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Joe Chip (---.---.48.181) 16 juin 2015 15:57
Joe Chip

@Qaspard Delanuit

Ca commence à faire beaucoup de suppositions, de supputations et d’exagérations (voire d’exacerbations totalement gratuites) pour diaboliser les "mangeurs d’animaux" potentiellement "mangeurs d’humains" (car l’animal est un humain comme les autres).

Evidemment, la manière la plus simple d’empêcher quelqu’un de s’exprimer est de lui en retirer la légitimité, en prétendant qu’il n’exprime pas spontanément et sincèrement des opinions personnelles ou politiques, éventuellement erronées et donc sujettes à débat, mais qu’il "est parlé", comme disaient les situationnistes, et que ses choix ne relèveraient donc plus de la raison - ou même de l’instinct - mais d’un "impensé" au sens d’une imprégnation culturelle dont il aurait hérité involontairement - c’est à dire d’une domination subie...

Dès lors, il appartient naturellement au législateur éclairé d’émanciper cette pauvre victime des habitudes et de la coutume, en l’arrachant, de son plein gré ou non, au carcan mortel de l’éducation, à l’assujettissement du passé et à la subjugation de toutes les (fausses) valeurs transmises par les parents - ces fascistes en puissance - qui murissent dans le vase clos de la famille puis gangrènent dans le tissu de la nation, toute cette chaîne de transmission infâme qui détourne le cour naturellement bon de l’enfance pour "construire" l’homme de la société, l’homme contenu/retenu par tous les barrages, l’homme-cloaque, l’homme monstrueux, haineux, carnivore, raciste, spéciste... car qu’est-ce que le racisme, sinon une forme culturelle d’anthropophagie ?

Et on connaît la suite. Ce mode de pensée, faussement rationnel, sophistique, prétexte à tous les despotismes politiques, représente vraiment le pire travestissement en même temps qu’un dévoiement de la pensée des Lumière qui vient justifier paradoxalement les critiques des conservateurs fustigeant à raison une entreprise mortifère de déconstruction, et qui prétendent dès lors en finir avec la modernité honnie en sortant la raison et le progrès de la cité, comme on jetterait le bébé avec l’eau du bain, pour y remettre la hiérarchie "naturelle", la verticalité patriarcale, la stabilité sclérosante, la religion ancestrale, les dogmes subis, etc.

C’est sans doute pour cette raison que les végans sont habituellement des extrémistes sur le plan politique (de droite ou de gauche). Donc je suppose qu’il n’est pas très surprenant de voir Gaspard, qui affecte habituellement un conservatisme modéré, trouver soudainement le ton opiniâtre et les réflexes du progressisme radical dès lors que l’on touche à ce sujet qui semble remuer ses convictions les plus intimes, les plus profondes, un peu comme on aurait dérangé une vieille bête assoupie sur le tapis vaseux d’une mare aux eaux à peine troublées... Et celui qui a beau jeu de dénoncer les partisans de la théorie du genre, de critiquer les apprentis sorciers de l’antiracisme, se mue alors en un clin d’œil en militant extrémiste de la cause animale, poussant la contradiction jusqu’à se vautrer dans la sémantique jacobine et la novlangue des ultras de tout époque : appel à la déconstruction des stéréotypes culturels, condamnation automatique des parents, paranoïa intellectuelle et dénonciation d’un soi-disant "déferlement de hèèèèèèèèèèène" dont les gentils végans et autres sympathisants sympathiques des animaux seraient soi-disant victimes, quand ce sont eux qui, au contraire, démontrent la plus grande intolérance... les végans aiment à disserter de sujets tels que "Faut-il détester les mangeurs de viande ?", question à laquelle ils répondent fréquemment par l’affirmative.

L’homme, bien entendu, n’a pas un vieil instinct solidement ancré par la nature, qui lui interdit de consommer de la chair humaine en dehors de circonstances exceptionnelles. S’il ne dévore pas ses voisins, c’est juste parce que ses parents ne lui en ont pas transmis le goût ! Voilà un sophisme remarquable. 

Si les gens étaient élevés correctement, il ne fait évidemment aucun doute qu’ils voteraient autrement, qu’ils renverseraient le pouvoir qui les oppresse, qu’ils traiteraient les femmes comme leurs égaux (égales ?), qu’ils cesseraient de manger la viande des animaux, qu’ils ne feraient pas des "migrants" des bouc-émissaires, etc... car tout ce qui est mal dans l’homme relève forcement de la "culture". Mais les gens sont des gens, ils sont bornés, ils votent mal, ils mangent de la viande, ils sont mus par leur intérêts, ils sont parfois racistes malgré leur bonne volonté .... jusqu’au jour où un dictateur végan antiraciste leur retirera à la fois la viande et le droit de vote - dans leur propre intérêt et celui de l’environnement, cela va sans dire.

Désolé Qaspard mais sur ce sujet vous vous vautrez dans la facilité et vous vous comportez comme de la graine de fasciste (vous voyez, c’est très facile de brandir la hèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèneeeeeeeeeeeuuuuuuh).




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