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Accueil du site > Tribune Libre > Jacques Rancière - la démocratie

Jacques Rancière - la démocratie

Conférence à Thessalonique.


Mettant à jour l'impasse à la-quelle se heurte toute pensée de la démocratie qui part du présupposé de l'inégalité des compétences, Jacques Rancière nous invite à partir du présupposé inverse. La démocratie nous dit-il c'est "l' exercice du pouvoir des gens qui n'ont aucune légitimité naturelle à l'exercer".
L'action politique et l'émancipation intellectuelle est là, elle passe par la dénaturalisation de l' expert, le désavoeu du rôle démocratique de l'état, l'extension du domaine pucblic de la politique.

 

La fin de chacune des parties, est en grec non sous-titré désolé..

 

 

 

 

Tags : Démocratie




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25 réactions à cet article    


  • 2 votes
    Soi même 17 janvier 2014 12:44

    La Démocratie est comme la Liberté, à chaque époque elle est à reconquérir non pas dans une idée figer de leurs naissances antiques, mais bien en lien à la mission de notre époque.

    La Démocratie comme la Liberté ne sont pas des objets de musée, elle est vivante comme des bourgeons qui attend la maturité de la Liberté.

    Quand à pensé à revenir au forme antique, puriste de la démocratie, et non seulement une aberration,c’est aussi lutter contre les impulsions du devenir .La véritable démocratie viendra quand les hommes seront libre de pensés leurs devoir comme étant la première nécessité d’être social !
    Ce qui veux dire c’est que ces beaux philosophes politiques, ignore comment leurs idées sont antisocial .
    Ce sont des agitateurs d’oripeaux !


    • 1 vote
      funambule funambule 17 janvier 2014 12:59

      Si j’ai bien compris ce que vous dites (pas sûr) je suis 100% d’accord.

      Reste à définir ce qui va initier ce sentiment de nécessité.
      Mais dans le doute, en attendant, il y a une chose qui ne ferait pas de mal, et qui ferait même peut-être du bien :
      Commencer, nous même, dans notre quotidien, entre nous, à nous suggérer mutuellement d’arrêter de perdre notre temps et notre énergie à agiter des oripeaux ... 

      Perso, j’essaie sans succès.

      (rien à voir, et c’est pas pour jeter la pierre, pardon, mais les accords, participe passé, adjectif, si c’est de l’inattention, faut faire un petit effort svp,ça aide à comprendre les phrases longues, en plus vous m’obligez à relire 4 fois mon message...)

    • 1 vote
      Soi même 17 janvier 2014 13:09

      « Reste à définir ce qui va initier ce sentiment de nécessité. » elle est dans le Monde.
      Tous hommes véritablement libre ne peuvent que la trouver !
      Quand on dit je ne sais pas, c’est que je ne veux pas !


    • 1 vote
      Soi même 17 janvier 2014 13:14

      Un bon exercice prend un penseur qui te répugne au plus haut point, l’effort que tu ferras pour le comprendre te donneras la force de pensé autrement.


    • vote
      funambule funambule 17 janvier 2014 13:32

      Oui, mais comment tout de même rendre ce principe un peu contagieux, si ce n’est universel, comment le promouvoir, par quelle suggestion ... 

      Nous ne sommes pas dans la contemplation, nous communiquons, et dans "communiquons" il y a "commun" (si ! au début), nous parlons d’un monde commun.

    • 1 vote
      concombres 17 janvier 2014 17:15
      • "Commencer, nous même, dans notre quotidien, entre nous, à nous suggérer mutuellement d’arrêter de perdre notre temps et notre énergie à agiter des oripeaux"
      • Justement pour moi rancière est totalement dans le concret et détruit toute pensée du type - je peux rien y faire - ou du type -je doit lutter contre -. En proposant de partir de la supposition inverse cad l’égalité, l’action est là, créer créer sans cesse des formes de démocratie en marge du système étatique. J ai trouvé cette conférence très vivifiante pour ça très positive. et répond selon moi à la question :
      • "mais comment tout de même rendre ce principe un peu contagieux, si ce n’est universel, comment le promouvoir, par quelle suggestion"

    • 4 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 17 janvier 2014 12:52

      Merci pour le partage.
      On a ici la quintessence du dogmatisme d’extrême gauche, du moins de l’une de ses tendances (puisque Rancière s’oppose quand même à Alain Badiou) : religion de l’égalité, condamnation du principe de nature, dénonciation de l’oligarchie, épouvantail technocratique, etc.
       
      Rancière part du présupposé d’une égale intelligence entre les êtres. Pour qu’une telle idée s’impose, il faut la démontrer rigoureusement, la faire passer du statut d’opinion à celui de connaissance objective. Point de cela ici ou ailleurs : Rancière part du principe que l’erreur démocratique par excellence est précisément de laisser entendre que l’on puisse discuter l’idée même d’égalité.
      L’égalité doit mobiliser tous les égards, et à ce titre, il serait injurieux de prouver quoi que ce soit la regardant : elle doit être admise, point final.
      On adhère ou on adhère pas, mais c’est en tout cas un point de vue dogmatique, dont la démocratie à venir devrait nécessairement se méfier.


      • 3 votes
        concombres 17 janvier 2014 14:52
        • Je comprend que le tour de force qui consiste à élaborer notre pensée politique depuis le présupposé égalitaire peut paraitre un renversement vertigineux anti-naturel dogmatique ...
        • Pourquoi je pense qu’il ne s’agit pas d’un dogmatisme :
        • Rancière ne nous dit pas comment penser, il ne prétend pas qu’il faille s’interdire la pensée de l’inégalité ni même qu’il faille penser l’égalité triomphante et régnante partout. Partir du présupposé égalitaire n’est pas une paradigme politique au-quel on doit souscrire ou non, il s’agit d’une leçon d’action politique rien de plus. Si vous voulez plus de démocratie, agissez en partant du principe égalitaire voilà comment je le comprend moi.
        • A ce titre il donne des exemples, ce qu’on nomme acquis sociaux, a été dérobé à l’état par les mouvements ouvriers eux mêmes qui se sont employé à vérifier le postulat de l’égalité. L’attitude consistant à donner aux experts, car détenteur de compétences, le rôle d’étendre la démocratie ou de la garantir est une posture paradoxale vouée à l’echec. Penser que l’état défend ou joue pour la démocratie est une erreur, il est la principale force compétente donc oligarchique.
        • "Rancière part du présupposé d’une égale intelligence entre les êtres. Pour qu’une telle idée s’impose, il faut la démontrer rigoureusement, la faire passer du statut d’opinion à celui de connaissance objective."
        • Pas besoin de démontrer la justesse de la proposition. Il est tout aussi impossible de la démontrer que de démontrer l’inverse. Il ne parle pas de vérité objective. Il nous dit que si la démocratie c’est "l’ exercice du pouvoir des gens qui n’ont aucune légitimité naturelle à l’exercer" ( Ca me parait difficilement contestable, mais si tu en as une autre je veux bien la connaitre ) alors pour vulgariser, la démocratie ne peut gagner du terrain qu’en s’exerçant depuis le peuple, les experts ne peuvent faire évoluer la cause démocratique.
        • Il ne s’agit donc pas d’une pensée totalitaire selon moi car elle ne prétend pas penser le monde. Elle prétend penser les moyens de l’action politique, (si elle se veux démocratique).

      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 17 janvier 2014 15:21

        Non, je ne dis pas "totalitaire", mais "dogmatique".
        Pour instituer un peuple, il faut commencer par le prendre tel qu’il se présente, c’est-à-dire comme un ensemble de personnes éminemment diverses, mues par des envies, des goûts différents (surtout à notre époque), capables de plus ou moins de concentration sur tel ou tel sujet, de plus ou moins de rigueur, de plus ou moins d’abnégation, de plus ou moins de faculté à se faire comprendre ou à comprendre les autres, bref, la nature - qu’on le veuille ou non - produit du divers, du pluriel. Cette diversité est, par ailleurs, systématiquement louée lorsqu’il s’agit de légitimer tel ou tel comportement, tel ou tel choix de vie, telle ou telle mode. Pourquoi la nier en politique ? Pourquoi reconnaître qu’il n’y a pas deux êtres capables de courir à la même vitesse au millième de seconde près et refuser ce même constat vis-à-vis de l’intelligence ? La synapse est un substrat physiologique, tout autant que la fibre musculaire.
         
        Vous me dites que je serais bien en peine de prouver concrètement ce que je viens de dire, à savoir la diversité des intelligences (notez au passage que la diversité contient en elle l’inégalité). Certes, mais j’aurais bien du mal également à vous prouver que la vie est dure, hors ça va de soi.
         
        sur l’expertise en politique : tout à fait d’accord avec le fait que posséder un savoir ne contribue pas SEULEMENT à rendre quelqu’un plus légitime qu’un autre. Le plus légitime sera le plus compétent qui VIVRA RÉELLEMENT LES DÉCISONS QUE SA COMPÉTENCE L’AURA INVITÉ À PRENDRE. Je veux dire par là que les technocrates ne doivent pas être conspués pour leur savoir - ce n’est pas ça le problème - mais pour le fait qu’ils mettent bien souvent ce savoir au service de projets dont, nantis, ils n’auront pas à souffrir les désagréments. ÇA c’est scandaleux.
         
        Pour finir, je ne suis pas hostile au principe de tirage au sort et la rotation des charges me paraît même fondamentale. Mais combien de nos concitoyens seront prêts à accepter que de mauvaises décisions soient prises par des gens de leur milieu social sans sourciller ? Croyez-vous que seul le statut de privilégié de nos "élites" les incommodent et qu’ils accepteront davantage les mêmes erreurs en politique si elles devaient être faites par des gens qui leur ressemble ?


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 17 janvier 2014 16:43

        ... qui leur ressemblENT.


      • 1 vote
        concombres 17 janvier 2014 16:57
        • "VIVRA RÉELLEMENT LES DÉCISONS QUE SA COMPÉTENCE L’AURA INVITÉ À PRENDRE"
        • J’aime beaucoup cette phrase et je crois qu’elle est tout à fait en accord avec le propos de la conférence. Le peuple ne vivra les décisions que sa compétence l’aura invité à prendre que si,
        • les décisions émanent de lui, avec lui.
        • Notre société ne satisfait pas aux conitions   : - de lui, avec lui—. c’est pourquoi le peuple ne prend actuellement pas de décisions pour lui comme vous le signalez.
        • Je n’ai pas compris ce qu’il dit de la manière qui est la votre, à savoir (si j’ai bien compris) qu’il s’agirai d’occulter la réalité objective de l’existence de compétences - ce qui reviendrai à un totalitarisme. Bien sûre il y a des compétences et jacques rancière comme je l’ai compris ne dit pas qu’il ne faut pas les voir et ne pas les penser de manière efficiente, faire avec. Je fais mieux la cuisine, tu écris mieux, il fait mieux le bricolage - évidemment. 
        • Comme je le comprend, le mot partir du présupposé égalitaire n’est pas anodin. Il ne s’agit pas d’un regard reflexif de l’Homme sur lui-même, sur sa condtion, au-quel cas il s’agirait d’un aveuglement volontaire on est d’accord. Il s’agit d’une manière d’inscrire dans les gênes de la lutte politique l’idée même de son "but" . C’est une présuposition, à chaque instant démentie par la réalité - les compétences sont là. En cela rancière revendique la contradiction inhérente au concept de démocratie. La présupposition n’a pas prétention a devenir effective. Pour moi rancière nous renseigne sur la nécessité d’inscrire une démarche politique sur base de ce présupposé. Le tirage au sort y souscrit, les mouvement ouvriers y souscrivent, les coopératives agricoles, les révoltes populaires aussi.
        • La main mise qu’a l’état sur la politique a tendance à empêcher l’existence de ces formes politiques et ne peux elle même pas y participer car partant du présupposé inégalitaire. L’état agit sur une réalité et jamais avec elle depuis elle.
        • Je ne suis pas sure d’arriver à énnoncer clairement ce que je pense. Pour moi on se situe sur le terrain de l’action, donc je me trouve d’accord avec vous ET avec rancière qui comme je l’entend ne dit pas ce que vous lui faites dire.

      • 1 vote
        concombres 17 janvier 2014 16:59

        Ro toujours pas de paragraphes j met des petits points partout et ca n’a aucun effet .. désolé


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 17 janvier 2014 17:20

        Pour les paragraphes tout d’abord : allez à la ligne, tapez "espace", et allez de nouveau à la ligne.
         
        "Hop !" Comme ça !
         
        Bon, plus sérieusement : je n’ai pas employé le mot totalitaire, attention, j’ai simplement dit qu’avancer comme le fait Rancière l’égalité de toutes les intelligences était dogmatique (sauf à admettre qu’une intelligence supérieure y ait pourvu... Dieu ?).
        Lorsque je dis "VIVRE...", je veux dire par là que l’on peut très bien, me semble-t-il, ne confier le pouvoir qu’à une poignée à partir du moment où cette poignée partage effectivement le quotidien de leurs congénères. Là on aurait bel et bien le peuple au pouvoir, une véritable fraction de celui-ci. Ce que j’entends chez Rancière, c’est la participation du peuple en son entier, ce qui est - et je suis catégorique là-dessus - impossible dans une nation en-dehors de la fumisterie que constitue le suffrage universel.
        Du coup, quitte à accepter que quelques représentants du commun des mortels prennent les rênes du pouvoir, autant faire en sorte qu’ils soient le plus compétents possibles, ça ne mange pas de pain. Je ne parle pas de professionnels mais, vous savez, j’ai autour de moi des gens qui sont incollables en informatique et qui ont pourtant un métier tout autre ! Vous voyez où je veux en venir ?
        En définitive, selon moi, doit être recherché et défendu l’amateurisme éclairé, assorti d’un turn-over.


      • 1 vote
        concombres 17 janvier 2014 18:18

        Merci pour la technique de l’espace j’y avais pas pensé !

         

        "on peut très bien, me semble-t-il, ne confier le pouvoir qu’à une poignée à partir du moment où cette poignée partage effectivement le quotidien de leurs congénères."

         

        "Du coup, quitte à accepter que quelques représentants du commun des mortels prennent les rênes du pouvoir, autant faire en sorte qu’ils soient le plus compétents possibles, ça ne mange pas de pain."

         

        Là alors est notre désaccord, ce dont vous me parlez est pour moi la définition de l’oligarchie.


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 17 janvier 2014 21:55

        Vous voulez dire que de tirer au sort un quorum de Français, leur demander un minimum de science civique et d’histoire nationale, les placer à la tête de l’État une année durant, sans prolongation de mandat et avec obligation de reddition de comptes en sortie de charge, en les dédommageant simplement et en les replongeant dans leur quotidien après cette expérience politique, c’est déjà pour vous de l’oligarchie ???
        Alors expliquez-moi comment mettre effectivement 66 millions d’âmes en même temps dans les affaires courantes de la nation ? Parce que, bien sûr, un homme comme Jacques Rancière, lui, n’est absolument pas là pour répondre à ce genre de questions...
        Jacques Rancière est là pour habiller de mots la société qu’idéalisent les gens de sa coterie. Et tous ses lecteurs de se dire "Aaaahhh, ce serait teeeellement bien !!..." [soupir]


      • 1 vote
        concombres 17 janvier 2014 22:53

         Autant pour moi c’est pas du tout ce que j’avais compris de votre démocratie citée plus haut qui était pour le moins ambigue.

        En effet ce que vous proposez là me semble bcp plus proche de l’idée de démocratie. Et je suis totalement pour ce genre d’expérimentation.

            

        "Jacques Rancière est là pour habiller de mots la société qu’idéalisent les gens de sa coterie. Et tous ses lecteurs de se dire "Aaaahhh, ce serait teeeellement bien !!..." [soupir]"

          

        Ce genre de commentaire très partisan, idéologiquement situé donc, en deça de la pensée critique pour moi, balayant d’un revers de la main un type qui a ecrit des dixaines de bouquins sur tout un tas de truc et qui ne s’est jamais situé en aucun camp, m’énerve particulièrement. Aussi elle démontre votre incompréhension des propos de rancièrre qui sont à l’opposé TOTAL de l’idéalisme. Il s’agit là d’une pensée de combat dénuée de toute théléologie.


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 17 janvier 2014 23:14

        Je maintiens pourtant ce que je dis. S’il n’y a pas de théologie dans les propos de Rancière, il y a effectivement de l’idéologie et du dogmatisme. Ce n’est parce que l’on se réclame à tout bout de champ de l’égalité, qu’on la voit partout, qu’on l’appelle de ses vœux quitte à nier le réel et se rendre allergique à toute verticalité que l’on s’épargne ce genre de travers, bien au contraire.
        Un penseur qui commence par affirmer l’égalité, vaille que vaille, et qui ensuite s’emploie à aménager le reste en fonction d’un tel principe est nécessairement sourd à beaucoup de choses.
        Désolé de vous choquer à ce point.
        Bonne soirée,
        EG


      • 1 vote
        Rounga Rounga 18 janvier 2014 09:57

        Eric,

        Rancière part du présupposé d’une égale intelligence entre les êtres. Pour qu’une telle idée s’impose, il faut la démontrer rigoureusement, la faire passer du statut d’opinion à celui de connaissance objective.

        C’est là l’objectif de Rancière dans son ouvrage Le Maître ignorant, qui concerne l’émancipation intellectuelle. Ouvrage peu convaincant à mon goût, mais qui pose néanmoins de bonnes pistes : Rancière part de l’exemple de Roland Jacoteaux, un pédagogue du XVIIIème siècle ayant obtenu des résultats extraordinaires, paraît-il, en enseignant à ses élèves des matières dont il ignorait lui-même tout. Sa méthode consistait à faire apprendre tout seul à l’étudiant, ce qui lui ouvrait la possibilité d’étendre son savoir à toutes choses par la suite : il était émancipé. Rancière rejette alors toute attitude contraire à l’émancipation, à savoir la posture du maître savant qui délivre des connaissances à des élèves ignorants. Même l’attitude de Socrate est jugée "aliénante", car Socrate se met quand même dans la position de celui qui opère l’accouchement de l’âme, et n’aide pas son interlocuteur à accoucher tout seul. On voit donc bien là une opposition totale à tout principe hiérarchique, aristocratique, qui est l’un des vrais critères pour distinguer la gauche de la droite. Proudhon également postule que les intelligences et les talents sont absolument égaux entre tous les individus, les différences effectives observées indéniablement dans la réalité n’étant que les conséquences de l’injustice sociale.
        Inutile de dire que de ce point de vue-là, je suis résolument de droite. Car même en supposant que les capacités soient égales (ce qui déjà est douteux car cela suppose une similitude organique totale entre toutes les personnes), il faut reconnaître que les aspirations à la grandeur ne sont pas égales chez tout le monde. Tous les génies ne naissent pas génie, mais il y a dans la constitution de leur être, dès la naissance, quelque chose qui les poussera toujours à aller plus loin, et à poursuivre les efforts là où le commun des mortels sera satisfait.


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 18 janvier 2014 11:06

        Merci pour ces précisions Rounga. J’avais déjà écouté une conférence de Rancière au sujet de Jacotot, mais n’ai pas encore lu son livre.
        Le déni face à la pluralité des talents, des aspirations et des capacités découle selon moi de la peur du pouvoir. Si Rancière doit être demain opéré du cœur (ce que je ne lui souhaite pas, c’est entendu), il ne va pas tirer au sort le chirurgien, il voudra le meilleur. S’il doit confier sa vieille Buick de collection à un garagiste, idem, il voudra le meilleur et ne le tirera pas au sort dans le bottin. En fait, il n’y a guère qu’en politique que l’on s’imagine que le talent est, non seulement spontané, mais au même degré en chacun. Tout ça parce qu’il est, de fait, très dur de le cerner et de le promouvoir.
         
        Le talent n’est pas tout, bien entendu : la probité compte aussi et un talent mis en action sans probité est peut-être pire que l’absence de talent. Je crois que c’est en ayant à l’esprit cette triste constatation que certains préfèrent se voiler la face et dénier l’existence même du talent et de la compétence en politique.
        Plus généralement, ce qui m’énerve et m’inquiète le plus, c’est que plus on constate des inégalités, plus on se bat pour l’égalité ubiquiste, et plus l’on se bat pour ça, plus les inégalités se creusent. Mais pour faire entendre aux doux rêveurs que l’enfer est pavé de bonnes intentions et que qui veut faire l’ange fait la bête... bon courage !!!


      • vote
        concombres 18 janvier 2014 17:40

        "Rancière part du présupposé d’une égale intelligence entre les êtres. Pour qu’une telle idée s’impose, il faut la démontrer rigoureusement, la faire passer du statut d’opinion à celui de connaissance objective."

         

        Au risque de me répéter, non, le présupposé égalitaire tout comme le présupposé inégalitaire n’ont pas vocation à restituer ou à décrire la réalité, mais c’est un axiome. Un axiome comme vous le savez n’ a pas a être démontré.

         

          "On ne fait jamais que vérifier l’axiome que l’on s’est donné" dit-il

         

        Il donc est absurde de vouloir faire du présupposé égalitaire une connaissance objective puisqu’il ne s’agit pas d’une connaissance mais dune manière d’appréhender la connaissance.L’égalité s’exerce, l’inégalité, elle, restera un constat inéluctable.

          "La raison du maître ignorant , elle , pose l’égalité en axiome à vérifier . Elle rapporte la situation d’inégalité du rapport maître-élève non pas à la promesse d’une égalité à venir - et qui ne viendra jamais - mais à l’effectivité d’une égalité première : pour que l’ignorant fasse les exercices que lui commande le maître , il faut déjà qu’il comprenne ce que le maître lui dit. Il y a une égalité des êtres parlants qui précède le rapport inégalitaire et conditionne son exercice même . C’est cela que Jacotot appelle égalité des intelligences . Cela ne veut pas dire que tous les exercices de toutes les intelligences se valent . Cela veut dire qu’il n’y a qu’une seule intelligence à l’oeuvre dans tous les apprentissages intellectuels."

         

        Autrement dit le progrès est toujours l’autre face d’un retard. La réduction de la distance ne cesse de la réinstaurer et de vérifier ainsi l’axiome inégalitaire.

          

        Dans Présupposé vous pouvez voir supposé qui signifie qu’il n’y a aucune prétention à l’objectivité, et le suffixe pré - qui signifie qu’il s’agit d’une supposition en première instance, à priori, et qu’elle n’a aucune prétention à être efficiente par la suite. Il s’agit ici d’une METHODE, d’un angle d’attaque de la réalité et non d’une doctrine comme vous la décivez. Rancière ne remet donc ABSOLUMENT PAS en cause la réalité objective des inégalités - si il doit se faire opérer il choisira donc un chirurgien sans qu’il y ait la moindre entorse à sa pensée philosophique.-

          

        Il en parle ici


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 18 janvier 2014 22:51

        Vous confondez, à moins que ce ne soit Rancière.
        Un axiome doit être évident, hors il n’est pas évident que tous les êtres soient égaux en intelligence. Ce que vous énoncez n’est pas un axiome, c’est un postulat. Et un postulat, on l’admet ou on l’admet pas. Le vôtre, je ne l’admets pas. Vous m’auriez dit "l"homme est un être rationnel", je vous aurais répondu "voilà un axiome".
         
        En outre, le postulat que vous avancez, "tous les hommes sont égaux en intelligence", nous l’avons déjà adopté en vain. Prenez l’"affaire" Dieudonné. On considère en amont que tous les hommes sont égaux en intelligence et qu’ils sont donc capables du même recul intellectuel. Or, voilà un comique qui flirte avec l’antisémitisme au second degré, et l’on se rend compte que tout le monde ne possède pas l’intelligence du second degré, soit qu’il ne l’a pas entretenu, soit qu’il y est tout simplement incompatible intellectuellement. Eh bien pour ne pas déroger à votre postulat - l’égale intelligence de tout le monde, pourtant purement formelle - le gouvernement se retrouve contraint, en amont, de brider la liberté d’expression afin, je cite, d’"endiguer la contagion des cerveaux malades". Voilà où l’on en est dans ce domaine en refusant de prendre en compte le cruelle réalité des choses : l’innée pluralité des êtres. Le culte de l’égalité postulée nous pousse à en rabattre sur nos libertés.


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 18 janvier 2014 23:36

        "OR", et non "hors". Pfff, il faut que j’arrête moi...


      • vote
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 20 janvier 2014 01:58

        @Concombres : "Au risque de me répéter, non, le présupposé égalitaire tout comme le présupposé inégalitaire n’ont pas vocation à restituer ou à décrire la réalité, mais c’est un axiome. Un axiome comme vous le savez n’ a pas a être démontré.

         

         "On ne fait jamais que vérifier l’axiome que l’on s’est donné" dit-il"


        Si un axiome n’a pas à être démontré c’est parce qu’il fait partie des évidences à partir de quoi on démontre tout le reste. En l’occurrence, c’est l’inégalité entre les hommes qui se présente avec une évidence axiomatique, aussi bien au plan de la puissance vitale que dans le domaine de l’intelligence. Ce que l’on peut postuler, c’est la nécessité d’une égalité de droit. Certainement pas la réalité d’une égalité intellectuelle. 


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        ramana ramana 17 janvier 2014 13:10

        La démocratie, ce serait le corps tout entier qui se dirigerait lui-même, ventre et cerveau compris, ce qui ne reflète en rien la conformation humaine et la hiérarchie des fonctions, même si chez certains c’est le ventre qui prime sur le cerveau supérieur. Alors, ce n’est en somme qu’une théorie qui, bien que relativement consensuelle, porte en elle ses propres contradictions, et dont la supposée application n’a toujours été (et n’a toujours pu être) que le résultat d’une illusion soutenue par un discours biaisé et manipulatoire. Cette théorie indigente selon laquelle le peuple en son entier pourrait se diriger lui-même nécessite, de par la nature même du discours manipulatoire nécessaire à son entretien, des propagandistes conscients de l’illusion, et des idiots et (ou) carrièristes utiles. Je dirais que tous les individus arrivés à un niveau élevé de pouvoir ne peuvent qu’être des propagandistes conscients compte tenu de leur vision panoptique sur le système et ses aberrations. Ainsi, il va de soi que ces gens de pouvoir n’ont pas une grande spiritualité, puisque leur petite vertu les autorise à tromper leurs semblables pour des motifs méprisables. Questionnez-les en privé, et ils vous diront, bien sûr, que puisque la démocratie est le "moins mauvais système", il reste louable de "cutiver l’opignon" pour la bonne cause ; mais lorsque nous voyons à quel niveau de compromission et de mensonge ils peuvent descendre pour cette bonne cause, on se demande bien quelle sera la fin justifiée par de tels moyens. Et l’on se dit que l’entretien d’un système dont les fondements sont biaisés ne peut qu’appeler à sa tête une fausse élite elle-même biaisée. Et d’ailleurs, le concept de démocratie laisse t-il une place à la notion d’élite ? Je laisse ci-dessous un passage de René Guénon qui s’exprime sur la démocratie :
        « c’est là une véritable impossibilité, une chose qui ne peut pas même avoir une simple existence de fait, pas plus à notre époque qu’à n’importe quelle autre ; il ne faut pas se laisser duper par les mots, et il est contradictoire d’admettre que les hommes puissent être à la fois gouvernants et gouvernés, parce que, pour employer le langage aristotélicien, un même être ne peut être « en acte » et « en puissance » en même temps et sous le même rapport. Il y a là une relation qui suppose nécessairement deux termes en présence : il ne pourrait y avoir de gouvernés s’il n’y avait aussi des gouvernants, fussent-ils illégitimes et sans autre droit au pouvoir que celui qu’ils se sont attribués eux-mêmes ; mais la grande habilité des dirigeants dans le monde moderne, est de faire croire au peuple qu’il se gouverne lui-même ; et le peuple se laisse persuader d’autant plus volontiers qu’il en est flatté et que d’ailleurs il est incapable de réfléchir assez pour voir ce qu’il y a là d’impossible. C’est pour créer cette illusion qu’on a inventé le « suffrage universel » : c’est l’opinion de la majorité qui est supposée faire la loi ; mais ce dont on ne s’aperçoit pas, c’est que l’opinion est quelque chose qu’on peut très facilement diriger ou modifier ; on peut toujours, à l’aide de suggestions appropriées, y provoquer des courants allant dans tel ou tel sens déterminé ; nous ne savons plus qui a parlé de « fabriquer l’opinion », et cette expression est tout à fait juste, bien qu’il faille dire, d’ailleurs, que ce ne sont pas toujours les dirigeants apparents qui ont en réalité à leur disposition les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat ». La crise du Monde moderne, pp. 88-89.



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