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Commentaire de Rounga

sur La physique quantique : une révolution scientifique et philosophique !


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Rounga Rounga 26 mai 2015 22:34

Je suis pour une fois en désaccord avec Gollum. J’ai l’impression qu’il en veut à la science de ne pas considérer comme scientifique des disciplines plus ésotériques ou traditionnelles. Au contraire, je suis d’accord avec la conception moderne de la science, qui se base sur la reproductibilité des résultats : ce qui est scientifique, c’est ce qui concerne les phénomènes reproductibles et observables objectivement. Ce qui n’est pas de l’ordre du reproductible, comme la spiritualité, n’est pas scientifique. On ne peut pas provoquer à volonté une expérience de satori ou des miracles, par exemple, puisque justement ces choses-là sont de l’ordre de la grâce. Mais dénier à quelque chose son statut de science ne revient pas à le dénigrer ou à le déclarer faux. On peut très bien porter un intérêt véritable au phénomène des EMI sans pour autant considérer qu’il est du ressort de la science telle qu’elle est définie de nos jours.

En revanche, je suis d’accord avec Gollum pour dénoncer cet état d’esprit qui tend à rejeter tout ce qui sort du domaine défini par la science. Cette attitude est tout à fait ridicule, et on s’en aperçoit si on devait l’appliquer à chaque domaine de notre vie quotidienne : il ne faudrait pas tomber amoureux ou aimer un morceau de musique, car ces expériences ne sont pas de nature à être traitées par la science (puisque non reproductibles). De la même manière, l’optimisme naïf consistant à penser que la science finira par donner des réponses à tout, même aux mystères les plus intimes de l’âme me semble absurde. Le positivisme considère par avance que toute question peut se régler par une démarche scientifique, c’est-à-dire soit par induction logique à partir de phénomènes observés, soit par classification de ce qui existe, mais prendre ainsi parti pour une science essentiellement orientée vers l’objet est un préjugé qui provient en réalité de la subjectivité du savant, de son état d’esprit lié à une époque donnée. C’était la critique de Husserl à l’égard du positivisme, qui est incapable de se tourner vers le sujet qui pourtant est à la source de ce désir d’objectivité. Il y a donc un point aveugle du positivisme qui lui interdit tout fondement certain.

Pour ce qui est des scientifiques en général, je ne sais pas si tous sont vraiment imbus de ce préjugé scientiste. Les scientifiques militants pour une vision du monde débarrassée de toute spiritualité sont en général de très mauvais philosophes, et ne comprennent pas les préjugés qui déterminent leurs points de vue. Mais cela dit, ils ne sont que le sommet de la partie émergée de l’iceberg, l’autre partie étant constituée de scientifiques qui ne font pas de théorie générale du monde, mais qui sont spécialisés dans des domaines hyper-particuliers tels que la transition laminaire-turbulent qui a lieu dans la sous-couche limite d’écoulements de fluides rhéoépaississants, ou dans la porosité des roches basaltiques à haute pression dans la zone de subduction. Il n’y a théoriquement aucune contradiction entre exercer une activité de ce type (qui consiste, il faut bien le dire, principalement à recueillir des données et à essayer de leur faire correspondre une loi physique qui les décrit pas trop mal, ce qui peut être assez désespérant) et manifester de l’intérêt pour le spirituel. J’ai une anecdote à ce propos. Lorsque j’étais étudiant en maîtrise, j’ai fait un stage au sein d’un très grand laboratoire de recherche français, au sein d’une équipe composée de sacrées "tronches". Ils étaient tous assez ouverts d’esprit, et avaient même fait venir une magnétiseuse, juste pour voir si c’était vrai ou pas. Ils l’ont emmené dans une salle de manip qui avait été vidée quelques jours avant, mais qui avait contenu une cuve avec un électro-aimant extrêmement puissant. Bien que le dispositif eût été retiré depuis plusieurs jours, la magnétiseuse avait tout de même senti un "trou d’énergie" au milieu de la pièce, juste à l’endroit où l’aimant se trouvait quelques jours plus tôt. (Et impossible qu’elle ait connu cette information par un autre moyen, tout ce qui se fait dans ce labo est protégé et confidentiel). Mais je dois dire que cette équipe ouverte était une exception au sein du laboratoire, puisque toutes les autres avaient rejeté net leur proposition d’ouvrir un département d’épistémologie, chose qui avait été jugée "inutile".


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