<p>Exact, la question de l’identité des détenteurs de la dette (domestiques ou étrangers, sur le territoire ou basés à l’étranger) est capitale (j’espère pouvoir l’aborder dans une prochaine vidéo consacrée à la seule dette française). Notamment si l’on choisit de se débarrasser de la dette par exécution du créancier, c’est plus facile s’il est sur le territoire national. Humour... (pas tant que ça : c’est une tradition française de procéder ainsi). En tout cas, c’est la connaissance précise de cette "cartographie" des détenteurs de la dette que visent les demandes de moratoire sur la dette par les Économistes Atterrés et d’audit de la dette par le Collectif pour un audit citoyen de la dette. </p> Mais pour le défaut ou l’inflation, qu’importe : si l’Etat le décide et ne rembourse pas, le créancier -domestique comme étranger- n’a plus que ses yeux pour pleurer sur son contrat de promesse de remboursement (à moins que celui-là ne stipule que l’emprunt est contracté en devise étrangère, ou contient une clause de protection contre l’inflation). <p>Ma paresse a eu raison de toute velléité d’approfondir les comparaisons internationales. De même pour le mécanisme de l’assouplissement quantitatif. Je vais m’y mettre...</p> <p>J’interprète la dernière remarque de deux manières. D’une part, il y a une objection d’inspiration libérale consistant à remarquer que la compatibilité nationale ne retient pas, dans son calcul de la dette des APU, les retraites des fonctionnaires. Je n’en ai pas parlé (il faudrait l’aborder dans une vidéo spéciale sur la France). A mon avis ça ne change qualitativement pas grand chose au débat, ça ne fait que gonfler quantitativement le total. D’autre part, un lieu commun du commentaire médiatique est de dire que la dette présente est un poids pour les générations futures : il y aurait un aléa moral intergénérationnel de la dette publique : les parents profitent d’autant plus du présent qu’ils n’endossent pas la responsabilité du coût ; la facture sera payée par les enfants (on a bien raison d’en profiter : après avoir nourri ces petits mouflets pendant parfois 20 ans ! -humour). C’est un gros débat, qui échappe en partie à l’analyse économique. Il y a beaucoup de choses à dire. La macroéconomie nous apprend par exemple que des investissements publics présents peuvent être des richesses futures : les enfants paieront en fait les biens et services dont ils profiteront. La finance publique nous apprend qu’un emprunt, ça se finance par un nouvel emprunt : nos enfant n’auront qu’à faire pareil que nous. Je ne suis pas calé sur le sujet, je n’ai donc pas de thèse à vous proposer.</p> <p>Merci pour les liens. Je vais aller y faire un tour.</p>
Merci de vos remarques. Les thèmes laissés dans l’ombre le sont par méthodologie (parfois par ignorance) : éviter au maximum (c’est-à-dire, tant que cela n’est pas essentiel pour expliquer le phénomène) le recours à la macroéconomie (car j’en ignore tout) pour me contenter de relater des faits relevant de la finance publique et de la comptabilité nationale, si toutefois ces domaines sont séparables.
- je ne suis pas assez renseigné sur les mécanismes des prêts de la banque centrale.
- exact : la création monétaire par la BC n’engendre de l’inflation que sous certaines conditions, que l’économie cherche à décrire ; il n’y a pas de lien de causalité nécessaire. C’est pourquoi j’ai préféré la formule "a souvent eu pour effet de générer de l’inflation" (4:10).
- quand il est bien fait...
- ça je ne connaissais pas. Cela ressemble à un effet pervers de la financiarisation de l’économie : on préfèrera la sûreté de la rente financière au risque de la formation brute de capital fixe.
- c’est en effet une difficulté supplémentaire d’emprunter dans une devise sur laquelle on n’est pas souverain, car on se coupe de certains leviers comme la dévaluation. Mais la majeure partie des dettes souveraines de la majeure partie des Etats sont sont levées dans la devise domestique (sauf pour ceux de la zone euro, dont on peut dire -je me trompe peut-être- que la totalité de leur dette est libellée en devise étrangère). Les investisseurs exigent parfois le contraire, pour mettre leur capital à l’abri de mauvaises surprises (dévaluation, inflation). Mais j’ignore dans quelle proportion certains Etats consentent à libeller une partie de leur dette en devise étrangère. Quant à la France, c’est le contraire qui est vrai : si elle quitte l’euro, elle pourra monétiser sa dette, car elle retrouverait la souveraineté sur la monnaie, qu’elle n’a plus de fait parce qu’elle emploie une monnaie internationale, et de droit parce qu’elle a ratifié les traités européens qui interdisent cette pratique.
- j’imagine qu’il en serait comme vous l’envisagez : je vois mal la France dire "Je vous dois 1700 Mds d’€, mais bon, désolé, je n’ai que des francs, demandez à la BCE !". :D