Nous tournons en rond mais il faut bien que je re-précise :)
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« Je suis bien d’accord avec vous sauf que là, ce n’est pas
DU TOUT le sujet encore une fois. La seule question qui importe,
puisqu’on parle de service public, est de savoir si la privatisation de
la SNCF AMELIORERAIT les conditions générales des usagers ou pas. On
peut toujours philosopher sur les objectifs mercantiles des
entrepreneurs, c’est sans doute intéressant dans l’absolu mais ce n’est
pas ça qui répondra précisément à la question de ce fil. »
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Le
sujet c’est de savoir si privatiser améliore ou non le duo
qualité-sécurité. Les objectifs nécessairement mercantiles sous peine de
ruine — c’est un enjeu réel et non "philosophique" ! — tendant à faire
passer celui-ci pour secondaire, ne peuvent que susciter des doutes
quant au respect des règles en termes de qualité-sécurité. Je regrette
mais c’est une donnée factuelle que ce risque de voir un opérateur privé
préférer le gain, les prix, le "visible" quitte à prendre des risques à
cet égard. Et c’est ce qui, de mon point de vue, doit porter à caution
AVANT MÊME qu’on ne parle de "chiffres" !
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J’ajoute pour ce qui
est des chiffres, que l’une des critiques émises récemment à l’encontre
de la SNCF et suite à cet accident, consiste à dire que le partage entre
SNCF et RFF pour d’une part la gestion du réseau et d’autre part son
exploitation, serait justement un point noir source d’erreurs et par
conséquent d’accidents. Le risque de voir l’information se perdre entre
les différents services serait accru, ce qui est logique, dans la mesure
où ils ne sont pas centralisés mais scindés en deux entités distinctes.
Si déjà les choses sont compliquées entre deux opérateurs, l’un gérant
et l’autre exploitant, imaginez le bazar avec x compagnies qui ne
seraient même plus liées entre elles par l’État !
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Pour creuser
le cas Free, imaginons la même chose transposée au ferroviaire avec une
entreprise qui s’installe et "squatte" les réseaux entretenus par
d’autres... en cas d’incident voire d’accident, je vous fiche ma montre
et mon billet qu’on entendra des excuses du type "c’est pas notre faute
mais celle de la compagnie y qui nous loue son réseau", laquelle
sous-traite à z qui pose les rails encore produits par une autre, etc. —
bref un système où chacun renvoie la responsabilité vers les autres et
où c’est tellement le bazar qu’on renonce à trancher. Oui c’est de
l’anticipation, oui ce ne sont que des hypothèses, mais faut-il
s’interdire de les envisager et d’en tenir compte ?
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«
Tout à fait mais si cette baisse de prix n’impacte pas la qualité du
service, je ne vois pas où se situe le problème. En revanche, à eux de
faire leur preuve ! »
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En effet pas de problème avec
cette hypothèse. Le problème tient à ce qu’ils n’en font pas la preuve,
et qu’aucun "chiffre" ne permettra de la faire sauf à tester les
probabilités sur du très long terme. Le discours pro-privatisations
consiste à dire qu’il faut privatiser pour voir si c’est mieux ; le
mien, à faire valoir le principe de précaution. Malheureusement mis à
part les spécificités d’intention que je mentionnais, et qui ne penchent
pas vraiment en faveur du privé, je ne vois rien qui permette de dire
que ce sera mieux.
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« Tout dépend du sujet proposé : là en l’occurrence il
s’agit effectivement d’une question factuelle : ’la privatisation :
est-ce mieux ou moins bien ?’ Par conséquent pour répondre à cette
question, il s’agit d’amener des éléments factuels (donc chiffrés) et
pas de faire de la morale (et là je ne m’adresse pas à vous mais à
d’autres commentaires) »
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Merci de préciser car je n’entends
pas faire la morale ni ne prétends détenir LA vérité, peut-être que je me
trompe mais je n’ai pas plus d’actions à la SNCF que de carte au PS ^^
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Je pense que vous devriez prendre du recul sur les "chiffres" qui ne sont pas le seul type de donnée factuelle.
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« Nous avons déjà des ’retours d’expérience’ : Il y a un
lien dans l’article proposé qui fait un comparatif entre l’Angleterre
ayant un service privatisé et la France. Il apparaît dans ce document
que le service privatisé en Angleterre marcherait mieux que notre SNCF
nationale...Pour autant, je n’en tire aucune conclusion définitive mais
je demande juste que des contradicteurs sérieux viennent infirmer avec
de VRAIS éléments et pas avec du sentimentalisme... »
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Chacun
sait pertinemment que l’Angleterre a connu des heures sombres avec
accidents, retards, etc., suite à la privatisation de son réseau. Les
intervenants vus à la télé ® suite à "notre" catastrophe n’ont
d’ailleurs pas manqué de rappeler que le choc est d’autant plus marquant
qu’on ne s’attend pas à ce type de problème en France contrairement à
d’autres pays dont celui de sa majesté. Citer UNE source disant que
c’est mieux là-bas ne suffit pas à invalider les nombreux flashs info
que nous avons pu voir concernant de tragiques accidents en Angleterre.
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Pour
ce qui est des chiffres, remarquez que la seule et unique source citée
est à la fois clairement partisane et secondaire. Elle ne donne pas de
lien pour accéder à la source primaire dont sont extraits seulement
quelques chiffres. Notons que les chiffres sont datés de 2007 ce qui 1)
n’est pas récent et 2) ne permet pas de voir ce que donnent les
privatisations — en vigueur depuis 1993 en Angleterre — sur le (très) long terme. Dans ce
qu’ils ne disent pas, il y a les bilans pour les autres années entre
1993 et 2013, qui peut-être allaient dans le même sens ou peut-être pas.
J’observe aussi que la démarche partisane du ou des auteurs les pousse à
attribuer les dysfonctionnement du réseau ferroviaire en 2007 à la
mauvaise gestion publique d’avant 1993, ce qui ne me semble pas une
attitude très honnête : si l’affaire était pourrie, fallait pas la
reprendre ! Enfin, notez que l’on ne définit ni ne précise le terme
"accident" : il peut s’agir aussi bien de pannes mineures que
d’accidents "de personne" dont suicides ce dont la SNCF ne saurait être
tenue pour responsable (à cet égard il est intéressant de voir que le taux de suicide en France est deux fois supérieur à celui du Royaume-Uni).
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Je
pourrais continuer longtemps comme ça mais c’est pour dire, simplement
et sans provocation, qu’on fait dire aux chiffres un peu tout ce que
l’on veut. Il suffit pour ça de mettre l’accent sur certains détails et
de rester flou sur d’autres pour valider ou infirmer telle ou telle
thèse. Une analyse digne de ce nom devrait comporter un ou plusieurs
liens vers d’une part, la source primaire dont sont extraits les
chiffres et d’autre part, d’autres analyses venant le "mettre en
concurrence" càd le contredire. Le fait d’isoler quelques données dans
un tableau de quatre lignes et d’arroser le tout de haine anti-
"fonctionnaire privilégié" — alors même que les cheminots ne sont pas
fonctionnaires — ne devrait pas être reconnu comme une source neutre et
(à lire certains commentaires) exhaustive. Elle fait par trop le jeu du
"sentimentalisme" pour en tout cas recueillir mon intérêt plus d’une
minute.
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« En tout cas, malgré nos désaccords, je vous remercie de votre courtoisie. »
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En
tant que voxien qui apprécie le débat et la contradiction pacifique
comme moyen d’évoluer ensemble, je vous remercie à mon tour pour la
vôtre.
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Cordialement.