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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Il était une fois la (R)évolution

Il était une fois la (R)évolution

Je vous livre aujourd’hui un extrait du film "Il était une fois la révolution" de Sergio Leone (1971) que vous connaissez peut-être déjà.

Pour ceux qui n’ont pas vu ce film, voici le synopsis donné par Wikipedia :

Mexique, 1913. Deux personnages font connaissance : un pilleur de diligences, Juan Miranda (Rod Steiger), et un Irlandais, membre de l’IRA en fuite, spécialiste en explosifs, John Mallory (James Coburn) — mais dont le véritable prénom est bien Sean, le personnage souhaitant occulter son passé irlandais en dissimulant son identité. Juan voit en John le complice idéal pour braquer la banque d’État (chose rare, les banques, au Mexique, étant toutes privées en 1913...) qui se révélera plus riche en prisonniers politiques qu’en lingots d’or. Juan et John vont alors se trouver plongés en plein cœur de la tourmente de la révolution mexicaine, et ce, bien malgré eux.

Une scène résonne particulièrement à mes oreilles.
 



 

Restranscription du dialogue :

Juan Miranda  : C’est quoi, ce papier ?

Sean Mallory  : Une carte.

(Juan Miranda s’allogne sur la carte)

Sean Mallory  : Alors ton pays, tu t’assieds dessus ?

Juan Miranda  : C’est pas mon pays. Tu sais qui c’est mon pays ? C’est moi et ma famille.

Sean Mallory  : D’accord, mais ton pays, c’est aussi Bertha, les propriétaires terriens et le gouverneur, Gountereza et ses sauterelles, tu sais, la Révolution, c’est pas une plaisanterie.

Juan Miranda  : La Révolution... La Révolution... C’est pas à toi, non de dieu, à me parler de Révolution.

Je sais très bien comment ça éclate.Il y a des gens qui savent lire dans les livres qui vont voir ce qui savent pas lire dans les livres, les pauvres gens comme moi quoi, et ces types là leurs disent : "le moment est venu de changer tout ça !

Chut ! Chut ! Chut ! Chut ! Chut ! Chut ! Chut ! Merde ! Je sais très bien de quoi je parle, cette putain de révolution, j’ai grandi dedans.

Ceux qui savent lire dans les livres vont voir ceux qui ne savent pas lire dans les livres et disent aux pauvres : "nous allons faire du changement" et les pauvres bougres font le changement. Après ça, les plus malins de ceux qui savent lire s’assoient autour d’une table et ils parlent et ils mangent et ils mangent et ils parlent... Et pendant ce temps là, qu’est-ce qu’ils font les pauvres bougres ? Ils sont morts ! C’est ça ta Révolution ! Chut ! S’il te plaît, ne me parles plus de Révolution !

Et qu’est-ce qui arrive quand c’est fini, pauvre con ! Rien ! Tout recommence comme avant.

Sean Mallory  : (en soupirant) jette dans la boue le livre qu’il était en train de lire intitulé "Mikhael A. Bakunin, The Patriotism"

***

A l’heure où les indignés (et d’autres) parlent d’une (r)évolution non violente, qui serait également le résultat d’une évolution de chacun d’entre nous, et donc d’un réveil des conscience, cet extrait vient nous rappeler les dangers d’une révolution armée.

Malheureusement, le chaos de la guerre civile n’est pas si loin. L’exemple de la Grèce est tout proche de nous. Agissons avant qu’il ne soit trop tard, mais méfions-nous de toute révolte armée.

Tags : Cinéma




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9 réactions à cet article    


  • 3 votes
    lsga lsga 13 décembre 2011 15:40

    Incontestablement Le meilleur passage de Duck, You Sucker ; quelle dommage tu l’ai mis en VF... (j’aime beaucoup la réplique aussi :" maintenant je crois en une seule chose : la dynamite" )

    Par contre, il te manque un peu de culture politique pour comprendre la scène. Le livre que Sean jette par terre c’est "LE PATRIOTE" de Bakounine, qui est le penseur anti-autoritaire par excellence.

    "[...]que ce soit précisément Bakounine, figure du théoricien anti-autoritaire (et aux antipodes du révolutionnaire de salon, comme l’atteste sa participation physique à quantité d’insurrections), qui fasse les frais de la tirade violemment anti-chefs du malfrat mexicain. Cela pourrait signifier que Mallory n’a même plus besoin de lire Bakounine, puisque Miranda lui a exposé, à sa manière et dans son rude langage, les risques de dérives autoritaires que comportaient les révolutions.
    "
    En effet, toute la pensée révolutionnaire moderne (et Marx en particulier), va vers une révolution authentiquement prolétarienne, qui ne soit pas dirigée ou organisée par une petite élite intellectuelle, comme cela a été le cas au 18ème siècle (révolutions bourgeoises) et au 19ème. L’objectif est que le prolétaire prennent les armes par lui même et pour lui même, qu’il comprenne par lui-même et sorte d’une vision romantique et idéalisée de la Révolution qui est et sera toujours une lutte armée violente et sanglante à l’issus incertaine. Le révolutionnaire prolétaire sera donc révolutionnaire malgré lui, contre sa volonté, et donc presque sans le vouloir, exactement comme l’est Juan dans "il était une fois la Révolution". 

    En réalité, Juan est une caricature du véritable révolutionnaire. Ce film est une sorte d’illustration de la pensée marxiste (illustré par Juan poursuivant ses intérêts matériels) et une critique du révolutionnaire anarchiste idéaliste et romantique (symbolisé par Sean).

    • vote
      ffi 13 décembre 2011 19:24

      Quoique Marx, dans le genre abscons, tordu et tiré par les cheveux, c’est assez fort...
       
      Tout ça pour une Nomenclatura prompt à déporter au Goulag !


    • 1 vote
      maQiavel machiavel1983 13 décembre 2011 21:21

      @Isga
       "En effet, toute la pensée révolutionnaire moderne (et Marx en particulier), va vers une révolution authentiquement prolétarienne"
      "L’objectif est que le prolétaire prennent les armes par lui même et pour lui même, qu’il comprenne par lui-même"
      1. Le problème avec le Marxisme ( ce n’est que mon avis) est justement que le messianisme prolétarien est pensé et voulu non par des prolétaires mais par des révolutionnaires professionnels souvent issus de la bourgeoisie, étranger aux classes laborieuses et qui idéalisent un prolétariat qu’ ils n’ ont jamais côtoyés.
      Doit on rappeler que Mars lui même était un bourgeois très peu familier des travailleurs ?
      Est ce que le prolétariat a réellement conscience de lui même et souhaite établir sa dictature ?La réalité nous démontre que c’est une construction mentale.
      Pendant la révolution Russe, Lenine a constaté l’ amorphie des masses prolétaires et a préféré tabler pour prendre le pouvoir sur une avant garde révolutionnaire ( issus pour la plupart de la bourgeoisie ) plutôt que sur un spontanéisme des masses accomplissant un sens de l’ histoire.
      Et au final, cette avant garde révolutionnaire est devenue la nouvelle oligarchie, et la dictature du prolétariat est devenue celle du parti.
      Je pense donc que le prolétariat n’existe pas !!!
      2.Par contre je crois en l’ existence du peuple.La commune, c’était le peuple.
      Le peuple qui est comme nous l’explique les penseurs populistes le monde du travail et de la production face à l’exploitation et au parasitisme des classes supérieures.
      Le peuple qui est constitué des classes moyennes et populaires qui se côtoient dans la vie réelle comme le patron de bistrot propriétaire de son moyen de production côtoie son client ouvrier.
      Deux groupes sociaux mélés que le socialisme scientifique au nom d’abstractions conceptuelles coupés de la réalité s’est toujours évertué à séparer et à opposer.

      Les penseurs populistes sont plus réalistes que matérialiste et ont en général côtoyé le monde du travail à la différence d’ un Marx qui a idéalisé une classe prolétaire qu’ il ne connaissait pas.


    • 2 votes
      JahRaph JahRaph 13 décembre 2011 16:03

      [ironie] Merci pour ma culture politique, c’est vrai qu’elle était insuffisante pour me permettre de comprendre la scène [/ironie]
      Plus sérieusement, merci pour ton commentaire, les précisions que tu apportes sont très intéressantes.
       
      Au plaisir de te lire, tes commentaires sont de moins en moins agressifs, c’est cool.


      • 4 votes
        lsga lsga 13 décembre 2011 16:17

        agressivité en baisse ? faut que je corrige ça ^^


      • 2 votes
        Ketsa 13 décembre 2011 20:12

        Excellent, merci de mettre en lumiere ce concentré de bon-sens très à-propos.


        • 2 votes
          Frida FRIDA 13 décembre 2011 21:57

          Et bien c’est exactement ce qui se passe actuellement dans le monde arabe, avec le fameux printemps arabe. Les gueux sont toujours des gueux, et une nouvelle oligarchie s’est installée confortablement dans le paysage. A signaler qu’en Egypte il n’ y a eu même pas de changement de régime. En Libye, la contestation du CNT est déjà là, un CNT qui ne révèle même les membres qui le composent, sans compter sur les armes et les rivalités entre tribus et entre groupes. Quant à la Tunisie, elle prend la torpeur du temps des Ben Ali, la constituante et tout le blabla n’est que poudre aux yeux.


          • 1 vote
            juluch juluch 13 décembre 2011 22:08

            Un bon film.............


            • vote
              bong73 15 décembre 2011 23:49

              https://sites.google.com/site/devenezdepute/home
              Pour passer de la fiction à la réalité.



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