A 2 :
35 : « Le procès d’intention c’est lorsqu’on va supposer que la
personne avec qui on parle, surtout si on est pas d’accord avec elle, défend la
position qu’elle défend parce qu’elle a un intérêt personnel et une intention
cachée, elle ne dit pas pourquoi en réalité elle défend ce qu’elle défend (…),
elle cache quelque chose et elle n’est pas sincère. Le principe de charité
consiste à partir du principe, même si c’est erroné, que la personne en face
nous est sincère. La sincérité n’est pas gage de vérité mais la sincérité est
ce qui est nécessaire pour avoir un débat de qualité. Si vous présupposez que
la personne en face de vous n’est pas sincère, on est foutu ».
Je comprends
ce qu’il veut dire, cependant, moi ma méthode est un peu différente. Je ne
postule jamais la sincérité (ou la malhonnêteté) d’un interlocuteur, je me
contente de prendre acte de ses propos et d’y répondre. Prendre acte ne veut
pas dire qu’on croit ou qu’on ne croit pas, c’est tout simplement qu’on prend
note d’un propos, on le retient formellement quitte à s’en prévaloir plus tard
si on constate qu’il est en contradiction flagrante avec un autre propos. Mais dans
tous les cas, je me base toujours sur des propos réellement tenus et jamais sur
mes propres extrapolations sur de supposées intentions cachées. De toute façon,
on débat virtuellement avec des gens qu’on ne connait pas, je me suis toujours étonne de voir des gens mettre la sincérité ou l’honnêteté au
centre de leurs interactions virtuelles.
Mais
évidemment, ça se complique lorsqu’on est soi-même cible de procès d’intention,
parfois plus délirant les uns que les autres. Par expérience, je sais que
lorsque ça arrive, aucun échange n’est plus possible, la communication se rompt et
il faut arrêter. Parce qu’il est impossible de convaincre des gens que vous ne
connaissez pas et qui ne vous connaissent pas de ne pas être ce qu’ils ont l’impression
que vous êtes. Par où commencer ? Comment convaincre des gens qui ont le
sentiment ou l’intuition que l’interlocuteur est malhonnête ? C’est absurde.
Il n’y a qu’à observer le cas de Chouard et des antifas, il aura beau dire ce qu’il
veut, ses propos seront à chaque fois réinterprété selon une grille de lecture
qui fait de lui un crypto fasciste. Il y’a des débats qu’il faut refuser et des
justifications qu’il ne faut pas accepter de donner, et c’est précisément parce
qu’il a dérogé à ce principe et qu’il est animé par la soif insatiable de
convaincre ses interlocuteurs de son honnêteté que Chouard s’est retrouvé dans
l’œil du cyclone. A un moment il faut dire « stop » et arrêter de
chercher à se justifier. Et si les attaques continuent, il faut contre attaquer en tournant en dérision ou de façon symétrique en faisant soi-même des procès d’intention, afin de remettre
la balle au centre. De là soit l’interlocuteur comprend, en subissant lui-même des
procès d’intention, que ça pourrit le débat et en revient à des dispositions
plus favorables au dialogue, soit il continue et ça part en champ de bataille.
Dans tous les cas, ces deux scénarios valent mieux que les piteuses tentatives
de justifications qui ne mèneront de toute façon à rien.
Parce
que très souvent, ces gens-là se mettent à inventer des intentions cachées parce qu’ils
ne supportent pas les opinions qui diffèrent des leurs, ça les horripile
profondément et suscite chez eux un sentiment d’insécurité, donc pour se
rassurer ils vont expliquer la divergence, soit par la bêtise de leur interlocuteur,
soit par sa malveillance ( ou les deux à la fois). Rien ne pourra régler ce problème.