Oui, c’est foisonnant, sans doute comme Nietzsche l’explorateur
de pensées. Je ne vais pas réagir par rapport au philosophe que je n’ai pas lu
et je fais trop de découvertes simultanées avec cette émission. Je ne sais pas
où donner la tête et je n’ai pas trop le temps. Je prends juste un thème.
Je découvre le schéma monde réel/monde imaginaire, si c’est
bien nietzschéen, plus puissant que celui platonicien que l’ai lu monde sensible
/monde intelligible, que j’ai toujours trouvé desséchant. Philippe Granarolo
prend l’exemple de l’œil : fût un temps où le monde biologique des créatures
vivantes n’avait aucune image du monde réel. Il a bien fallu un imaginaire, un
délire, dans l’organisme vivant, en tout cas quelque part, pour créer cet
instrument dégageant une nouvelle relation, ou interface au sens taoiste, entre
l’en-dedans et l’en-dehors de nos corps, avec toutes les perspectives qui s’en
dégagent sur le monde réel.
C’est plus que Darwin et l’évolution des espèces par
sélection des caractères adaptatifs. C’est plus que les lois physiques, qui
expliquent comment ça fonctionne. Dans l’imaginaire, il y a de l’envie, ça fait
bander (ou ça mouille) c’est plus roboratif que l’intelligence qui se limite à
l’activité. Dans le chaos de notre univers, il y a eu l’envie de celui-ci à
faire son cosmos, aujourd’hui la néguentropie. Les humains ont eu aussi envie
de faire leurs sociétés qui ne sont que des fabrications imaginaires,
culturelles.
Oui, c’est intéressant de poser l’imaginaire comme moteur du
réel, c’est plastique, métamorphique, avec une bonne ambivalence : pas l’un sans l’autre.
Et c’est ce que l’on maîtrise mal encore, en se laissant
scotcher comme des mouches par ces putains de religions abrahamiques aux
guerres récurrentes, ou par les idéologiques insensées du siècle passé devenues
mortifères au siècle présent. Sans compter l’univers virtuel qui est en train
de capter celui imaginaire, au risque de le tuer.