Le pain, le vin, et... le %
Quel est le point commum entre tous les candidats et leurs états-majors respectifs ? Un mot d’ordre et un seul. Et lequel ? Eh bien, celui-ci : "On ne commente pas les sondages !"
C’est le nouveau et lassant refrain à la mode.
Sur toutes les radios, sur tous les plateaux télé, dans tous les entretiens, la même phrase débitée avec le même sourire faux, le même rictus dégoûté :
"Ecoutez, je ne suis pas là pour commenter des sondages... "
Quand ce n’est pas le fin du fin :
"Oh, vous savez les sondages, on a bien vu par le passé ce que ça a donné !"
Moi, ça me fait doucement rigoler.
Parce que la vérité, c’est qu’ils carburent tous à ça : aux sondages.
Ils sniffent de l’IPSOS quotidiennement, fument du BVA par kilogrammes, s’envoient de l’IFOP pur, prennent du TNS-SOFRES en pilules, s’injectent une dose massive de CSA.
Et si ça ne suffit pas, y a le petit "képa" cadeau, la petite fiole de l’Opinion-Way, Subutex sondagier commandé gracieusement par Le Figaro.
Le politique ne commente pas les sondages, non, mais en douce, s’extasie de tous ces étourdissants pourcentages, de toutes ces photographies psychédéliques.
Le politique ne commente pas les sondages, non, mais quand ces derniers lui apprennent qu’il perd trois points, alors, comme par hasard, il nous sort un ministère de l’Immigration et de l’identité nationale, et dans les enquêtes d’opinion, bam ! C’est reparti comme en 40 !
Le politique ne commente pas les sondages, non, mais s’il y stagne, il renvoie une seconde fois les éléphants au cimetière et fait donner la Marseillaise deux fois.
Le politique ne commente pas les sondages, non, mais s’ils lui confirment que tous les clignotants sont au vert, imprudent, il nous plagie la révolution orange, l’ukrainienne, et vlan, il se prend un coup de froid dans le BVA et l’IPSOS.
Le politique ne commente pas les sondages, non, mais il prend tout de même un malin plaisir à nous rabâcher qu’il fait la course en tête depuis trois mois fermes.
Même qu’emporté par son élan, il va même jusqu’à concéder que cette élection, eh bien, il commence à pas trop mal la sentir.
Qui peut lui faire croire une chose pareille sinon les sondages qu’il se refuse pourtant à commenter ?
Mais s’en souvient-il, le malheureux, que le 23 avril 1995, il les accusait, les sondages, de nous avoir menti, menés en bateau, roulés dans la farine ?
S’en souvient-il, le politique, de ce dimanche 23 avril 1995, où, EN PUBLIC, il faisait le procès de ce qui lui sert aujourd’hui de came quotidienne ?
Visiblement non.
Les politiques ont, voyez-vous, la mémoire courte.
Et les promesses faciles.
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