Naulleau en entretien - autopsie d’un coma éthylique : la
tension artérielle intellectuelle est basse, la fréquence respiratoire
et la température analytique diminuent. Le coma éthylique de type
"critique" nécessite alors une hospitalisation en urgence car il peut,
faute de soins, provoquer un épuisement proche de la connerie ;
épuisement aux lésions cérébrales quasi irréversibles".
Dans cet entretien réalisé par le collectif "Les non-alignés",
tendu, le sourire crispé, le regard inquiet, Eric Naulleau tente
manifestement d’assurer ses arrières et de verrouiller son avenir - pour
peu qu’il lui en reste un après cette association lexicale de
malfaiteurs qui ne manquera pas, et ne manque déjà pas, de susciter une
indignation qui confirme, une fois encore, l’indigence morale et
intellectuelle dans laquelle toute une classe
médiatico-politico-intellectuelle a sombré (3) ;
indigence à la racine de laquelle on trouvera, pour certains d’entre
eux, des décennies de désintérêt, voire de mépris, à propos des
questions et de la réalité sociale, lieux de tous les dangers pour des esprits fébriles, apeurés, aux préoccupations principalement carriéristes et vénales.
Jugez plutôt : pour Naulleau… à propos des évènements du 11 septembre 2001
: « Tout va bien. Tout a été dit. Tout me va. » En ce qui concerne
Dieudonné : « Il me donne envie de gerber ». A propos de sa propre
éviction de France 2 : « Là, vraiment, j’ai beau chercher… je ne sais
pas pourquoi. C’est arrivé comme ça. »
Pour
sûr ! Il n’y a pas de hasard car, aujourd’hui plus personne ne peut
nier que tous ces avis aussi tranchés qu’automatiques, sorte de
jugements-réflexes, sont bel et bien la véritable, la première et sans
doute la seule, condition sine qua non pour quiconque souhaite continuer
de manger à la gamelle de l’audiovisuelle et des autres médias (radios,
journaux, revues) ? Un Naulleau grassement payé qui n’a rien oublié et
qui a pris goût au caviar des années durant alors qu’il appartenait au
staff de l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier (autre
pilier de bar de l’audiovisuel, relève de Drucker ?) dans laquelle notre
critique littéraire proposait le plus sérieusement du monde, et donc…
sans rire, de défendre la littérature face à des auteurs-invités qui,
pourtant, n’affichaient que rarement une ambition que l’on pouvait
qualifier sans ironie… de « littéraire », jusqu’à s’acharner sur une
pauvre Mathilda May et un Francis Lalanne qui n’avaient rien demandé (à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire)…
alors qu’un Nabe, un Houellebecq, le dernier Le Clézio ou Queffélec sur
lequel on n’en finit pas de bâiller ou bien un Sollers, un ouvrage de
plus, sans intérêt, bâclé, vantard et paresseux, un Yann Moix courant
après sa queue et un G. Dantec après une science fiction déjà passée et
repassée, auraient quelque peu permis à Naulleau de sortir la tête haute
d’affrontements aussi salutaires que fructueux, et les téléspectateurs
plus avisés encore.
Aujourd’hui Eric Naulleau oeuvre avec Zemmour sur un canal de diffusion audiovisuelle plus confidentielle - Paris première
( Ah les médias ! Quand ça vous tient !) ; situation plus enviable que
celle d’un d’éditeur plus intimiste encore – comme ce fut le cas pour
Naulleau avant son incursion-intrusion dans les médias ; et pour rien
n’arranger… un éditeur spécialisé dans la littérature d’Europe de l’Est,
avec une préférence pour la Bulgarie ; pitance plus qu’incertaine donc
puisqu’elle vous condamne à vivre de subventions de l’Etat et des
Régions ; subventions en faveur du livre : aides à la traduction, à
l’édition et à la diffusion.
Pour
revenir à cet entretien-vidéo, s’il nous est d’une utilité quelconque…
il nous permet de présumer ceci : contrat rempli, après cette interview,
Eric Naulleau sortira très certainement sain et sauf de cette
publication avec Alain Soral ; publication casse-gueule pour quiconque
souhaite éviter une relégation médiatique quasi automatique. Faut dire
qu’il y a des expériences, culinaires ou non, qui sont irréversibles -
un avant et un après -, car, après le caviar, le pâté et la rillette,
voire même le foie gras, ont alors un sale goût : celui d’un retour à la
case départ, à une petite vie, petite et terne…
Aussi,
il y a fort à parier que Naulleau n’ait aucune envie d’y retourner : la
littérature est un vrai sacrifice ; et tout le monde n’a pas l’étoffe
d’un martyr…