Vous devez certainement connaître cela, Arte a fait un documentaire sur la géo-ingénierie. Pour qu’un média officiel en parle, même s’il ne fait qu’effleurer le sujet, c’est que c’est peut-être en passe d’être démocratisé, légitimé. On apprend par exemple dans Le monde ces derniers jours que les prévisions sur le réchauffement climatique sont à revoir à la hausse, alors, il faudra bien trouver un moyen pour continuer à "garder la face" et à faire avancer la courbe de la croissance.
https://www.youtube.com/watch?v=WuVMZZZRPZQ
(titre de la vidéo merdique...)
@gaijin
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Bon, vu que personne ne prend la parole, je me permets de répondre.
En ce qui concerne le ? c’est une lecture audacieuse, mais est-ce une lecture intuitive ou basée sur quelques présomptions de preuves ? Le ? depuis le livre des Odes a clairement le sens de "bonté" dans le sens qu’il cristallise l’attitude bienveillante d’un homme envers son semblable. Alors, faut-il y voir un principe "ésotérique" ou pas, on peut tout de même se poser la question. Étant donné la fortune qu’a eu Confucius, il a certainement exercé une influence jusque dans les sociétés "discrètes". J’aurais de l’eau à apporter à votre moulin, en ce sens...
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Je viens de découvrir, dans un obscur ouvrage d’un ancien militaire français de la fin du XIX siècle, qui aurait été "initié au taoïsme" le passage suivant, traduction d’un ouvrage hautement ésotérique et "secret" (d’après ses dires), Le Livre du Revers :
Voici la traduction exacte — faite d’après les caractères du livre, et sur les indications d’un savant en situation — de la troisième page de cette préface, où l’on reconnaîtra sans peine, et avec admiration, la théorie androgynique, exprimée avec une énergie et une concision étonnante, et avec des oppositions de mondes et de mots qu’on ne saurait trop faire remarquer :
" Tu adoreras ta gauche, où est ton coeur.
" Tu détesteras ta droite, où est ton foie et ton courage.
" Mais tu adoreras ta droite, où est la gauche de ton frère.
" Tu abandonneras l’âme de ton frère, pour l’esprit de sa gauche.
" C’est ainsi qu’à ton sein gauche le Dragon te mordra.
" Et par sa morsure entrera Dieu.
"La voix, sans la parole ; l’entendement, sans le son ; la vue, sans l’objet ; la possession, sans le contact :
" Voilà les gouttes de sang de la morsure.
" Prier avec les lèvres muettes, croire avec des oreilles fermées, commander avec des yeux soumis, prendre avec des mains immobiles :
" Voilà la morsure du dragon.
" Le sommeil est le maître des sens et des âmes.
" Ainsi dort ta tête sur le coeur de ton frère.
La gauche de son corps répond à la gauche de ton esprit.
" La droite de ton esprit répond à la droite de son corps.
" Que ta gauche pénètre sa gauche ; que ta droite soit pénétrée par sa droite.
" Ainsi ta pensée sera sa pensée, et son sang sera ton sang.
" La morsure du Dragon se cicatrisera ; il prendra son vol, vous serez invisibles dans ses ailes.
" Vous serez unis avec le ciel.
" Ainsi vous êtes deux, — et un, — et l’Ancien Dieu. "
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Le texte est intéressant, dommage qu’il n’y ait pas de transcription en chinois. Pour en revenir au ? ce que je trouve d’intrigant dans ce passage c’est qu’il y soit fait mention d’un "frère", qui semble bien faire allusion à un autre être humain que soi-même, introduisant un rapport dialectique comprenant deux hommes, comme le ? le laisse entendre. Il y est d’autre part explicitement fait mention de théorie androgynique. Est-ce que quelques phrases vous parlent par hasard ? Que vous puissiez en éclaircir le sens ? Pour ma part, je ne peux que constater que le passage précédemment étudié du Zhuangzi, avec le petit garçon et ses histoires de prendre le char du soleil etc., à la lumière de la glose de Cheng Xuanying, prônant l’importance du sommeil, se retrouve ici...
Si son nom personnel, Qiu ? ce n’est pas pour commémorer le lieu de sa conception obscure, c’est pour mentionner la grosse bosse de naissance qu’il aurait eu sur le front. Avec ses oreilles de chou-fleur aussi, il faut tout de suite effacer l’image du beau chérubin que l’on voit à l’écran. Ceci dit, le reportage est vraiment magnifique sur le plan des images.
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J’arrête promis, bouche-cousu !
Juste sur le début. Ce qu’on a du mal à dire explicitement, c’est qu’il est fort probable que King Kongzi soit le fruit d’un rapt : d’un viol d’une très jeune demoiselle par un vieux pervers. Ce qui ne pose "pas de souci", puisque le vieux pervers était un noble, et la demoiselle une roturière. Son petit nom Qiu ?, signifie Colline, comme pour commémorer l’endroit où sa mère s’est faite engrossée (plus ou moins de force, après on était pas là). N’ayant pas eu d’autres rejetons, King Kong — le roi sans couronne, un autre petit nom mais posthume celui-ci — a hérité de son père à sa mort : il a eu accès à l’éducation donnée aux nobles. Il a appris à faire mumuse avec son pinceau. Il pouvait aussi arborer sa grosse épée dans son fourreau en pleine ville. Cependant, sur son acte de naissance, ben c’était marqué que c’était un bâtard. Et un bâtard, ça reste un bâtard pour toute la vie.
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Un jour il se serait fait refusé l’entrée d’un banquet de noble par le portier. Il en aurait eu gros sur la patate, du coup c’est à partir de ce moment là qu’il se serait décidé à faire cavalier seul, et à voyager dans la brousse seul avec son char ; bientôt accompagné d’une ribambelle de petits disciples. Avec sa troupe de rôdeur des bois, ils se sont mis en quête d’un prince qui pourraient le reconnaître pour ses vertus, ses idées, et non par son extrait de naissance. Après en avoir connu des vertes et des pas mûres, à crever la faim, à se faire malmener sur des terres hostiles, il se serait donc mis à répéter sérieusement devant son miroir dans la forêt, et hop ça a fait les Entretiens.
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Bon, j’ironise à peine, mais s’il a eu une grande renommée à la base, ce n’est peut-être pas que pour ses idées, mais aussi pour son parcours de vie. Il a ouvert la porte à l’émergence de la vie intellectuelle en Chine, qui deviendra basée non pas simplement sur l’acte de naissance, mais aussi sur les compétences. Il y a des précédents historiques pour expliquer cette tendance — qui va se perpétuer à travers les examens mandarinaux —, mais il a peut-être contribué à faire immergé la chose. Qui sait ?
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J’arrête de monopoliser la parole... ??? !
Confucius ( fu : homme / cius : maître) = ??? ? Con - fu - cius = Le Maître des Cons.
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Bon, je suis méchant, mais c’est pas de ma faute. Quelle idée de lui donner un nom pareil en français. En chinois, c’est Kongzi ?? = Maître Trou. Déjà c’est mieux.
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Je sors...
Merci pour le partage de ce documentaire de qualité — visuelle j’entends.
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Ne l’ayant pas encore visionné, je vais m’abstenir de tout commentaire concernant la forme ou le fond du doc. Ceci-dit, je connais très bien le bonhomme.
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Si on doit tout résumer en une phrase, ce serait celle-là. C’est un dialogue fictif. Un personnage s’adresse à Confucius, qui se tient devant lui, et lui dit :
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Vous ne supportez pas la souffrance du monde, mais vous négligez [d’un air orgueilleux] le mal [qui sévit depuis] des générations, n’est-ce pas là être rustre ? Ou est-ce de la sagacité qui n’est pas arrivé à son terme ?
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? ??????????????????????????? ?
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Ou bien, dans la version de Jean Lévi, avec une phrase plus loin du texte en chinois classique, mais plus percutante.
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Sache qu’à vouloir à tout prix guérir les tares d’une époque on risque fort de déchaîner le malheur sur dix mille générations.
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En deux mots, le personnage en soi est fort sympathique, récipiendaire de la Tradition, ou du moins d’une partie (" Je transmets, et n’invente rien de nouveau. Je m’attache à l’Antiquité avec confiance et affection ???????????" Entretiens VII-1), mais ça n’empêche qu’il lui a manqué une case — un esprit critique aiguisé — pour mener à bien la mission qu’il s’était fixé : mettre un terme à la décadence déjà criante de son époque. Du coup, il a fait de la merde. Et vu qu’il a marqué son époque, et que beaucoup ont commencé à l’écouter, à boire ses paroles, au final il a fait de la merde puissance 10. Enfin, pour être précis, puissance 72, ce chiffre étant le nombre de générations qui ont défilé jusqu’à nos jours (c’est peut-être 74, je me souviens plus bien). Il s’est contenté de véhiculer la doctrine des institutions étatiques, en essayant de leur donner un visage plus "humain" (le fameux jen ? , "la vertu d’humanité" mais l’idée n’a rien de neuf).
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Pour prendre un point central de sa doctrine (c.à.d. le discours officiel de l’État), il dit que les individus ne peuvent pas aimer uniformément, de la même manière, tout le monde sur la terre. L’amour s’étend par cercles concentriques : d’abord mes parents, ma famille, mes amis etc... (sans oublier son souverain, à qui on aménage une bonne place) Du coup, mes obligations envers chaque personne de la société vont être différentes en fonction de la place que ceux-ci tiennent dans mon cercle de relation (les fameuses guanxi). À ceci va être opposé ce que va lui reprocher, après sa mort, Mo Tseu, qui parle "d’amour universel" (jian’ai ??) : lui aussi va avoir un grand succès. Je trouve ça brûlant d’actualité car la problématique — si on se place depuis leur angle de vue — n’a pas changé depuis : et les immigrés, les "étrangers", les gens "qui sont pas blancs", on en fait quoi ? -_-
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Lorsqu’on parle de Confucius, il faut bien différencier l’homme, sa vie et sa pensée telle qu’est nous est rapportée dans les Entretiens (il n’a jamais rien écrit), et
le reste. À savoir que 1 / ses disciples ont tous échoué à la comprendre entièrement son enseignement. 2 / Lorsque l’État l’a repris, bien longtemps après, pour asseoir sa légitimité — peu après
l’instauration de l’Empire vers 140 av. J.-C. —celui-ci a passablement déformé la pensée réelle du personnage historique. 3 / Pour comprendre le confucianisme tel qu’il est pratiqué
aujourd’hui, il faut savoir ce qu’est le "renouveau confucéen" ou
"néoconfucianisme" né au XIV siècle.
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@gaijin
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... soit ce sont les deux à la fois ! (c’est mon opinion, mais elle ne vaut rien, c’est un ressenti)
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Vous êtes capable de percevoir les cinq premiers corps : ça fait comme des couches d’oignons qui se superposent autour du corps physique ou est-ce que c’est autre chose ?
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En ce qui concerne les magnétiseurs, je n’en sais pas grand chose si ce n’est ce qu’on nous montre, mais ils travaillent sur "le corps éthérique" qui entoure le corps physique, à priori je pensais qu’il n’y en avait qu’un. Je ne sais pas si eux aussi peuvent percevoir différents corps.
@gaijin
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Hum, je me suis aventuré dans des terres bien lointaines, si le fait d’associer les différents corps aux différents esprits résidant dans le corps n’est pas viable, ma proposition tombe à l’eau !
@gaijin
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Dommage que vous n’ayez pas pu développer plus longuement, l’explication est passionnante ! Je vois, notamment sur le fait de "différencier clairement les choses" dans le yin yang, ça paraît être un point important en effet. Comment qualifiez vous alors cet être double ? L’homme véritable (zhenren ??, zhiren ??) ? Merci pour ces échanges en tout cas, c’est stimulant !
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Une dernière chose, qui aurait plutôt sa place dans le post sur les différents corps, hun po etc. Je ne sais pas comment vous percevez ce corps féminin, mais je serai tenté de formuler l’hypothèse qu’il pourrait être "conscientisé", "incarné", "intégré" une fois arrivé au terme de la pratique de la Grande Circulation Céleste (da zhou tian ???), ou bien avec un stade supérieur. Par le xiao zhou tian on nourrit les cinq viscères, avec le da c’est le corps tout entier, et... le septième corps... Enfin ce sont juste des élucubrations il faudrait de la pratique pour vraiment savoir, qui plus est d’autres techniques spécifiques que celles là de qigong sont potentiellement nécessaires.
@gaijin
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Merci pour ces explications, vous éclairez ma lanterne ! Je ne pourrais dire que je comprends vraiment bien tout ce que vous dites, n’étant pas versé dans la mtc, mais je peux visualiser certaines choses, le minimum en tout cas. D’ailleurs j’en viens à me demander, ça germe dans ma tête depuis plusieurs mois, que j’aimerais bien me lancer dans des études de mtc : ça me paraît être une montagne infranchissable, mais en même temps l’idée me plaît. Cela dit, il me faut d’abord finir ce que j’ai entrepris... On ne fait bien les choses qu’en étant monomaniaque, du moins sur un laps de temps assez long (pas trop quand même...). Bref.
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Votre citation du Yijing m’intrigue au plus haut point, j’ai cherché, mais pas trouvé (enfin si une phrase du commentaire wenyan de l’hexagramme Qian ? mais ça ne dit pas trop pareil). Je ne sais pas si elle est exacte, qui plus est cela m’étonnerait qu’elle provienne du texte originel, quoiqu’il en soit j’aimerais bien que vous m’indiquiez à quel hexagramme vous vous referez ?
@gaijin
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Je vois, oui c’est pas bête du tout comme idée cette erreur d’interprétation ! Je ne me rappelle plus d’où ça vient exactement le pourquoi du grand nombre de hun et po, il faudrait vérifier mais cette explication est séduisante, et surtout semble coller avec ce que dit Heshang gong.
Sur le corps éthérique ce n’est pas encore tout à fait clair. Pourquoi le second, et s’il donne accès à ce dont vous parlez, qu’est-ce que les autres corps nous réservent ? D’après ce que je comprends, en parlant de 7 corps, on parle d’au moins 6 corps éthériques. He Shangong dit que "vallée (gu ?) est égale à nourrir (yang ?)" donc la phrase "L’esprit de la vallée ne meurt pas" voudrait signifier " Si l’on nourrit ses esprits, on ne meurt pas". En nourrissant par le souffle ses cinq viscères, on nourrit déjà 5 esprits. Plus le corps proprement physique ça fait six. Il en reste 1. Ce dernier ce serait donc pas ce fameux "corps éthérique féminin" (pour les hommes) ?
@ gaijin
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Je suis désolé, je fais le petit poucet, je réponds au compte goutte. Je voulais juste vous dire que votre témoignage est très intriguant en ce sens qu’il corrobore les dires des Adeptes, les icônes alchimiques relatifs au mythe de l’androgyne, la possibilité pour l’homme de retrouver sa part de féminité. Je pense que vous avez aussi ce parallèle en tête. À moins que ce soit différent pour vous ?
C’est pareil je comprends pas (dans le commentaire de Heshang gong), il dit que le shen de cette fameuse phrase du Laozi renvoie aux"esprits" (shen) des viscères. Donc 5 esprits déjà. Et puis il dit que le shen est localisé dans le coeur. Ça me parait contradictoire, vu qu’il vient de dire que le shen se retrouve non seulement dans le coeur mais aussi dans les autres viscères. j’arrive pas à suivre la logique. En ce sens aussi, tous les po (les 7) sont un esprit ? Ou des mini-esprits qui en forment un gros ? Pareil pour les hun ? La volonté est un esprit en soi ? Etc...
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C’est du chinois...
@gaijin
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Je vous ai répondu plus haut. J’en profite pour rectifier une erreur de frappe (ou lapsus) : j’ai écrit "le corps contient l’esprit (shen)" il s’agit du coeur et non du corps...
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Quant à ma formule maladroite de ce matin à propos de "supprimer l’état"... J’entendais qu’un jour (espérons-le) il se dissoudra de lui-même.
@gaijin
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Merci pour ce précieux témoignage !
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J’avoue que ces notions de différents corps m’échappent. Vous parlez de sept corps, puis ensuite du corps éthérique, dans ce cas le corps éthérique correspond à quoi, quel corps ? Le combientième ?
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Je me trouve dans la même situation dans la tradition chinoise, j’ai pas encore trop compris la vision traditionnelle des différents esprits. Vous devez très certainement déjà connaître tout cela, on parle de "sept âmes chtoniennes ou végétatives" (qi po ??) et de trois âmes spirituelles (san hun ??), donc des esprits terrestres et célestes qui retournent chacun à leur domicile une fois la vie éteinte dans le corps de l’individu.
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Je reprends le commentaire de Heshang Gong ???, le "premier" commentaire du Laozi qui nous ait été transmis (si on place Hanfei ?? avant ou pas...). Il dit déjà sans surprise que les hun sont mâles, et les po sont femelles (correspondant respectivement au nez et à la bouche). L’esprit de la vallée ne meurt pas... ???? He Shanggong commente en disant que cela renvoie aux esprits contenus dans les cinq viscères : le foie contient l’âme spirituel (hun), les poumons l’âme animal (po), le corps contient l’esprit (shen), les reins l’essence (jing), l’estomac la volonté (zhi). Est-ce que cela peut renvoyer à 5 corps différents ? Je trouve ça un peu bizarre son explication après, genre tout les po sont tous dans les poumons ?
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J’ai conscience que les passages où j’ai introduit la notion "d’âme" pour traduire, ce n’est pas le terme adéquat, mais je n’ai pas de meilleur traduction pour l’instant, et pas le temps d’en chercher une autre.
@philouie
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Merci pour ces quelques explications sur le soufisme et l’Islam, c’est très intéressant. Le tapis de prière tel qu’il est décrit fait un peu penser à un axis mundi, principe sur lequel sont basés nos temples (églises, cathédrales etc.), mais à l’époque du néolithique ( vers 3000, 2000) c’était carrément les villes qui étaient conçues comme ça (il y a sûrement des restes un peu partout dans certaines constructions urbaines d’initiés). Le tapis est rectangulaire si je ne m’abuse, ou il peut-être carré ? Je ne sais pas pourquoi ça me fait penser aux tapis magiques perses, qui à la base représentaient des jardins, comme espace sacré symbolisant à la fois la plus petite parcelle du monde et le monde dans sa totalité.
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Sur la question des lois et de l’État, je vous suis dans le sens qu’il faudrait que l’État n’ait plus autorité à émettre de loi, mais dans ce cas, autant supprimer l’État, tout simplement, pour que subsiste seule la communauté. C’est même la seule porte de sortie viable. Après, ce n’est pas demain la veille que cela arrivera, et toute tentative de militantisme visant à cette fin ne conduirait qu’à renforcer ce même État.
@ Philouie
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Votre ange gardien (on ne citera pas de nom mais c’est une personne physique) m’a signalé que je n’avais pas bien compris votre question. Je vais tenter de rectifier le tir du mieux que je peux... sans pour autant garantir le résultat.
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Est-ce qu’il existe un taoïsme sans confucianisme comme il n’existe pas de soufisme sans orthodoxie ?
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Peut-être faisiez vous allusion à la théorie de René Guénon. Ne l’ayant pas lu, et ne connaissant pas bien le soufisme, je n’ai pas saisi toute la portée de la question. Disons qu’en posant cette question, vous suggériez que la religion chinoise soit scindée en deux, en posant le confucianisme comme la partie exotérique, et le taoïsme la partie ésotérique d’un même enseignement. D’où l’expression que rappelle Gaijin, confucéen le jour et taoïste la nuit.
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Cette vision de la religion chinoise est celle qui est dominante aujourd’hui, en Chine et encore plus à Taïwan (cherchez l’erreur). Or elle est historiquement datée et remonte au XIV siècle de notre ère avec un courant de pensée qu’on appelle le "renouveau confucéen" ou "néoconfucianisme" (en chinois lixue ??). C’est le moment de l’histoire où le confucianisme d’état pénètre toutes les couches de la société. C’est aussi le moment des grands syncrétismes, où l’on a voulu réconcilier confucianisme, taoïsme et bouddhisme dans un même système global de pensée (sanjiao yi ??? : les trois enseignements sont un). On a depuis conçu ces enseignements comme ne s’excluant pas foncièrement, et pouvant se pratiquer indifféremment — selon son humeur quotidienne aurait-on envie de dire.
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Cette période entérine le tao(ïsme) anti-politique. Le néoconfucianisme a beaucoup volé au taoïsme, influence qu’on a souvent tendance à négliger par rapport au bouddhisme. Beaucoup de taoïstes sont ainsi devenus par la suite hybrides, et rare sont ceux qui sont restés authentiques.
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C’est devenu un vrai lieu commun aujourd’hui de dire que le taoïsme est plus pertinent pour gérer tout ce qui relève de la sphère privée, le corps, et le confucianisme pour ce qui relève de la sphère publique, la vie en société. On dit ainsi — on le retrouve dans tous les bouquins — le fait que le taoïsme n’a pas de vision à grande échelle, si ce n’est un utopisme primitif très peu crédible. Ce n’est bien sûr pas ce que je pense, et Gaijin en a bien parlé. L’opposition est réelle entre ces deux courants de pensée et c’est comme ça qu’il faut comparer : taoïsme vs confucianisme. On peut donner comme point de repère un comparatisme culturel. On a chez nous christianisme vs judaïsme.
@gaijin
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Je ne sais pas si c’est parce que je suis fatigué le soir que je fais autant de faute d’orthographe et de syntaxe, enfin bref passons...
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Pour se retrouver dans la forêt des déclinaisons du taoïsme, je préfère de plus en plus pour ma part différencier le "vrai taoïsme", celui qui exprime la radicalité des profondeurs, en le nommant "les amis du tao" et renoncer au mot tao-isme. Le -isme est l’indication de ce qui fait système, quelque chose de fermé : c’est contraire à l’idée même des principes qui sont sous-tendus ici. Par taoïsme j’entends alors la somme de recettes du tao qui forme système, qu’on pourrait rapprocher directement au Huanglao ??. Le taoïsme politique, qui a pour patron Laozi et l’Empereur Jaune, fait en ce sens un syncrétisme des principaux courants de pensée de l’époque des Royaumes combattants (confucéens, moïstes, école du yin yang, légistes, dialecticiens avant une dominante taoïste) : c’est la doctrine même de l’Empire (du moins c’est autour de cette doctrine que l’Empire s’est formé, avant de devenir confucianiste).
*
Le tao-isme en tant que système ne renvoie pas forcment au Huanglao, mais aussi par exemple au taoïsme religieux (qui est directement inspiré du huanglao au passage).
*
Sur le légisme j’ai été un peu vite en besogne, j’aurai dû préciser qu’on peut tracer l’origine historique de ce courant de pensée bien avant les réformes de Shang Yang (Le prince Shang). Les principes sous-jacents au légisme tel qu’on l’entend communément, on peut le faire commencer à partir du début de la période des Printemps et automnes (env. 700-500 av. J.-C.), avec des personnages tels que Zi Chan ?? ou Guanzi ??. C’est le début de la marchandisation de la terre etc. Enfin, c’est un sujet en soi...
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Cette explication sur le chiffre 7 est très intéressante. Elle ne m’est pas familière, je vais tâcher de creuser ça pour la suite
@ Philouie
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-500 c’est assez synchrone avec le "judaisme", puisque
c’est la date de restauration d’un "judaisme" entre-guillemet, plus
antique, celle de la "reconstruction" entre-guillemet, du Temple.
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Ce n’est pas synchrone qu’avec le "judaïsme" mais avec tous les principaux foyers de civilisation à travers le monde. C’est un concept développé par Karl Jasper dans son Origin and Goal of History (l’ouvrage en tant que tel je le trouve pas très intéressant) qui s’appelle " l’âge axial " situé entre le VII et le II siècle avant J.-C. Je vous parle de ça, mais vous connaissez peut-être déjà Vous trouverez des liens pour en parler, mais on retrouve à la même époque en Chine, Confucius, Laozi, en Inde le Bouddha, en Judée le prophète Élie (et d’autres), en Grèce Socrate (et d’autres aussi). Je ne suis pas vraiment d’accord avec l’interprétation que K. Jaspers, pour moi c’est la période clef de l’histoire où l’on bascule définitivement des communautés de l’Être aux sociétés de l’Avoir (développement fulgurant et simultané quasiment des techniques). Cette période a donné à deux courants opposés selon moi : ceux qui se sont érigés contre, tentant de sauver les meubles (comme le Bouddha par exemple) et ceux qui ont tenté de réagir, mais de manière très maladroite, "maudissant"l’espèce humaine. Je pense par exemple à Platon et Aristote.
*
Dans le Zhuangzi on trouve cette phrase prononcée à l’encontre de Confucius :
« Sache qu’a ? vouloir a ? tout prix gue ?rir les tares d’une e ?poque on risque fort de de ?chai ?ner le malheur sur dix mille ge ?ne ?rations. »
? ???????, ??????, ???? ??
@ Gaijin et Philouie
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Bonsoir,
*
Je n’ai pas grand chose à rajouter, Gaijin a très bien répondu à la question, qui était effectivement très bonne. En ce qui concerne l’interprétation "dynamique" de la plaine de hsiang-tch’eng ??, celle que vous exposez rejoint tout à fait celle que j’avais en tête. Ça me soulage de savoir qu’on peut être d’accord sur l’interprétation "si subjective" (pour un "scientifique") d’un terme qui ne se veut à la base être qu’un nom propre.
*
Le mot de taoïsme est très glissant, il peut tout dire et son contraire, soyons vigilants... Gaijin dit très bien que si le "taoïsme" n’apparaît historiquement — et donc dans tous les livres qui se disent sérieux — qu’à la fin de l’antiquité chinoise (IV siècle historiquement), ses principes, sa pratique, peuvent être suggérés, par quelques éléments tangibles épars, bien avant cette date.
*
Le taoïsme "primitif" (daojia ??), tel que les historiens l’entendent, commencent toutefois avec les textes qui nous ont été transmis, à savoir le Lao tseu et Tchouang-tseu (le Lie tseu c’est le parent pauvre). Ceux-ci s’articulent, comme le suggère Philouie, en réaction au discours confucianiste — ou bien, et c’est la même chose, au discours des institutions politiques de l’époque. Mais ce sont loin d’être les seuls. Leur particularité c’est qu’ils reprennent le vocabulaire et les concepts mêmes que les puissants utilisent, mais pour les retourner contre eux. Bien qu’ils n’avaient pas conscience d’être "taoïstes", on peut considérer les auteurs de ces textes comme les premiers taoïstes historiquement connus ; à partir du moment où l’on définit le taoïsme comme courant de pensée subversif qui s’attaque directement aux institutions régnantes de l’époque, en utilisant et en amplifiant — paradoxalement — les mêmes concepts que ceux développés par les tenants du pouvoir (là ça se discute, on me dira oui mais le wuwei etc. mais je prends en compte).
*
Donc du point de vue historique, confucianisme et taoïsme n’apparaissent pas ensemble mais, comme le dit Philouie, le taoïsme n’aurait pu existé sans le confucianisme : si l’on reprend la définition du taoïsme que je viens de faire. Pour résumer, c’est le taoïsme "politique" qui voit le jour à cette période. Il s’agit en fait du taoïsme "anti-politique"et "politique" qui voit le jour en même temps, puisque le discours tenu par les textes taoïstes a été abondamment utilisé — paradoxalement une fois de plus — par les puissants.
*
Il y a de quoi manger un paquet d’aspirine pour comprendre tout ça.
*
J’aurai une petite rectification à faire cependant, sur Han Fei Tseu. Bien qu’il tienne un rôle important dans l’élaboration théorique du légisme, je ne le tiens pas pour auteur personnellement de ce courant de pensée. Le légisme n’est (pour moi) que la forme purifiée de la logique étatique, qui elle remonte à avant la période historique connue, c’est-à-dire avant 1250 env. avant notre ère. On peut situer par l’archéologie la naissance de l’État en Chine au moins vers 2000 avant notre ère. C’est l’âge du bronze. Il suffira de rappeler que Han Fei Tzeu est le disciple de Xun Tseu, lui-même confucéen : et Confucius ne fait que véhiculer la logique étatique, celui-ci ayant toutefois tenté, de manière habile et sincère, à lui donner un visage plus attrayant. En somme plus humain...
*
Ce post en nettement moins riche de sens que celui de Gaijin : je n’ai fais que donner quelques détails techniques en guise de complément... Pour résumer l’histoire et la question, il n’existe pas de taoïsme sans orthodoxie, autant qu’il n’existe pas d’arbre sans bûcheron. L’arbre était là bien avant, mais n’a trouvé son "utilité" que parce que le bûcheron a inventé une hache pour le tailler en rondelle.
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