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Commentaire de Lisa SIon

sur Consommateurs pris au piège


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Lisa Sion Lisa SIon 16 mai 2012 15:40

Décidément Gilbert-Keith Chesterton est en train de conforter sa place au sein du cercle très restreint des meilleurs écrivains catholiques du XX siècle. Et pourtant qui l’eut dit à l’époque des premières années de sa carrière de journaliste britannique à la fin du XIXe siècle  ! Né en 1874, il exprima ses premières tendances chrétiennes en 1908 et fut baptisé dans l’Eglise catholique en 1922. Dès lors il n’écrivit plus que pour l’apologie de sa religion jusqu’à sa mort en 1936.

C’est un évènement, car il s’agit d’un très grand ouvrage de réflexions politiques ( ce qui est rare chez Chesterton) en même temps qu’un livre visionnaire dans lequel on découvre des propos écrits il y a plus de 80 ans sans n’y trouver rien de "vieilli" !
En effet, il y est fait allusion à la crise de l’environnement, la faillite des banques, la destruction de l’agriculture et la perversité du système de la grande distribution  !

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La thèse de Chesterton est d’établir les fondations sur lesquelles doit être bâtie une société réellement humaine, respectant la famille en tant que cellule-mère de tout l’organisme social et la propriété privée qu’il faut préserver tout autant du totalitarisme collectiviste que du capitalisme "bling bling" qui ne profite qu’à une caste très restreinte de privilégiés. Cette propriété privée, ainsi définie, est la seule entité capable d’assurer la liberté des familles.

Nous avons été frappés par la pertinence du chapitre intitulé : De certains aspects du grand commerce, partagé en quatre paragraphes : Le bluff des grands magasins  ; le malentendu concernant la méthode ; l’exemple en question ; la tyrannie des trusts.
C’est étonnant on croirait que ces pages ont été écrites aujourd’hui  :

«  [...] Je pense que le grand magasin est un mauvais magasin. Je trouve mauvais non seulement au sens moral mais même au sens mercantile du terme et je pense qu’y faire ses emplettes est non seulement une mauvaise action mais une mauvaise affaire. J’estime que le grand magasin n’est pas seulement vulgaire et insolent, mais incompétent et inconfortable ; et ne nie même l’efficacité de sa vaste organisation [...]
« La vérité, c’est que les grands magasins sont surtout très commode pour ceux qui en ont le monopole. Ils permettent de concentrer le commerce en concentrant richesse dans de moins en moins de mains. Cette richesse leur permet parfois, il est vrai, de payer des salaires acceptables, mais elle leur permet aussi d’acquérir d’autres affaires plus lucratives et de mettre en vente des produits de moins bonne qualité.
Car ils sont les seuls à prétendre que leurs produits sont meilleurs qu’ailleurs, alors que nous sommes tous témoins de cas concrets où c’est précisément le contraire qui est vrai.  » [...]

« [...] La propriété privée devrait être protégée contre des criminels bien plus dangereux que de simples cambrioleurs et pickpockets. Elle a besoin d’être protégée contre les conspirations de toute une ploutocratie. Elle a besoin d’être défendue contre les riches, ceux qui généralement nous gouvernent et qui par leur fonction sont censés la défendre. Il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi ils ne le font pas. La difficulté est d’imaginer des gens qui veulent bien le faire, et non pas qui sont en train de le faire. Je veux bien qu’on nous dise que l’idéal de l’ Etat distributiste ne vaut pas le risque ni même la peine. Mais qu’on ne nous dise pas que personne dans le passé n’a jamais pris de risques, ou que les enfants d’Adam sont incapables de prendre de la peine. S’ils prenaient moitié autant de peine pour instaurer la justice qu’ils en ont prise pour favoriser l’injustice, s’ils travaillaient avec moitié autant d’ardeur pour réaliser quelque chose de beau qu’ils mettent à tout saloper, s’ils avaient servi Dieu comme il ont servi le Roi du Porc ou celui du Pétrole, le succès de notre Démocratie distributive illuminerait le monde comme les enseignes publicitaires que nos ennemis accrochent au sommet de leurs tours démentes et de leur gratte-ciels. »

IMPRESSIONNANT, n’est-ce pas ? Nous rappelons que ceci a bien été écrit en 1926 !


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