En Suisse, autre Etat fédéral, et
modèle de démocratie pour beaucoup, existe aussi un bicaméralisme intégral, c’est-à-dire
que tous les textes doivent être adoptés dans les mêmes termes, par la majorité
de la Chambre (Conseil national) et du Sénat (Conseil des Etats).
Le Conseil des Etats compte deux
représentants par canton, ce qui fait que le canton d’Uri avec ses 37’000 habitants
a le poids même que celui de Zurich avec ses 1 500 000 habitants. Le
principe « Un homme une voix » est pulvérisé puisque l’Uranais pèse
40 voix, et le Zurichois, une seule.
Une autre particularité réside dans
le fait que certains référendums et initiatives populaires doivent être
adoptées par la double majorité des votants et des cantons, ce qui fait que,
dans un affrontement ville/campagne, les 8 cantons les plus peuplés – qui représentent
70 % de la population – peuvent tenus en échec – par les 18 cantons et
demi-cantons, qui ne représentent donc que 30 % de la population.
Pour moi, ce sont de bonnes dispositions.
Pour en revenir à l’élection de
2016, vous ne savez peut-être pas, que si l’on ôte les 100 comtés les plus
peuplés du dépouillement final, Trump dépasse Clinton de 11.5 millions de voix.
Ce qui est typique d’un affrontement villes/campagnes, qui est illustré par
le vote des comtés, env.2500 pour Trump, env. 500 pour Clinton.
" Malgré ses trois millions de voix de moins au vote populaire : Démocratie à la Trump..."
Ce n’est pas la démocratie à la Trump, c’est la démocratie dans un Etat fédéral. Crooked Hillary l’a emporté de 4’270’000 voix dans la seule Californie, mais les règles constitutionnelles sont là pour contenir le poids des gros Etats, afin qu’ils n’écrasent pas systématiquement les petits. Ce sont de bonnes règles
"c’est qu’on vit vraiment dans une époque de fragilité psychologique étonnante."
Autre époque autre style :
« À l’école maternelle puis primaire, j’étais une élève parmi beaucoup
d’autres et ce n’est qu’à l’aube de mes dix ans, foulant pour la première
fois le sol de l’Algérie, que j’appris que j’étais l’enfant d’une famille
arabe. (...) J’avais grandi à l’époque, désormais révolue, où les parents de
l’immigration, dont les miens, n’avaient d’autre choix que de veiller à ce que
leurs enfants respectent les codes sociaux des Français. Sans cela, par quel
miracle le respect dû à la France aurait-il pu me sembler aussi naturel,
comment aurais-je pu aimer son peuple jusqu’à unir mon destin au sien ?
« Adolescente, lorsque je vins, la toute première fois, visiter Paris,
je me surpris à chercher la rue de la Ferronnerie. Je ne m’expliquais pas
pourquoi j’étais saisie par ce besoin d’y mettre mes pas. Je la parcourus, à la
recherche de je ne sais quels indices, jusqu’à ce que je tombe sur la plaque
que je ne cherchais pas. Je fermai les yeux, comprenant à cet instant pourquoi
mes pas m’avaient conduite à cet endroit précis. À l’époque, je n’avais
pas encore les papiers d’identité français, mais je possédais déjà l’identité
française. » Malika Sorel-Sutter , dans "Décomposition française - Comment en est-on arrivé là ?" Fayard 2015