas ceux principalement consommés). Mais outre cette douteuse hypothèse d’une emprise magique des dessins préhistoriques, Ortega y Gasset établit une connexion intéressante entre le pouvoir figuratif, la capacité – fût-elle intéressée – de représenter un bison et l’ouverture sidérale, menant poétiquement l’homme à se tourner des entrailles souterraines vers le cosmos. Il perçoit de la sorte l’expression dans ces énigmatiques peintures d’une « métaphysique véritable »21, ainsi que le formulera plus tard Leroi-Gourhan.

20Enfin, sans entrer trop avant dans l’historiographie de l’après-guerre civile espagnole, l’existence de l’éphémère Escuela de Altamira (1949-1950) qui tenait ses réunions dans la grotte elle-même semble aller dans le sens d’un rôle consolateur de l’art préhistorique en Espagne, symétrique à celui observé pour Lascaux. Son but revendiqué était de renouer avec la créativité artistique d’avant-guerre, en prenant appui sur la richesse du joyau patrimonial d’Altamira. Le compte rendu de la première réunion, rédigé par l’essayiste et critique littéraire Ricardo Gullón, a valeur de manifeste :

22 Ricardo Gullón, « Primera reunión de la “Escuela de Altamira” », Cuadernos Hispanoamericanos, no 13 (...)

La Escuela de Altamira […] se acoge al signo de Altamira, por considerarle símbolo de arte vivo, de arte fuera del tiempo histórico, de arte por encima de todo nacionalismo, representativo de una pintura que fundía formas y experiencia, de una pintura reveladora de gran capacidad de síntesis. Creemos que el pintor de Altamira era un clásico […]22.

L’école d’Altamira […] se place sous l’égide d’Altamira, qu’elle considère comme un symbole d’art vivant, d’un art hors du temps historique, d’un art dépourvu de tout nationalisme, représentatif d’une peinture qui fusionnait formes et expérience, d’une peinture révélatrice d’une grande capacité de synthèse. Nous croyons que le peintre d’Altamira était un classique […].

21Le désir d’un ancrage patrimonial qui ne soit pas un enracinement identitaire, de même que la volonté affichée d’échapper à tout nationalisme, sont toutefois des traits à relever. L’école d’Altamira revendiquait des correspondants étrangers prestigieux (Henry Moore, Barbara Hepworth ou Willi Baumeister) et des membres exilés de renom, Joan Miró en tête. Malgré tout, l’internationalisation de cette expérience avant-gardiste est restée inaboutie, en raison de l’isolement artistique de l’Espagne franquiste. L’initiative originale demeure pourtant significative d’un mouvement qui entendait donner à la grotte espagnole une portée de trésor international.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès