@ZardoZ
Après la mort, c’est le néant
Mais que peut bien signifier "après la mort, c’est le néant" ?
Est-ce que le monde devient néant ? Le monde a survécu à bien d’autres avant moi, il n’y a pas de raison que je fasse exception.
Est-ce que je fais l’expérience du néant ? Mais comment le néant peut-il être objet d’expérience ?
Est-ce que "je" est réduit à néant ? Mais alors ça laisse toute latitude à la possibilité de la réincarnation sans égo dont parle Qaspard.
Qu’y a-t-il donc d’autre que le "je" qui soit réduit à néant, si "après la mort, c’est le néant" ? Et que signifie "après" dans le néant, puisque le temps n’est même pas supposé exister dans le néant ?
@Jean-Pierre Llabrés
Attention à ne pas confondre "immortel" avec "éternel".
@lemi
Pourquoi le qualifiez-vous de capricieux ?
@Qaspard Delanuit
L’exemple de la pierre chez Spinoza sert à montrer que nous confondons généralement la liberté avec la conscience de nos appétits. Nous désirons quelque chose, nous savons que nous le désirons, et à cause de cette connaissance nous croyons que ce désir provient d’un choix libre, alors que, comme pour la pierre, celui-ci est causé uniquement par 1) notre nature, 2) les conditions extérieures. Pour Spinoza, ces deux éléments sont entièrement déterminés car enchaînés aux causes qui les ont produites par une nécessité inébranlable (et qui remonte jusqu’à Dieu). L’hypothèse, pour absurde qu’elle soit, ne sert qu’à mettre en valeur cela, par analogie.
Cela dit, pour Spinoza, nécessité et liberté sont équivalentes.
@Qaspard Delanuit
Une pierre qui roulerait longtemps sur cette pente tout en ayant une conscience finirait bien par se voir pousser des jambes... et pourrait ainsi remonter la pente.
Je ne comprends pas cette remarque.
@Rounga
Spinoza dit que la pierre qu’on pousse et qui roule le long d’une pente, si elle avait une conscience, penserait qu’elle roule de par sa propre liberté, mais Schopenhauer rajoute : et elle aurait raison.
@micnet
« Vous me parlez de points obscurs pour vous, « le dogme de l’enfer, l’irrévocabilité de la damnation, la prédestination et la réprobation à concilier avec le libre arbitre » Tous ces points de foi, aussi tridenlins les uns que les autres, puisqu’ils ont tous été fixés par le concile de Trente, ne sont pas moins obscurs pour moi que pour vous, et j’ose dire qu’ils le sont pour tout le monde. Mais il ne le sont pas plus que n’importe quel axiome de géométrie élémentaire ou de telle autre science qu’il vous plaira. Quand on dit, par exemple, que le « tout est plus grand que la partie », si, dans la même minute, je pense à l’Eucharistie, je me trouve en face de la plus contestable des évidences. Ainsi de tout. Nous sommes dans les ténèbres et voilà ce que l’orgueil n’accorde pas. La Foi seule est claire et c’est pour cela que l’Orgueil, prince des Ténèbres, la repousse, ayant l’horrible prétention d’être cru lui-même la Lumière. La Foi seule est certaine, qu’avons-nous besoin d’autre chose ?
Vous voudriez comprendre comment la prescience de Dieu peut se concilier avec la liberté humaine. Ah ! pour moi, c’est bien simple. C’est comme si vous me disiez que vous ne comprenez pas comment l’idée du nombre trente peut se concilier avec l’idée du nombre cinq multiplié par le nombre six, ce que je ne comprends pas davantage. Je sais, sans pouvoir le comprendre, que la prescience divine et la liberté humaine n’ont aucun besoin d’être conciliées parce qu’elles sont exactement, absolument, essentiellement et substantiellement la MEME CHOSE. Vous voudriez comprendre et vous vous croyez ambitieux ! Vous ne voyez pas qu’il vaut mieux savoir que comprendre. Vous avez étudié je ne sais quelles sciences naturelles pour en arriver à l’ignorance totale de ce rudiment de l’unique Science ! Autrefois, du temps des Saints, au sublime Treizième Siècle surtout qui fut l’apogée de l’esprit humain, les enfants même n’avaient pas la permission d’ignorer que le rôle unique, infiniment glorieux de la raison, c’est de croire et que croire c’est savoir, savoir EN HAUT. Le reste découlait de là, le plus simplement du monde. Aussi les plus ordinaires paroles des gens d’alors produisent-elles en nous l’éblouissement, quand nous les lisons dans les chroniques. Aujourd’hui, on s’imagine que la raison consiste à expliquer des théorèmes ou à conditionner des catalogues. On dit d’un homme qu’il est raisonnable, comme les putains disent d’un client qu’il est sérieux. Nous ne pourrions même plus faire de bons esclaves, tant nous sommes devenus imbéciles. Cor Jésu sacratissimum, miserere nobis. Au sujet du conflit apparent des deux libertés, lisez les dernières lignes de la page 248 du Mendiant. Je m’ennuie de toujours écrire les mêmes choses. Un homme intelligent, un ingénieur, expliquera très-bien que deux parallèles ne peuvent pas se couper à angle droit. Un pauvre homme incapable de comprendre quoi que ce soit et ne faisant usage que de sa raison, SAURA, sans pouvoir l’expliquer, qu’il en est ainsi et qu’il a fallu, absolument, que les deux parallèles se rencontrassent pour que le monde fût sauvé. On ne démontre que le contingent, et cette démonstration est la besogne des esclaves. Le Nécessaire, c’est-à-dire l’Absolu, c’est-à-dire l’Eblouissement, est indémontrable, et les Amis de Dieu sont assis dans des demeures impossibles à concevoir dont ils n’auront jamais le souci d’étudier l’architecture. »
Léon Bloy, Mon Journal
@medialter
c’est que ceux qui ont cru vivre l’illumination ou communier avec Dieu n’ont expérimenté qu’une seule position du P.A. parmi des millions. Quelle ironie de l’Univers, ceux qui s’imaginent parvenus n’ont en fait même pas commencé.
Sauf que ceux qui ont réellement fait cette expérience ont tous parfaitement conscience de ce que vous dites. Ne leur donnez pas de leçons.
Étienne nous dit que dans le vide une personne tombe avec son parapluie et son chapeau, tous à la même vitesse (ok avec ça), sous l’action de leurs poids. Oui, mais le poids P = mG, donc P est une force qui varie selon la masse de l’objet considéré. Cela signifie que le poids de la personne est plus important que le poids du parapluie, lui même plus important que le poids du chapeau. Or ils tombent tous 3 à le même vitesse...
@Qaspard Delanuit
Tout simplement parce qu’on ne dit pas "je crois en le Dieu". De mon point de vue, Dieu n’est pas un dieu, et le terme "monothéisme" est inexact. Pour moi, l’authentique monothéisme est un zérothéisme, ce qui transparaît dans le judaïsme et l’islam par l’interdiction de représenter Dieu.
Bon, ça y est, j’ai regardé, et comme je m’y attendais, l’intervenant dit de belles sottises. Je ne sais pas quelle éducation il a eue, mais j’ai du mal à comprendre ce qu’il veut dire quand il dit que la possibilité de choix des enfants est niée par les parents. Le problème est qu’il tient un propos très général et ne donne aucun exemple.
Il range même les écoles Montessori du côté de la domination adulte, alors que c’est quand même le type d’éducation qui permet le mieux à l’enfant de se développer selon ses choix et ses affinités. Mais seulement -comble de l’horreur- cela impose à l’enfant des horaires, une maîtresse, des camarades de classe qu’il n’a pas choisis (je n’invente rien, c’est textuel !). Que former un enfant pour affronter la vie passe en grande partie par l’apprentissage qu’on ne choisit pas tout semble le dépasser totalement. Je connais certaines femmes assez extrêmistes dans l’éducation de leurs enfants et qui appliquent ce genre de théories ultra-libertaires et centrées autour de l’enfant, et tout ce que je peux dire, c’est que leurs mômes sont mal polis, incapables de se comporter en groupe. Les mamans sont totalement investies dans le soin de leurs enfants, au détriment de leurs propres vies, et également de leurs couples. Tout ce que cela produit, c’est du malheur et de la frustration. Un enfant qui a pris l’habitude que tout tourne autour de lui ne pourra rien faire dans la société et sera toujours en manque d’attention. Finalement, cette mentalité qui veut traquer le moindre signe de domination est totalement aveugle au bonheur. Est-ce que des enfants "non dominés" seront aptes à être heureux ? Pas sûr. Est-ce que des enfants ayant subi la "domination" des adultes peuvent être heureux ? C’est certain.
@Oursquipense
Un autre point de votre premier commentaire sur lequel je voulais rebondir : si la majorité est accordée selon une décision collective (peu importe comment cela se fait) et non selon un critère d’âge, on pourrait penser que certaines personnes resteraient toute leur vie dans la minorité, pour peu que les autres majeurs ne les reconnaissent pas comme apte à disposer de droits et de devoirs. On voit où cette logique peut mener si on n’installe pas un certain nombre de garde-fous.
@Oursquipense
Il me semble que défendre l’accession des enfants à ses droits va forcément de pair avec les devoirs. Cela implique d’endosser certaines responsabilités, et le lot d’emmerdes qui va avec. Un enfant de 12 ans qu’on considère responsable devant la loi peut aller en prison. Or on sous-estime totalement la fragilité émotionnelle des enfants. Un autre pan de l’éducation dont je n’ai pas parlé est l’accession à la maîtrise de ses émotions, afin d’accéder au sentiment, forme raffinée et canalisée de l’émotion, et à la rationalité. On ne peut pas envisager de donner leur majorité à des individus qui n’ont pas été éduqués de ce point de vue.
Et puis vouloir à toute force que l’enfant ait des droits, des responsabilités, des moyens d’autonomie, n’est-ce pas penser que l’épanouissement de l’enfant n’est possible qu’en devenant un petit adulte ? N’est-ce pas encore maintenir une domination adulte sur l’enfant que de prétendre cela, n’est-ce pas nier justement ce qui fait l’intérêt de l’enfance ? Il faut que je regarde cette vidéo pour voir exactement ce que dit Bonnardel, mais j’ai très peur que sous des dehors progressistes il ne soit qu’un fossoyeur de l’enfance de plus.
@Oursquipense
Si Bonnardel dit vraiment cela, alors il est clair que sous des atours progressistes et libertaires, il nous amène en réalité le travail des enfants. Le loup n’est jamais loin.
@Piloun
Bonne question.
Parce que les principes d’éducation, c’est très facile d’en avoir de toute sorte, mais en pratique, on fait généralement comme on peut. Et les parents qui appliquent trop strictement leurs principes soit se font bouffer par leurs enfants, soit leur imposent un stress trop important. La question de l’éducation passe aussi par la place qu’on se laisse à soi-même dans la relation qu’on a avec l’enfant.
@Emile
Les enfants vont spontanément vers la connaissance, nous n’avons nul besoin de les instruir, et selon-moi, cela fait partie de leur nature.
Ce sont les jeunes enfants qui sont effectivement avides de comprendre le monde, d’acquérir de nouveaux savoirs. Le problème est que si ce désir n’est pas régulièrement satisfait, il s’estompe, et les adultes doivent donc être à la hauteur des exigences de leurs enfants. Pas en ayant réponse à tout, mais en leur montrant qu’ils sont capables de trouver eux-mêmes des réponses aux questions qu’ils se posent. Si on ne maintient pas cette flamme chez les enfants, et qu’on laisse la télé faire leur éducation, ils deviennent en grandissant des ados blasés, uniquement intéressés à la satisfaction de leurs désirs immédiats.
Par conséquent, ce n’est pas parce qu’une certaine "nature" existe chez les enfants qui les porte vers la connaissance que les adultes n’ont pas à préserver cette nature qui se corrompt aisément, et à leur donner des outils culturels aptes à canaliser et faire fructifier cette nature. C’est tout l’enjeu de l’éducation et de l’instruction.
@Bainville
Cette citation me fait penser à ce que disait Antoine Blanc de Saint-Bonnet :
"L’homme ne naît pas libre, mais pour le devenir."
"Quand il naît, l’enfant pleure. En grandissant, il saura pourquoi."
@Emile
Si vous voulez que votre enfant lise, et bien lisez.
Par l’imitation il s’impregnera bien assez de vous, surtout si vous refusez d’abandonner votre enfant à l’Etat et par extension au système marchand ; le premier ayant pour rôle le conditionnement de marchandises dociles.
Car oui forcer un enfant à apprendre quelque chose qui ne fait aucun sens pour lui est une domination.
Je suis assez d’accord avec ça. Quand j’étais enfant, ma mère tenait absolument à ce que j’apprenne un instrument de musique. Je ne voyais pas vraiment l’intérêt étant donné que non seulement mes parents ne jouaient pas, mais en plus n’écoutaient même pas de musique. J’ai donc pratiqué sans faire de réels progrès, faute de motivation et d’objectif en terme de performance. C’est seulement plus tard, lorsque j’ai commencé à écouter de la musique, que j’ai regretté de n’avoir jamais vraiment appris à jouer. Ce qui manquait de la part de mes parents, c’est la transmission d’un goût pour la chose, ce qui était impossible puisqu’ils ne l’avaient pas eux-mêmes. Heureusement j’ai pris goût pour d’autres choses par moi-même et ai su me motiver dans d’autres domaines, sans que mes parents s’y opposent (car ce cas de figure peut exister aussi).
Avez-vous lu "Le maître ignorant", de Jaque Rancière ?
Oui
Aïe aïe aïe, j’ai très peur. Je n’ai pas encore vu la vidéo, mais je sens déjà le mec arriver pour nous dire en substance qu’essayer d’éduquer ses enfants, c’est-à-dire essayer de leur faire éviter certaines voies que l’expérience nous a appris à reconnaître comme néfastes, c’est exercer une domination. Il se peut que je me trompe, mais après tout ce n’est pas étonnant que certains en viennent à prétendre cela étant donné l’environnement intellectuel actuel.
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