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Commentaire de maQiavel

sur Hôpital public : l'optimisation à mort...


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maQiavel maQiavel 25 avril 2020 00:16

@yoananda2

Je n’essaie pas de défendre mon « camp » (je suis né catholique mais je ne le suis plus depuis que je suis devenu majeur, ce n’est donc plus mon camp) mais je considère que ce rationalisme étriqué n’a rien à voir avec le catholicisme ( ou sinon de façon très périphérique). 

Mon opinion est que cela est lié à un imaginaire qui est né avec la société industrielle au XIX siècle et qui est dominé par la physique classique. La société a commencé à être vue comme un vaste système d’horlogerie qui serait l’objet de diverses forces. Cette façon de regarder la société comme un objet posé devant soi va mener logiquement à explorer ses différentes déterminations et à rechercher les lois de son fonctionnement pour agir sur elles. Et bien évidemment, les seuls à maitriser ces lois, ce sont les experts. Cet imaginaire va imprégner divers aspects de la société, y compris la pensée économique et juridique. Et c’est ainsi qu’on va se retrouver avec une conception selon laquelle les mesures politiques doivent s’imposer de manière technique aux individus. Mais encore faut-il convaincre monsieur et madame tout le monde d’accepter ces réponses techniques. Est donc venue l’idée de transformer les masses en les rééduquant et en les réorientant dans la bonne direction grâce à des techniques de fabrication du consentement. C’est sur cette base qu’est née l’ingénierie sociale moderne. L’ expert devient donc une autorité dont la fonction est d’apprendre aux masses ce qui est objectivement vrai ou faux et de formater les consciences. Dans ce régime représentatif (qui a été entretemps rebaptisé habilement « démocratie »), la source du pouvoir n’est pas le peuple, mais la « science » ( en réalité pseudo-science) dont le savoir est détenus par des experts, c’est ainsi que la question de la souveraineté populaire se trouve de fait évacuée, ce n’est qu’une fiction juridique qui ne sert qu’à fabriquer le consentement des masses dans nos prétendues « démocraties » ( qui se révèlent être concrètement des oligarchies). 

Cet imaginaire va évoluer avec le temps et ne va plus se limiter à l’univers de la physique classique, il va intégrer celui de la biologie en s’appuyant notamment sur l’évolutionnisme darwinien ( mais pas que) et ensuite avec l’invention des ordinateurs, il va intégrer l’univers de l’informatique. Malgré toute ces évolutions, le principe reste le même : les sociétés sont vues comme des objets soumis à des lois et l’expert est seul habilité à trouver des solutions aux problèmes qui se posent, il n’est plus question de gouverner stricto sensu mais d’agir au jour le jour en gestionnaire technique des contraintes. Le citoyen n’a plus sa raison d’être.

On confond souvent cet imaginaire avec le néolibéralisme mais il le précède, il lui a en quelque sorte donné naissance, tout comme il a aussi donné naissance au socialisme et au nazisme (ou du moins, si l’expression "donner naissance" est exagérée, on peut dire qu’ils lui ont emprunté cette fétichisation de la science). Je fais partie des gens qui nomment cette matrice conceptuelle « l’industrialisme ».


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