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Commentaire de ffi

sur Dupont-Aignan vs Besancenot : NPA et Medef, même combat ?


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ffi 26 avril 2011 19:35

Je ne vais pas trop m’étendre sur Marx (vu que je ne l’ai pas lu). Qualitativement, je ne lis que ce qui "me parle", ce qui exige une certaine forme.
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Marx abonde en définitions. Pour reprendre votre lien de conférence :
... Le salaire n’est donc que le nom particulier donné au prix de la force de travail ...
... Le salaire est la partie de marchandises déjà existantes avec laquelle le capitaliste s’approprie par achat une quantité déterminée de force de travail productive. ...
...
La force de travail est donc une marchandise que son possesseur, le salarié, vend au capital...
... Mais la manifestation de la force de travail, le travail, est l’activité vitale propre à l’ouvrier ...
... Son activité vitale n’est donc pour lui qu’un moyen de pouvoir exister ...
... Le prix d’une marchandise est déterminée par la concurrence entre les acheteurs et les vendeurs ... (NB : Marx est donc libéral...)
... Les frais de production de la force de travail elle-même sont les frais qui sont nécessaires pour conserver l’ouvrier en tant qu’ou­vrier et pour en faire un ouvrier...
...
Un nègre est un nègre ...
... La société anti­que, la société féodale, la société bourgeoise sont des ensembles de rapports de production de ce genre dont chacun caractérise en même temps un stade parti­culier de développement dans l’histoire de l’humanité ... (NB : je ne crois pas du tout à cette conception du temps linéaire et automatique).
... Le capital représente, lui aussi, des rapports sociaux. Ce sont des rapports bourgeois de production ...
... tout capital
est une somme de marchandises ...
... Toute somme de valeurs d’échange est une valeur d’échange ...
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Bref, pour moi l’inconvénient de cette forme de connaissance, qui progresse de définition en définition, comme l’étymologie de "définir" l’indique, est de "borner" dès le départ la réflexion. Il suffit qu’une seule définition soit fausse pour que tout soit faux (toutes les définitions servant à se définir mutuellement). Toutes ces définitions mutuellement reliées les unes aux autres obligent à accepter tout en bloc, ce qui est désagréable pour un lecteur qui voudrait picorer ça et là quelques concepts utiles pour librement poursuivre ses réflexions personnelles. La connaissance proposée par Marx n’a aucune souplesse.
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L’écrit de Marx s’acharne en fait à "réduire" la réalité à ses propres catégories. D’où la difficulté de lecture, puisqu’il y a beaucoup de concepts à apprendre. En fait, il s’agit manifestement d’un bourrage de crâne. M’essayer à le comprendre, m’obligerait à mémoriser toutes ses catégories, et, une fois ceci fait, je ne pourrais qu’être d’accord, vu que les définitions se définissent elles-mêmes mutuellement et circulairement. C’est un dispositif d’enfermement idéologique. C’est une "réduction de tête". Il y a un coté ésotérique, pour "initiés".
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Personnellement, j’aime picorer les concepts de-ci-de-là, et ma réflexion procède plutôt par "substitutions en analogie" en partant d’un fait concret que je sais vérifié. Au contraire, Marx oblige à fonder sa propre compréhension de la réalité à partir de la foule des concepts très abstraits qu’il fonde. L’idéalisme est donc premier chez lui. Pour le marxiste, les reperceptions (= les perceptions issues de la mémoire) des définitions dogmatiques qu’il a fait l’effort d’apprendre, font office de filtre, de guide, de tuteur à sa perception du réel, ceci dès avant la formulation du fait considéré, créant ainsi un tropisme systématique à sa réflexion. Par conséquent cela mène à un certain nombre de propos stéréotypés et à certains aveuglements.
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J’aime trop avoir la liberté de reformuler les problèmes de milles manières différentes pour apprécier ce genre de théories sophistiquées. A toujours formuler les choses de la même manière, on trouve toujours les mêmes types de solutions. Quand une formulation a mené à des solutions erronées, il faut changer la formulation plutôt que la sophistiquer, donc substituer dans la formulation initiale le faux par le vrai.
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Si j’étais complexé par le "génie" de Marx, que je ne saisis pas, j’utiliserais les principes de sa théorie par imitation de ses phrases que j’ai en mémoire. Mais ce ne serait pas raisonnable car la mémoire est irrationnelle...
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Je ne dis donc pas que tout est blanc ou noir, je dis que je ne suis pas fan de m’équiper de certains prismes qui vont conformer mes pensées dans un moule préconçu, si ceux-ci ne m’apparaissent pas clairement vrai du premier coup.
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Ce qui m’apparait clairement, c’est que, avant la révolution "française", il n’y a pas de capitalisme, tandis qu’après, il s’étend de plus en plus... Il me semble difficile de nier cette évidence. Pourtant, à gauche, l’on continuer d’aduler la révolution et de honnir le capitalisme... C’est pas cohérent.
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Prendre la Révolution d’un bloc (comme vous répétiez de Mélenchon qui lui-même répétait Clémenceau), vous oblige à prendre le capitalisme qui vient avec... Car le capitalisme n’est pas un produit naturel d’une évolution matérielle, ni d’une lutte des classes (comme dit Marx), mais le produit d’un coup d’état ayant soumis le pouvoir politique aux pouvoirs économiques.


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