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Accueil du site > Actualités > Médias > Bourdieu : Sur la télévision

Bourdieu : Sur la télévision

En ces temps où les médias dits "mainstream" sont vivement critiqués, il est intéressant de voir ce que Pierre Bourdieu disait à leur propos. Selon lui, "la télévision est un lieu de censure" mais pas simplement de censure politique ou économique (cette analyse étant d’après lui trop simpliste). Il tente de démontrer "toute une série de mécanismes qui fait que la télévision cache". Pour Bourdieu, la connivence est inconsciente et "les manipulateurs sont aussi manipulés qu’ils manipulent".

Tags : Société Télévision Censure Médias




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25 réactions à cet article    


  • 3 votes
    Le vénérable du sommet (---.---.131.126) 20 juin 2009 19:20

    Très intéressant Merci !! smiley


    • 0 vote
      Popu (---.---.255.244) 20 juin 2009 21:53

      Bon, ça gagnerait à être concis, voire linéaire -puisque si peu de vérités nous sont ici révélées ! Bourdieu a raison, certes ; d’ailleurs, comment pourrait-il avoir tort quand il fait état d’évidences ? Donc, nul besoin d’occuper une chair au Collège de France pour dispenser pareilles platitudes.

      Je l’ai lu, le gaillard -un peu s’entend ; n’abusons pas !- et je me suis accroché pour ne pas céder à l’ennui, voire au sommeil !

      Autant je bois les paroles de Soral, autant ce sociologue d’Etat, faux contestataire mais véritable idiot utile au pouvoir en place, m’endormit de ses bourdieuseries -comme jadis on roupillait au fond des églises au son des bondieuseries !

      L’Université a consacré de tout temps, il faut l’avouer, une belle bande de tartufes. Ah, Alma Mater, que de litanies tu dispensas ! Hier, c’étaient les Deleuze, Derrida et autre Bourdieu. Aujourd’hui, ce sont ces fameux experts envahissant les plateaux de télévision et nous rebattant de soporifiques propos, sans que rien de constructif ne perce de ces brumes intellos.

      Bon, lisons Michéa, Lasch et relisons-les inlassablement ! Mais sevrons-nous de ces autres faibles d’esprit, il en va du salut du monde !


      • 10 votes
        (---.---.230.183) 21 juin 2009 06:59

        Quel mépris quand même... Vous buvez les paroles de Soral mais ne pouvez souffrir les bourdieuseries... Grand bien vous fasse.

        Sauf que Soral est ultra-politisé, là où Bourdieu a toujours refusé de collaborer avec le système médiatique, là où vous l’accusez d’être un idiot utile au système... C’est un peu gros, et un peu facile.

        Ecrivez donc votre propre prose sociologique, et vous verrez comme l’art est difficile, quand la critique est facile. Bourdieu a le mérité d’énoncer simplement - ce que appelez platement - des vérités sociales qui ne sont pas si évidentes aux yeux de tout le monde, puisque tant de gens continuant de "boire les paroles" des médias tels que TF1.

        Or il ne s’agit pas de boire les paroles de penseurs qui nous livrent une pensée pré-mâchée - précisément ce que Bourdieu dénonce d’ailleurs - mais bien d’arriver à se décrocher de la pensée toute faite et des idées reçues pour arriver à penser par soi-même, construire sa propre pensée cohérente et ainsi devenir, quelque part, libre. C’est la première étape vers une façon de vivre en commun qui soit libérée des dogmatismes et des conditionnements si puissants qui maintiennent une société inique en place.


      • 3 votes
        Diederick (---.---.29.171) 21 juin 2009 11:16

        A (IP:xxx.x95.230.183) le 21 juin 2009 à 06H59

        Vous avez raison dans ce commentaire.

        Comme Bourdieu le dit, la "télévison" est "un système" a part entière qui génère par l’interieur a travers des acteurs concerné un produit qui n’est pas forcement de l’information, qui n’est pas forcement de la transmission de savoir et de connaissances.

        Avec cet exposé, nous pouvons nous interroger sur les conditions qui influent les productions intellectuelles, esthétiques, philosophiques etc, et aussi de l’originalité des réflexions , des analyses...la télévision organise le consensuel...

        Il y a peu, Monsieur Bilger a écrit un billet tout en nuances qui tout en interrogeant, trouverait une réponse dans les propos de Bourdieu.


      • 2 votes
        Diederick (---.---.29.171) 21 juin 2009 11:23

        Boudieu parle de la violence au sein des organes de la presse.

        A la réflexion, tout systeme humain est empli de violence : il est possible de la trouver dans une usine tant les acteurs recherchent et agissent pour et par des rationnalités divergentes. S’il est commun de penser que dans les entreprises la violence est permanente, le milieu de la presse est peut-être le milieu le plus violent qu’il soit car il contraint la pensée et la production de celle-ci.

        Le débat est ouvert...pour ou contre cette dernière proposition ?


      • 4 votes
        tehalo (---.---.35.122) 21 juin 2009 12:31

        Décidément j’ai du mal avec les soraliens. D’autant que Popu reprend probablement un extrait télévisé des "évangiles" de son maître. Un soir où le "résistant" "antisystème" était complaisamment rendu sur le plateau de Taddéi, la queue frétillante, l’aboiement légèrement salé et le museau prêt à épater, il y était allé de son petit jet de salive : Bourdieu est un "idiot utile du système". On avait déjà entendu des choses ressemblantes à la télévision, quand le sociologue était encore en vie. Mais reconnaissons à Soral la trouvaille du slogan (Beigbeder doit être jaloux).

        Soral parle de Michéa, Michéa ne parle pas de Soral. Désolé pour le salut du monde Popu, pour ma part je continuerai à lire Bourdieu (et avec admiration "L’ontologie politique de Martin Heidegger") en sus de dizaines d’autres auteurs d’horizon différents. Et pour ce qui est de Soral non seulement il use et abuse d’un slogan commode sans dépasser l’attaque ad hominem, mais en plus je le soupçonne d’avoir piqué le concept de ses livres à Georges Lucas quand il a commercialisé sa première figurine starwars.


      • 6 votes
        Diederick (---.---.134.86) 21 juin 2009 13:35

        A tehalo (IP:xxx.x7.35.122) le 21 juin 2009 à 12H31

        A l’inverse de l’attitude de Bourdieu qui a pris bcp de distance vis-a-vis de la "machine à informer", Soral plonge avec délice dans l’aquarium cathodique. L’un a été à la notoriété avec le calme de la réflexion, l’autre y court comme un dératé, le discours emplis de slogans sans réflexion sérieuse.

        Finalement Soral est bien ce personnage qui a besoin de la télévision pour "se produire"....

        Soral est plus un personnage de Balzac qu’un penseur, et comparer Bourdieu à Soral rélève d’un esprit plein d’humour.

        Finalement le locuteur supra, dit plus de lui-même que du fond qui nous occupe. Nous aurons compris qu’il n’aime pas ce qui est intelligent.


      • 1 vote
        3.14 3.14 21 juin 2009 19:53

        Oui Bourdieu est utile au Système car il enlève aux propagandistes leur responsabilité individuelle et leur permet d’effacer leurs éventuels sursauts de conscience. Il les dédouane aussi de tout jugement moral du peuple : ils ne sont pas coupables, ils ne sont que des agents...blablabla. Pour prendre une analogie simple, c’est comme si on avait dit après la Libération, "Il n’y aura aucun procès, aucune condamnation envers ceux qui ont trahi leur patrie, leur peuple, qui ont collaboré avec l’ennemi, car, voyez-vous, ils n’étaient que des agents de la machine, il y avait des causalités exogènes (mais je bourdieurise), c’était l’Occupation voyez-vous, alors le mouvement de la machine faisait que ses agents étaient entrainés vers la dénonciation, la trahison, le crime. Que certains sans honneur aient profité de ces temps à des fins carriéristes, individualistes, provoquant parfois la mort de citoyens Français (juifs ou résistants) n’est pas grave, ou pardon si c’est très grave, mais il ne faut pas leur en tenir rigueur." Un tel discours a deux avantages : il efface les éventuels cas de conscience des esprits des collabos et leur évite la vindicte populaire. Aujourd’hui, c’est pareil. Avant d’être "des agents", les PERSONNES travaillant dans les médias sont des HUMAINS responsables, ils choisissent de collaborer, ils savent qu’ils ne peuvent pas aborder certains sujets, qu’ils ne peuvent pas dire la vérité, mais ils choisissent de continuer. Certes ils ont une pression, il suffit de voir les problèmes qu’à Thierry Meyssan ou même Mr Blanrue, mais si on veut échapper à cette pression c’est possible : on ouvre un site internet, on est libre, pauvre, mais libre. Les journalistes sont donc responsables de leur préférence pour la facilité, pour le confort matériel, au détriment de la déontologie et de la recherche de la vérité.

        Du reste, ces causalités exogènes ne semblent pas gêner certains audacieux comme Taddéï, qui se permet d’inviter Dieudonné ou Soral dans un débat, là ou les autres utilisent des procédés odieux de désinformation. Encore un fait qui va à l’encontre de la "pensée" de Bourdieu : pourquoi Taddéï serait-il moins soumis à la censure, il est aussi "agent" du système non ? On peut également se demander pourquoi la "machine" médiatique impersonnelle, froide que décrit Bourdieu connait des changements radicaux dans sa censure. Exemple, 1967, De Gaulle parle d’Israël et du sionisme à la télévision, ça donne ça : http://www.dailymotion.com/relevance/search/de+gaulle+conf%C3%A9rence+novembre+1967/video/x98x6c_charles-de-gaulle-27-novembre-1967_news ; aujourd’hui, on nous dit que antisionisme = antisémitisme (c’est ce que j’ai entendu pendant la campagne européenne). Comment expliquer cela sinon par le changement des PERSONNES à la tête du système, qui ont décidé que le sionisme était dorénavant un sujet tabou ? Ces PERSONNES ont décidé qu’on ne devait plus en parler, c’est un CHOIX conscient pour lequel elles doivent être juger moralement voire juridiquement, ce n’est pas un effet de leur condition d’agent.


        • 5 votes
          Robin des villes Robin des villes 21 juin 2009 20:13

          Il ne s’agit pas de dédouaner mais de comprendre. Comme dit Vergès, même Klaus Barbie a droit à un avocat. http://leweb2zero.tv/video/webrunner_07482dbb8b6e557 Mais ça ne retire en rien leur culpabilité. Le travail de Bourdieu est scientifique, il peut seulement être vrai ou démontré comme faux mais ne porte pas en lui même de couleur politique. La preuve en est qu’il peut être instrumentalisé par un coté comme par l’autre. Enfin, ça n’est que mon avis, je ne veux l’imposer à personne.


        • 0 vote
          3.14 3.14 21 juin 2009 20:48

          L’exemple de Klaus Barbie n’a rien à voir, évidemment que tout le monde a le droit à un avocat, c’est comme dire qu’on est pour la paix et contre la guerre, on ne peut qu’être d’accord et le débat n’avance pas... Je ne posais pas la question d’un point de vue judiciaire mais surtout moral, de plus, un avocat défend un cas particulier pas les agissements de groupe, Bourdieu n’a pas le rôle d’avocat mais de faire-valoir moral d’une catégorie professionnelle.

          Dire qu’il ne fait pas de politique est un euphémisme pour dire qu’il collabore, n’adhérant pas à la fable des médias libres, je ne vois pas pourquoi ces médias inviterait quelqu’un qui nuit à ceux qui les dirigent. Quand ils invitent BHL, c’est de la propagande, mais quand ils invitent Bourdieu, c’est du génie ? Si l’on critique la télé, il faut le faire jusqu’au bout et aussi critiquer les pseudo-oppositions qu’on y trouve : politiques (promotion du NPA) ou médiatiques (celle de Bourdieu). Ce dernier noie trop les responsabilités personnelles dans un charabia abstrait pour représenter un danger.

          Enfin, si la pensée de Bourdieu est scientifique, elle devrait pouvoir démonter point par point les arguments et les exemples de mon premier post, j’attends de voir ça...


        • 5 votes
          Robin des villes Robin des villes 21 juin 2009 21:58

          "Enfin, si la pensée de Bourdieu est scientifique, elle devrait pouvoir démonter point par point les arguments et les exemples de mon premier post, j’attends de voir ça..."

          Ouh là ! Pas par moi en tout cas : D’une part, je ne suis pas Bourdieu. Et d’autre part, je trouve ton point de vue tout à fait intéressant. Mais je n’adhère pas. Je pense qu’au contraire, Bourdieu dérangeait réellement la petite famille de la télé. Il suffit de voir l’hostilité de Cavada envers lui dans un des rares débats télévisés auquel il a participé. C’était dans "arrêt sur images" et cela traine en mp3 sur le web : http://algophoenix.free.fr/bourdieu2_asi_200196.zip


        • 3 votes
          Diederick (---.---.87.98) 21 juin 2009 22:14

          a 3.14

          Ce que vous ne semblez pas saisir dans le propos de Bourdieu, est qu’il ne s’agit pas de censure , ni même d’auto-censure. Il tente de montrer que des dispositifs dont les finalités semblent évidentes et claires, sont mises à mal par l’interaction des acteurs engagés dans ce dispositif.

          Que la production de masse dans l’industrie de l’information se heurte aux comportements divergents de ces mêmes acteurs participants. Ce sont bien des interactions divergentes qui biaisent le contenu. Bourdieu montre que ’la machine de l’information’ par l’image génère de la distorsion de sens, laisse les finalités incomplètes , bref, il y a du bruit.

          Ce qui est intéressant aussi, à mon sens, c’est que Bourdieu montre que 1984 n’est pas possible et restera une utopie bien que le danger d’une dictature de l’information soit possible mais pas en les termes du fonctionnement actuel de cette industrie.

          En fait, c’est d’incomplétude qu’il faudrait parler concernant la télévision et non de censure.


        • 4 votes
          Diederick (---.---.87.98) 21 juin 2009 22:41

          D’autres sociologues ont traité de "La Télévision"

          Bourdieu aborde aussi ce thème , celui de la "théatralisation du quotidien" et la montée dramatique du récit ds le télévisuel. Ceci est exemplaire puisque la télévision emprunte des moyens utilisés dans la fiction et parfois de la dramaturgie pour rendre compte du réel et de la "vérité" et ainsi tombe victime de son procédé et de sa manière.

          Ce qui me frappe le plus, c’est aussi le fait que Bourdieu illustre par son propos ce que la télévision parvient à faire : voler notre temps , voler du temps. La télévision construit le réel qui n’est pas la réalité...


        • 2 votes
          Diederick (---.---.87.98) 21 juin 2009 22:50

          ...et j’ajoute, qu’il n’y a là aucun dessein de contrôle, mais simplement un défaut contenu dans la nature même du dispositif télévision, sauf s’il était possible de le concevoir et d’utiliser cet outil autrement.


        • 2 votes
          Diederick (---.---.87.98) 21 juin 2009 22:55

          pour moi de toute façon, la télévision n’informe pas vraiment, elle confirme plus qu’à son tour les valeurs du moment, reproduit à l’identique, ce qui est déjà perçu convenu, en amont dans l’opinion bien avant.


        • 0 vote
          3.14 3.14 22 juin 2009 12:28

          Et bien je trouve cette analyse fausse, la télévision, c’est ce qu’on en fait, ce n’est pas une fin en soi. Pour être plus clair, je pense qu’il est tout à fait possible que la télévision informe, c’est ce que fait une chaine comme Al-Jazeera, qui ose parler du conflit israelo-palestinien du point de vue palestinien. Le problème est la soumission de la télé, si elle n’était pas soumise, elle pourrait informer objectivement, comme le fait Al-Jazeera. J’ai également entendu Michel Collon faire l’éloge de la télé vénézuélienne (et notamment de l’émission de Chavez ) qui a permis selon lui de politiser la population, de lui donner des clefs pour comprendre. Bref, critiquer le format télévisuel, c’est un peu stupide : ce serait comme critiquer les livres, l’important, ce n’est pas comment l’information transite, mais quelle information transite. Concernant la dramatisation de l’information, il a peut-être raison, mais une fois qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on a dit ? Ou : Pensez-vous que la désinformation télévisuelle est l’effet de cette dramatisation ? Il y a un moment où il faut arrêter avec ces petites abstractions bien pratiques et régler les problèmes, c’est-à-dire se poser la question : Sur quels sujets la télévision fait-elle preuve de censure et de désinformation ? Réponse : le sionisme, la politique étrangère, les guerres des USA, etc...Si vous ne nommez pas ces problèmes, vous ne résolvez rien et vous restez dans le flou, l’abstraction, le petit jeu de bobo qui veut philosopher parce que ça fait bien (surtout auprès des filles), et au final, votre critique n’apporte pas des clefs de compréhension.


        • 4 votes
          (---.---.230.183) 22 juin 2009 18:16

          @3.14

          A partir du moment où vous confondez le rôle du scientifique (sociologue) qu’est Bourdieu, avec celui d’un opposant politique du système, et qu’en plus vous confondez allègrement le fait d’expliquer avec celui de justifier voire d’excuser, comment voulez-vous avoir un débat sérieux ?

          Bourdieu n’a jamais eu la vocation que vous lui attribuez à tort de constituer un danger pour le système, et si son discours est compris pour ce qu’il est c’est à dire une forme d’analyse institutionnelle de nature scientifique, cela ne peut pas non plus faire de lui une caution de ce système. Est-ce que l’analyste informaticien qui fouille un logiciel pour en déterminer la structure est la pour cautionner ce logiciel ? Non... il peut dire si le système a des bugs, comment telle routine se passe, éventuellement il peut tenter d’en corriger les bugs, ou de proposer des dérivations à certaines fonctions. Le rôle de juger le logiciel incombe à ceux qui l’utiliseront, le subiront ou en tireront profit. Il se trouve que lorsque l’informaticien sort de son rôle d’analyste pour devenir usager du programme, c’est à dire une fois sorti de sa fonction professionnelle, il peut prendre une position.

          En fait, ce que vous critiquez, ce n’est pas Bourdieu, c’est la fonction scientifique... et pourquoi pas, mais alors soyez cohérent. D’autant qu’il se trouve que parmi les sociologues, quoique vous en disiez, Bourdieu reste tout de même l’un de ceux qui vont le plus loin dans la critique. Que ça ne soit pas encore assez est un autre problème...

          Que la fonction scientifique, que vous jugez sans doute froidement intellectuelle, donne lieu à ses propres dérives, est tout à fait vrai, mais en accuser Bourdieu reste assez facile... L’inverse de ce que fait Bourdieu, c’est surtout la sociologie/philosophie/politique de comptoir qu’on peut entendre à n’importe quel diner de famille. Où est-ce que cela mène ? Le mérite de Bourdieu est, même si vous n’en êtes pas d’accord, d’être un assez fin analyste du système, qui a le mérite d’en fournir une image assez fine et détaillée. En ce sens, son travail est précieux, et il change des discours brouillons, partisans et pollués par des idéologies, de nombre de grands discoureurs plus ou moins démagogues.

          Enfin, concernant ce que vous dites sur la télé, Taddéi, ou les faits qui sont occultés à la télé, finalement vous reprochez encore à Bourdieu de ne pas prendre position, et de ne pas faire assez de propositions. Nul n’est omnipotent ni omniscient. Bourdieu propose un schéma précis du système. Peut-on le lui reprocher ? A d’autres de s’en saisir et de se présenter en force de proposition... Quelqu’un comme Chomsky fait par exemple une partie de ce travail, en ce sens qu’il répertorie ce qui est dit et ce qui n’est pas dit dans les médias et l’expose... Ces deux là se complètent donc en partie dans leur approche, et in fine, ce qui fait la différence, ce n’est pas l’existence d’un Bourdieu en tant que tel, comme s’il fallait qu’il soit le messie de la cause, le super-héros capable de tout régler, c’est la présence de suffisamment de personnes vigilantes qui comprennent finement les données du problème, se complètent, et de ces réflexions peuvent ensuite émerger des propositions et alternatives que chacun est à même de faire.

          Si Taddéi a le courage (ou l’outrecuidance diront certains) d’inviter Dieudonné, ou Chavez le culot d’animer une émission de télé, c’est bien parce qu’ils sont capables de faire leurs propres choix, certes, mais ça n’empêche pas que la plupart, dans ces milieux, ne prendraient jamais de telles initiatives, parce que ces initiatives sont découragées par des mécanismes qu’il importe fortement de comprendre, pour pouvoir les déjouer et les contrecarrer. L’action sans la réflexion n’est rien, et plus la compréhension d’un problème est fine et subtile, plus l’action a des chances d’être efficace.

          Pour conclure, il est facile de se gargariser entre vous et popu d’être entre personnes de bonne compagnie, encore faudrait-il savoir si il est opportun de critiquer Bourdieu, malgré tout ce qu’il apporte au débat, au lieu de critiquer sa fonction scientifique, qui n’est certes pas exempte de tout défaut, mais qui apporte aussi une rigueur bienvenue dans ce type de problématique.

          Et bravo si vous avez lu ce commentaire jusqu’au bout...


        • 2 votes
          3.14 3.14 22 juin 2009 21:06

          Prétendre que la sociologie est une science est je crois totalement faux, enfin il faut préciser ce qu’on entend par science. L’étude des mathématiques ou de la physique me paraissent être des domaines où l’on peut effectivement se revendiquer parfaitement neutre pour la simple raison que les atomes ou les chiffres ne sont pas des êtres humains, que ces atomes et ces chiffres n’ont pas d’intérêts dans les résultats des travaux du chercheur. Mais quand il s’agit des Hommes, les choses changent. Déjà parce que l’Homme n’est pas une machine, qu’il est divers et qu’on ne peut pas tirer des lois universelles et toujours vraies de son comportement, contrairement à celui des atomes. Une hypothèse scientifique est soit bonne, soit fausse (à condition qu’on puisse réaliser l’expérience nécessaire), on ne peut pas prouver les choses de manière si nette en sociologie. Et surtout, le travail du chercheur peut avoir un impact sur le sujet, sur toute la société, et en premier lieu pour un sociologue d’état, sur ses patrons. Bourdieu a des intérêts dans la description qu’il fait de la société, Einstein n’en avait pas dans sa description de la physique quantique. Voilà pourquoi il est ridicule de se prétendre scientifique quand on est sociologue. Concernant son rôle de critique, cela devrait être je crois celui de tous les intellectuels car ils ont le devoir moral d’essayer de faire avancer la société vers le Bien Commun. Un sociologue travaille en théorie pour améliorer la société, la description pure n’est pas une fin en soi (et est de toute façon impossible). Ce Bien Commun, ou Intérêt Général si vous voulez, est rarement défendu par le Système en place, et surtout pas par celui que nous connaissons, voilà pourquoi chaque intellectuel devrait le critiquer. De plus, la description d’un Système conduit automatiquement à la critique*, cette critique y est même incluse. Prenons quelques exemples : Le siècle des Lumières. Description : l’aristocratie domine par des privilèges le reste de la société. Solution -> Fin des privilèges, instauration de l’égalité politique entre les Hommes, Révolution Française. Karl Marx. Description : la bourgeoisie exploite économiquement les travailleurs. Solution -> Donner les pouvoirs politiques et économiques aux travailleurs, communisme. Pierre Bourdieu. Description : la machine médiatique oblige ses agents à se censurer. Solution -> Euh...détruire les antennes de télé ? Interdire toute diffusion télévisuelle ? Je ne vois pas quoi faire d’autre puisque le problème c’est la "machine" et non les "agents", nous ne pouvons avoir aucune prise sur cette "machine", seulement sur les personnes qui la compose, mais si ce n’est pas elles le problème, on n’avance à rien.

          Ce que je veux vous montrer c’est qu’une description juste contient en elle-même les solutions. Voici une suggestion de critique de la télé : 2009. Description : la télévision ne parle pas de sujets pourtant capitaux. Ces sujets sont : le sionisme, le mondialisme, le 11 septembre, etc... Solution -> Virer tous les sionistes, atlantistes, empêcher les pressions (licenciements...) que subissent les journalistes lorsqu’ils tentent d’aborder ces sujets, etc... Voilà un point de départ qui serait intéressant et tout à fait possible à réaliser pour résoudre notre problème. La pensée de Bourdieu, puisqu’elle ne propose pas de solutions, ne menace pas le Système, parce qu’elle ne le menace pas, elle y collabore, elle nous éloigne en effet des solutions concrètes qui pourraient être apportées.

          *Contrairement à la description d’un objet scientifique qui est tel qu’il est, personne ne prétend que les molécules fassent mal ce qu’elles font.


        • 3 votes
          (---.---.230.183) 23 juin 2009 10:18

          C’est la méthode sociologique qui se veut être une méthode scientifique. Qu’il y ait une différence fondamentale entre les sciences dites humaines et les sciences dites "dures", ou "exactes", je vous l’accorde.

          M’enfin effectivement si pour vous la politisation est un but en soi, ce qui implique la critique des agents plutot que l’analyse systémique, pourquoi pas, et cela justifie en effet d’attaquer Bourdieu en tant qu’agent de cette science qui ne cherche pas spécialement à défaire ce qu’elle observe.

          Ceci étant dit, vous ne pouvez pas nier (je crois même que c’est en filigrane ce que vous dites) qu’il existe dans cette société une grande force d’inertie, qui est précisément induite par la machine. Donc vous dites d’un côté qu’il faut s’attaquer aux agents de cette "machine", quand Bourdieu se contente, de son côté, de décrire cette machine.

          Moi je crois que c’est important de la décrire, pour réaliser la force d’inertie qu’elle impose, et tout ce que ça implique, au niveau des agents. Il est facile de dire qu’il faut s’attaquer aux agents (les sionistes, les capitalistes-mondialistes ou les journalistes langue-de-bois) sans comprendre en quoi ils sont prisonniers de mécanismes. Mais là on est dans le militantisme, plus dans la sociologie... Pourquoi pas, mais reprocher aux sociologues de ne pas être dans le militantisme est pour moi un abus. C’est quelque part un déni de ce qu’on veut combattre. Si l’on veut combattre le système mécanique, il faut oser dire que la méthode des sciences humaines fait partie de l’inertie du système, en tant que science.

          Si l’on prend par exemple la psychologie dans tout ce qu’elle englobe (psychanalyse, soins aux personnes inadaptées) il y a en elle un biais énorme qui participe à l’inertie de la machine (ce serait long à développer). Bourdieu le dit-il ? Un autre sociologue le dit-il ? Je n’en sais rien et à vrai dire je m’en fiche, je n’ai pour ma part pas besoin de soit tirer sur l’ambulance Bourdieu, ni de le prendre comme modèle de critique institutionnelle. Ce qu’il dit est intéressant, il fournit une carte partielle du système. Cela me suffit. Qu’il n’aille pas assez loin, peut-être, mais ce n’est pas son rôle. Chaque "agent" profite du système... Nous sommes donc au coeur de ce que vous dites, et en cela je vous rejoins. Mais à ce moment là, disons le tout net, Bourdieu n’est ni une exception, ni le pire. On peut à la rigueur lui reprocher de borner le débat...

          Mais à cette inertie, tout le monde participe, et en effet surtout les scientifiques, psychologues et autres analystes... Ceci étant, je vais aller plus loin que vous. Je pense que tout le monde, et pas seulement ces gens-là, entretient le système. Il ne s’agit pas simplement de regarder ou ne pas regarder la télé. Le simple fait d’exister dans ce système, de payer et d’être payé pour y vivre, l’entretient... L’inertie dépasse donc de très loin le cadre de quelques scientifiques frileux...

          Les médias ne sont que l’un des piliers de l’inertie du système. L’argent en est un autre, qui permet la corruption aux plus hauts niveaux de l’état jusqu’au plus bas niveau des couches populaires, puisque nous en dépendons tous.

          Vous direz que je m’égare dans une critique radicale, mais tant qu’à critiquer la machine, autant le faire dans son ensemble, alors, et ne pas tomber dans les biais politiques, qui font tout autant partie, et d’une manière encore plus pernicieuse, de cette inertie, car s’impliquer dans la politique donne l’illusion d’exercer une force contre le système, alors même qu’on y participe...

          Il n’y a qu’à voir la manière dont est médiatiquement discrédité le parti antisioniste des Dieudonné-Soral, avec lequel je ne suis d’ailleurs pas fondamentalement en désaccord, mais je pense qu’il y a dans ce parti une faiblesse majeure : il ne se préoccupe QUE du sionisme comme si les sionistes étaient le coeur de tous les problèmes de la terre, quand on voit bien que ce n’est qu’un rouage du capitalisme globalisant à la sauce néo-cons. Je crains qu’on n’aille pas très loin avec ça... et même qu’à la limite, avec cette contestation plutôt faiblarde dans les moyens et les arguments, on ne finisse par enterrer cette cause un peu plus profondément, ce qui au final fera le jeu de "la machine" américano-libéralo-sionisto-jenesaispasquoi.

          En vérité, je crois que la véritable critique profonde du capitalisme ancré dans une civilisation fortement ancrée autour d’un axe politico-médiatique n’existe pas aujourd’hui, de toute façon. Elle reste donc à inventer... Et là, comme je le dis depuis mon autre post, c’est à chacun de nous de l’inventer et de l’appliquer. Bourdieu et Soral (ou encore Foucault, par exemple) ne peuvent pas être les étendards de ces luttes, car ils sont tout autant l’un que l’autre des produits du système. Mais ne le sommes-nous pas tous ?

          Nous n’avons pas besoin de héros, ni de leader. Nous avons seulement besoin de nous construire une pensée critique efficace et de finir par proposer autre chose. Et pour moi quoiqu’on puisse en dire, Bourdieu y participe. Même si on peut lui reprocher de s’être cantonné dans sa démarche scientifique.


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          Popu (---.---.255.244) 21 juin 2009 23:37

          Beaucoup de baratin pour pas grand chose, Diederick ! Tu digresses l’ami, tu digresses. Et pendant ce temps, ton gentil cerveau qui engraisse.

          Bourdieu, vois-tu, c’est de la posture. Tu grattes le vernis, et bonjour l’imposture.

          Oui, depuis la nuit des temps les intellos courent après leur gourou. Elle est connue la chansonnette, l’esclave même sous de beaux habits cherchant toujours son maître. Maître à penser nous dit le dictionnaire, qui n’est pas un pense-bête !

          Par contre, "3,14", un réel plaisir de te lire ! Je me sens moins seul, avec toi l’ami... tu as du flair, une vraie intelligence. Bien sûr que le Bourdieu était un idiot utile... comme l’a été Sartre, sans parler d’Heidegger. Cette engeance, c’est victime et compagnie, délires à la Lacan comme les pleurs d’un Cioran. Alors, guère étonnant qu’avec de pareils pitres nul ne soit responsable.

          Des filles, disait Céline... Ah, il avait là raison, le flamboyant cuirassier !


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            3.14 3.14 22 juin 2009 12:31

            Merci Popu, oui ça fait plaisir de se retrouver entre gens de raison, mais je crois que nous gagnerons de toute façon sur le long terme, l’intelligence vaincra ey les millions d’impostures du système s’écrouleront, celle de Bourdieu y comprit. J’ai bon espoir, j’ai ici évoqué le sionisme sans me faire traiter d’antisémite, un bon point pour la raison et la Vérité !


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            Popu (---.---.255.244) 22 juin 2009 23:27

            Exact, "3,14", car nos rangs grandiront ! L’imposture n’a que trop duré à ce bal des tartufes où l’on avance masqué. Faux intellos, histrions politiques, autant de charlatans s’engouffrant à l’entrée. Allez ouste, fini de gigoter les cigales, d’autres veulent s’amuser !

            Oui, que de blablas insipides chez nos contradicteurs ! De la pensée molle, sans nul doute. Et ça mouline en rond pour s’écouler lentement, pareil à un étron. Finalement, ça s’oublie au passage, en apories foireuses ; diarrhéiques propos tapissant les bas fonds. Sûr que le monde, pendant ce temps-là, il ne risque guère de changer. Mais, on veille au grain camarade, et l’on se fait pressés ; à notre tour... de danser !


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              Popu (---.---.255.244) 22 juin 2009 23:29

              Aux régionales, retour de la liste antisioniste ! Et, en fanfare les garçons !


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              Sentero (---.---.231.134) 4 juillet 2009 18:29

              "Ce qui me frappe le plus, c’est aussi le fait que Bourdieu illustre par son propos ce que la télévision parvient à faire : voler notre temps , voler du temps. La télévision construit le réel qui n’est pas la réalité..."

              Je pense qu’actuellement on peut dire exactement la même chose avec Internet...


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                www.secp.cn (---.---.35.154) 14 juillet 2009 08:47


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