Agression raciste : Marine Le Pen réagit à l’accusation d’Audrey Pulvar
Audrey Pulvar et Arnaud Montebourg disent avoir été pris à partie par une quinzaine de personnes, mardi soir dans le XVIe arrondissement de Paris, qui ont scandé des slogans antisémites en se réclamant de Jean-Marie Le Pen. La journaliste raconte sur Twitter :
Parmi les chants scandés sur notre passage : « Jean-Marie nous a donné la permission de minuit pour chasser les youpins de Paris", ou encore "juden, juden, juden !". Nous avons essuyé des jets de verres qui se sont brisés dans notre dos avant intervention de quelqu’un du personnel à moins que ce ne soit le chef de la meute ? Mme Le Pen cautionnez-vous ?
L’incident a été immédiatement exploité par le Parti socialiste. Interrogé par l’AFP, mercredi en fin de matinée, Arnaud Montebourg a évoqué « un climat de libération d’une parole raciste et à connotation fascisante dans le parti de Mme (Marine) Le Pen » à propos de cette agression. Il met clairement en cause le FN : « A l’évidence, c’était des militants politiques du Front national puisqu’ils criaient Bleu blanc rouge ! La France aux Français ! Le Pen président ! »
Dans un communiqué publié mercredi matin, Martine Aubry condamne également « fermement ces actes ignobles. Ils démontrent une fois de plus comment des propos de division, d’exclusion, de xénophobie, portés par des responsables politiques peuvent entraîner des exactions aussi insupportables », écrit la Première secrétaire du PS. Jean Marc Ayrault, quant à lui, a aussitôt réagi, en tweetant : « Ça prouve qu’il faut combattre sans relâche le FN qui tente d’avancer masqué, ce soir il montre son vrai visage ».
Mercredi matin, Marine Le Pen a condamné cette agression au micro de Bruce Toussaint sur Europe 1, en rappelant l’animosité que lui témoignait une certaine extrême droite (le directeur de la revue Rivarol, Jérôme Bourbon, l’a ainsi qualifiée de "démon" et d’"ennemie absolue"), qui aurait peut-être voulu déstabiliser sa campagne. La présidente du FN a aussi rappelé qu’elle était elle-même régulièrement victime de violences de la part de petits groupes d’extrême gauche. Elle a dénoncé "l’accusation très grave" portée contre elle par Audrey Pulvar.
Réponse de la journaliste sur Twitter : « Je ne sais pas si les personnes qui m’ont agressée font partie du FN, la police le dira. Marine Le Pen me demande à mon tour de condamner les agressions dont elle est victime. Je ne souhaite pas polémiquer mais a-t-elle jamais été entourée de gens vociférant qui la traitaient de "Juden" ou de "négresse" aux cris de Audrey présidente ? Suis-je à la tête d’un parti politique prônant la France aux Français ? ». Et Audrey Pulvar de conclure : « Aucune attaque raciste contre qui que ce soit n’est justifiable, et les insultes ne le sont pas plus y compris envers Mme Le Pen mais peut-être pourrions nous éviter de tout mélanger ? ». A noter que, dans cette histoire, Montebourg fait comme s’il était avéré que les agresseurs appartenaient au FN, alors que Pulvar confesse qu’elle n’en sait rien...
La violence et le racisme sont toujours condamnables. Marine Le Pen a-t-elle encouragé ces maux par son discours ? Sans doute pas. Les propos de Jean-Marie Le Pen peut-être davantage... et ceux d’autres membres, plus obscurs, de ce parti. Mais, de la même façon, les insultes régulièrement proférées contre le FN et ses électeurs (pensons à Sophia Aram parlant de "gros cons", Mathieu Madénian parlant de "fils de putes", Laurent Ruquier qui amalgame Marine Le Pen et Adolf Hitler, ou qui relaie une caricature la représentant sous forme d’étron...) peuvent aussi avoir poussé à l’inadmissible des esprits déjà quelque peu affaiblis. La violence appelle la violence... ce n’est pas nouveau. Mais les hommes n’en savent pas tirer la leçon.
Rappelons aux bonnes consciences de gauche qui, avec raison, condamnent l’agression de Pulvar et Montebourg, que Nicolas Dupont-Aignan, modéré parmi les modérés, a été bousculé et traité de nazi dans une manifestation en soutien au peuple grec, organisée par l’extrême gauche, et que personne ne s’en est ému. Ce serait peut-être le moment, non ? Jean-Luc Mélenchon l’a même plus ou moins justifié :
Je suis arrivé après que Nicolas Dupont-Aignan ait été mal reçu, je ne sais par qui, ni de quel parti, ni comment. Je suis désolé qu’il ait été maltraité. Mais il lui revient de savoir que personne parmi nous n’aime la confusion des genres politiques. Il aurait dû y penser. Il aurait dû organiser sa présence de son côté avec les militants de son parti. Personne ne les aurait empêchés de le faire. Mais venir au milieu des nôtres, comme s’il était chez lui : non. Ce n’est pas raisonnable pour lui de ne pas l’avoir compris tout seul.
Ne vous en déplaise, Monsieur Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan était bien "chez lui", comme vous dites, dans cette manifestation, comme sur n’importe quel pan du territoire national. On attend encore la condamnation unanime d’un tel dérapage anti-républicain.
MAJ : Europe 1 a recueilli le témoignage d’un employé de restaurant qui a assisté à la scène. "Il y avait des groupes de jeunes au café, la dame est passée et ils l’ont agressée", raconte-t-il. "Des insultes, ’la France pour les blancs’, des trucs comme ça, des trucs racistes", précise encore ce témoin. "Il y a eu des jets de verres mais pas sur eux. Ils ont balancé des verres, ils étaient bourrés, les mecs, ils étaient là depuis l’après-midi. Je n’ai pas vu s’ils avaient été jetés sur eux, mais j’ai vu des verres cassés", assure-t-il. Cette histoire serait-elle donc un remake de l’affaire Galliano ?
Tags : Racisme PS FN Marine Le Pen Jean-Luc Mélenchon Nicolas Dupont-Aignan Arnaud Montebourg
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