Si le travail devient gratuit, alors tout doit être gratuit.
Il faudrait peut-être rappeler aux dirigeants britanniques
que, jadis, les esclaves n’étaient pas payés mais étaient logés, nourris et
soignés aux frais de leurs propriétaires. Le bétail humain était un capital sur
lequel il fallait veiller et ça coûtait la peau des fesses.
Ceux qui craignent le retour du fascisme sont en dessous de
la vérité. C’est de barbarie pure et simple qu’il s’agit.
Avez-vous vraiment la naïveté de croire que le libéralisme
peut se maîtriser lui-même ?
Sérieusement... ?
Il est pourtant clair qu’il ne s’agit là que du dernier outil pondu par le
capitalisme mondialisé pour faire main basse sur les richesses des Nations. Le libéralisme
sera donc ce que les capitalistes en feront. Or, l’Histoire nous a appris que
de leur part il faut toujours craindre le pire.
Je vous laisse à votre rêverie tout en vous remerciant d’avoir répondu à mes
questions.
Le vrai danger du libéralisme, et que vous semblez minimiser,
c’est l’appétit insatiable de l’individualisme. Bien que régulé, il nous a déjà
donné le fameux "too big to fail", par lequel la possible
chute d’une entité financière démesurée en vient à menacer d’un désastre
l’humanité entière.
Pensez-vous qu’un État réduit à son strict rôle régalien soit en mesure
d’empêcher la création de ces monstruosités systémiques, ou, in fine, d’en imposer
le démantèlement, mais sans recours à la violence ?
Pourquoi tant de libéraux font-ils ouvertement campagne pour la création
d’une gouvernance mondiale ? Que devient leur credo sur l’autorégulation
des marchés ?
Mon sentiment est que le libéralisme est une fuite en avant
vers l’abîme totalitaire au fond duquel vos belles libertés finiront par se soumettre au pouvoir absolu d’un
seul.
Le libéralisme est un système de pensée qui ne peut se
passer du filet de protection de l’État.
J’ai toujours cette image des trapézistes. Combien continueraient à
voltiger librement sans protection contre les chutes ? Et pour ceux que cela n’effraie
pas, lorsque l’accident survient, vers qui se tournent-ils pour suppléer à leur
handicap, si ce n’est vers la collectivité.
Alors, d’accord pour le libéralisme, même extrême. Mais ce sera dans un monde sans
gravitation.