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Commentaire de ffi

sur Débat entre Etienne Chouard et Yvan Blot sur la démocratie réelle


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ffi 29 octobre 2011 11:01

E. Chouard, dans son modèle, propose une assemblée dont les membres sont tirés au sort, pour tirer parti de "la loi des grands nombres" (loi mathématique et statistique, dont on tire profit pour induire de sondages l’opinion de toute la population).
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Las, plusieurs problèmes surviennent :
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1°) La loi des grands nombre n’empêche pas la corruption de l’assemblée.
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2°) La loi des grands nombre réduit tout à une moyenne. Or les opinions ne sont pas des nombres, donc la notion de moyenne n’est pas pertinente en matière d’opinion !
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En fait, la politique gère rarement des affaires universelles (qui concernent tout le monde). La politique, en général, est utile pour régler les situations contingentes (les cas particuliers). Le problème est donc de mettre au point un régime politique qui soit universellement apte à régler les contingences.
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Il y a deux sortes de vérités, celles de raisonnement et celles de fait. Les vérités de raisonnement sont nécessaires et leur opposé est impossible, et celles de fait sont contingentes et leur opposé est possible. Quand une vérité est nécessaire, on en peut trouver la raison par l’analyse, la résolvant en idées et en vérités, plus simples jusqu’à ce qu’on vienne aux primitives (Leibniz, Monadologie, § 33).
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Le système actuel repose entièrement sur la recherche des vérités nécessaires, d’où, par exemple, l’utilisation d’une loi mathématique telle la loi des grands nombres ou encore, par exemple, cette idéologie de vouloir créer une loi parfaite (la complication que note E. Chouard). Fondé sur la raison, le système ne donne de valeur qu’aux vérités de raisonnement abstraites. La politique devient alors une simple "computation" des nécessités et confine à l’abstraction, d’où l’influence moderne des idéologies.
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Mais, comme le note Leibniz, il y a les vérités de faits, qui sont contingentes. Celles-ci dépendent de l’histoire, de la géographie, c’est-à-dire du contexte, et politiquement elles se montrent comme la divergence ou la convergence accidentelle de certains intérêts concrets.
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Or, la résolution des divergences politiques accidentelles est nécessaire, car ne pas les résoudre engendrerait des troubles sociaux. Par conséquent, la plus grosse partie de la mission du pouvoir politique est de régler les contingences, mission fort mal remplie actuellement.
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Une politique concrète de la contingence.
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Intérêt vient du latin interesse, qui signifie littéralement inter-Être. L’inter-Être est comme une corde dont deux Êtres tiennent les extrémités, ou bien comme une membrane dont plusieurs Êtres tiennent un coté. Ainsi, un Inter-Être fait contact entre plusieurs personnes. Le contact est une contingence (par étymologie). L’Inter-Être est donc un lien concret entre personnes. Puisqu’il s’agit d’un lien, l’Inter-Être ne peut être objet de propriété, mais est une copropriété. Un Inter-Être est donc un Bien Commun. Toute action sur un Inter-Être nécessite donc l’accord de chacun des concernés. L’abus de pouvoir arrive quand certains usent d’un Inter-Être, ou Bien Commun, comme leur propriété exclusive.
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La politique agit justement pour régler les divergences au niveau du Bien Commun, les divergences d’intérêt et sur les abus. La politique ne doit gérer quasiment que des contingences quand, aujourd’hui, elle ne jure que par la nécessité ! C’est l’erreur majeure de l’idéologie des lumières, qui fonde la politique sur la "computation" rationnelle des vérités nécessaires.
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Par conséquent, pour refonder une politique vraiment rationnelle, il faut prendre en compte le problème des vérités contingentes. Chaque action politique concerne la régulation d’un Bien Commun. Il s’agit pour la politique de réaliser la concorde entre ceux concernés par un Bien Commun.
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La méthode d’une politique concrète est de, suite à un trouble public :
1) déterminer le Bien Commun ou copropriété source de conflit.
2) déterminer qui est concrètement concerné par ce bien commun.
3) formuler plusieurs résolutions possibles du conflit.
4) interroger par vote uniquement ceux concernés par le conflit pour le résoudre.
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Exemples :
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Gaz de schiste
1) Bien commun -> eau de captage
2) Concernés -> tous ceux qui l’utilisent
3) Question au concernés : Êtes-vous pour ou contre l’exploitation du gaz de schiste ?
4) vote.


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