@yoananda2
Je comprends
ton jugement mais je n’y adhère pas du tout. Mais là on touche à nos intuitions, à nos convictions profondes, à nos croyances et à nos expériences personnelles, des choses dont on discute
difficilement ( particulièrement à distance sur un forum) , précisément parce
qu’en évoquant la spiritualité, on sort du cadre du débat rationnel ( en tous
cas, à mon sens).
@micnet
Très bon
extrait de Jacques Ellul dont j’apprécie beaucoup les analyses.
Cela dit, il
y’a une petite nuance : Ellul parle dans cet extrait des effets de la
technique qui, selon lui, suit un développement complètement autonome
et échappe à tout véritable contrôle d’ensemble. Chez lui, la technique représente
une certaine structure qui a en soi un certain nombre de conséquences, nécessite
certaines exigences, entraîne certaines modifications de l’homme et de la
société, elle en devient une surdétermination qui ordonne l’ensemble des sociétés
humaines et cela donne naissance à ce qu’il nomme « système technicien ».
Plus haut, ce dont je parle et que j’ai appelé industrialisme, c’est un système
de représentation mentale et non pas des effets structurels des modifications
induites par la technologie. Alors, évidemment il y’a un lien entre les deux puisque
nos conditions matérielles d’existence influent sur nos systèmes de
représentation, ainsi il n’est pas difficile de comprendre que l’industrialisme
ne peut naitre que dans un système technicien et les deux se renforcent
mutuellement.
Mais justement,
l’une des critiques qu’on peut adresser à Ellul, c’est que dans sa critique de
la technique, il valide en réalité les catégories de pensée de l’industrialisme.
Et votre extrait le montre bien, il déplore ce qu’il analyse comme étant les
effets de la technique mais il ne remet pas en question la véracité de l’existence
de ces effets, la seule différence avec les personnes qui ont un mode de pensée
industrialiste, c’est qu’elles considèrent que ces effets sont une très bonne
chose et mènent l’humanité vers le progrès. Or, on peut très bien considérer qu’il
ne s’agit là que d’une fiction oligarchique et défendre l’idée que ce n’est pas
parce qu’une société se complexifie techniquement que les citoyens retrouvent spontanément
exclut des processus de décision mais qu’il s’agit là plutôt du choix politique
des oligarchies en place.