Eheh Eric mon message était impersonnel, général et le "bonne nuit" n’était pas adressé à vous ou à Machiavel directement. Le sujet est effectivement passionnant, merci de l’article. C’était plutôt une façon de montrer un dégoût envers un système socio-économique qui empêche toute utilisation de la technologie comme moyen émancipateur de l’être humain.
Comme toujours, on parle des minorités dominées (niveau classe sociale) mais on se tait sur les minorités dominantes (qui ont réellement la capacité de faire quelque chose), on parle de la petite délinquance sans parler de la grande délinquance, on s’enfonce gentiment six pieds sous terre au lieu de s’élever. C’est toujours la même ritournelle, avant hier italiens, hier communistes, aujourd’hui musulmans.
Ahah excellent ! On reconnait l’esprit lucide et autonome à celui conditionné des invités TV. Rien que le fait que le débat ait lieu prouve bien que là n’est pas la vraie question. Quand c’est les dominants qui imposent, là on ferme la gueule et ouvre le cul. La politique c’est vraiment un truc de lâche.
J’essaie juste de lier possibilité historique et théorie. Merci j’ai lu Smith, Ricardo, Constant, Hayek, Voltaire et Friedman, Mill et Bentham pour l’utilitarisme, je connais très bien le mercantilisme,qui ne peut en aucun cas être approché du libéralisme, sauf dans une perspective historique. Le libéralisme économique naît certes comme réponse au mercantilisme anglo-saxon (son laboratoire était d’ailleurs la colonie des Indes britanniques), mais a ceci de particulier d’être la première théorie en politique économique à prétention universelle, à systématiser en un corps de doctrine des règles. S’il naît en Angleterre, alors première puissance industrielle ce n’est pas pour rien. Comme ce n’est pas un hasard que le protectionnisme de Friedrich Liest naît en Allemagne puis aux USA, deux pays en retard industriellement sur les grandes puissances pour protéger le développement industriel, ce qui a plutôt bien réussi. Comme ce n’est pas un hasard si les USA ont adopté une économie libérale depuis qu’ils sont tout puissant.
Si les échanges peuvent être à la base du progrès, celui-ci n’est pas (loin de là) une qualité intrinsèque de l’échange marchand. Il suffit de demander à un congolais - pourtant assis sur de l’or - comment il se porte depuis que le FMI a ordonné la privatisation de son économie nationale. Ou aux ghanéens qui cultivaient des rizières et offraient du travail et de la nourriture à tous les villages alentours, qui ont fermés depuis que le riz vient d’Asie (en passant par l’Amérique), parce que plus compétitif, et obligés de se tourner vers l’exploitation minière sous les ordres du chef occidental - libéral - disposant de plus de moyen qu’eux, suite à la même libéralisation de l’économie nationale ?
L’anthropologie illustre bien le fait que le lien social ne peut se maintenir qu’à partir du don (Mauss et la triple obligation de donner-recevoir-rendre) et qu’à partir de ce qu’une société garde, ne partage pas, a de sacré et de spirituel (Godelier). Si la circulation des biens et des services se fait uniquement à partir d’un intérêt bien compris, tout imaginaire social est privatisé, rien ne lie l’un à l’autre à part l’échange marchand impersonnel (donc rien). D’où l’impasse anthropologique du libéralisme dans sa forme la plus pure (qui n’existe pas pour Smith par ailleurs, laissant une place très large à l’Etat). Pour Constant, la liberté des Anciens était une liberté politique (démocratie athénienne) mais trop contraignante, alors il prône une liberté individuelle qui a comme nécessité de reléguer les pouvoirs politiques à un gouvernement représentatif. Or, notre monde illustre bien la supercherie de la représentation parlementaire appelée faussement démocratie ! Comment faire ? Qu’est-ce que la liberté ? Comment la définir ? C’est celle qui s’arrête où l’autre commence ? Alors nul doute que ce sera une guerre de tous contre tous où les groupes structurés les plus forts procéderont par lobbying pour gratter de la liberté aux autres.
Excellent ! Le mec se spécialise dans le domaine de la finance, vit à Nancy, tout en travaillant à Paris et au Luxembourg ! Quand je parle de l’idéologie libérale nécessaire, je parle exactement de ça. Lorsque ce monsieur demandera à ses employés de délocaliser pour des obligations de tendance de marché (libre et neutre, naturel), il faut faire en amont un travail de destruction anthropologique, d’être prêt au déracinement, d’être essentiellement infidèle. Quelle différence entre Luxembourg, Paris, Madagascar et Lisbonne ? Pourquoi préférer l’une à l’autre ? Seule l’odeur du profit les attire.
Ouais juste j’y ai pensé en écrivant, vous avez tout à fait raison. Je dis ça peut-être parce qu’il me semble qu’aujourd’hui refuser un système dominant signifie soit la marginalité collective soit la solitude, et que dans les deux cas c’est une façon d’endiguer disons de potentiels mouvements de mécontentements sociaux significatifs. C’est quand même une spécificité de nos sociétés que cette capacité de phagocyter toute opposition et de marginaliser et atomiser ce qu’il pourrait en rester, d’en faire quelque chose de ridicule alors que deux trois personnes tenaient quand même des discours sensés.
Y a quand même un malaise de base qu’est légitime, l’irrationalité du système frappe tant celui qui vient d’une famille populaire ou d’une famille aisée, peut-être d’autant plus le deuxième qui perçoit un dérangement dans ce qu’il possède. En revanche, et c’est là ou le bat blesse, lorsqu’on lit Proudhon, Bakounine, Malatesta ou Kropotkine, et qu’on regarde cette vidéo, on mesure la perte de toute ressource intellectuelle dans ce qui se veut être la dissidence. Et ce refus d’ouvrir un livre, de comprendre pour mieux construire, a trois conséquences majeures :
Au lieu de sur-ajouter alors aux idioties, argumentez. Une théorie pour ne pas être abstraites doit s’enraciner dans la réalité, non pas en tant que faits établis et réellement existants mais en tant que possibilité historique. Comment gérer libre entreprise qui devrait permettre l’abondance pour tous et création de monopole qui hausse les prix ? Comment s’ouvrir aux autres dans des domaines ou nous ne sommes pas les meilleurs ? Même la Suisse à tradition libérale, refuse d’ouvrir son marché agricole à la concurrence, parce que sinon c’est l’arrêt de subvention pour les paysans et ils s’écroulent tous. Et comment gérer l’aspect culturel ? Une économie ne peut s’installer sans une préparation idéologique. Alors comment gérer la privatisation de la morale publique ? Qu’est-ce qui créera le lien social collectif qui assure de ne pas se retrouver dans une jungle totale ? Ce sont des questions légitimes que les grands théoriciens du libéralisme, de Smith à Friedman en passant par Constant ne répondent jamais. Ce sont des questions légitimes me semble-t-il, et non pas des condamnations à priori, mais fruits d’une volonté de comprendre.
S’il ne parvient pas à accéder aux médias de masse pour se sentir exister malgré son réseau tribal c’est qu’il est vraiment nul.
"Les gens" (comme ils le disent avec condescendance paternaliste) ne connaissent rien au libéralisme, parce-que s’ils y connaissaient la moindre, ils seraient demain tous dans la rue !
Ahaha et ils t’ont pas montré le 3ème : bagatelle pour un massacre de Céline ! En Français, faut dire que c’est des puristes là-bas !
Ouhlaaa qu’il eût été facile de démonter le p’tit chien de garde Caron ! Et quel échec cuisant pour MONSIEUR Alain Wagner. Ce mec est une personnification de la Bêtise ! Il mérite de coucher dans la même niche que toutou Caron ! L’Oréal prend tout autant de temps que de se raser la barbe tous les matins pour montrer qu’on est un homme viril de hôôôte société et d’avoir les cheveux parfaitement dégagés ! Ca c’était pour la forme, bah oui ça compte aussi !
*Votre / Ton désolé pour le tutoiement on s’y perd
J’irai un peu plus loin après avoir vu ton commentaire sur l’inutilité de la sociologie pour comprendre le monde moderne, point de vue que je partage avec toi, jusqu’à un certain point. Le mec qui est focalisé sur la sociologie clairement ne m’intéressera pas, mais force est de constater, qu’aujourd’hui, presque tous les auteurs essentiels à la compréhension du contexte dans lequel on vit ont une part de sociologue entre eux. Christopher Lasch (on peut pas dire qu’il soit inintéressant à la lecture) est sociologue et historien, justement. Marx, qui fournit encore un des instruments économiques les plus puissants pour comprendre le capitalisme malgré ses nombreux défauts, pour le peu qu’on se donne la peine de le lire directement, est considéré comme un des pères de la sociologie. Max Horkheimer, Adorno et généralement toute l’Ecole de Francfort font de la sociologie, pour construire leur théorie critique, même Walter Benjamin, qui était également historien. Les deux autres sont également philosophes. Pasolini se réclamait de la sociologie, il était également journaliste et artiste entre autre. Jean-Claude Michéa cite constamment Mauss, neveu de Durkheim, et tout le pan des anthropologues (qui n’est autre que la sociologie microsociale, qualitative). Dans cette optique là on peut en citer quantité d’autres, de Sahlins à Godelier, qui sont aujourd’hui essentiels pour la compréhension de notre domaine économique, et des possibilités futurs, en retravaillant les concepts de subsistance, misère, pauvreté, croissance, monnaie que notre économie classique a voulu figer à jamais, à l’aune de l’expérience de l’autrui éloigné, oublié, inconnu.
Vidéo super intéressante merci pour le partage L’Andalou. Braudel est très bon, Bourdieu clairement moins, et même au sein du champ sociologique. C’était d’ailleurs son gros défaut que de prendre chaque phénomène social comme fondamentalement a-historique et a-culturel. Je rejoins le grand Clouscard qui lui reprochait de ne rien faire d’autre que d’enfoncer des portes ouvertes, de tirer sur l’ambulance, et de se dire subversif. Y a qu’à lire Clouscard, pour rester en France, pour comprendre le saut qualitatif opéré. Ce même Clouscard qui était d’ailleurs plutôt philosophe. Et voilà ce qui me dérange profondément dans ces débats, c’est cette focale sur les querelles interdisciplinaires. On peut également dire que généralement l’histoire, prise en tant que telle, est très ethnocentrée, qu’elle a ainsi servi à assoir et légitimer les institutions de pouvoir les plus viles, au nom de l’évolutionnisme social entre autre, depuis notamment la création des Etats-nations et du nécessaire nationalisme qui les accompagne. Quand on dit que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, c’est pas pour rien. Y a pas que des Guillemin et des Halbawchs en histoire. Une simple anthropologie locale nous enseignera que ces querelles interdisciplinaires, notamment concernant le champ sociologique, sont une triste particularité française. En Allemagne, tout philosophe est sociologue, tout sociologue est historien, comme Norbert Elias.
Avec toutes ces conneries c’est plutôt "En quête de dégâts"
Et le plus cynique c’est que tout ce processus se fera au nom de la science, comme légitimation de l’autorité : science économique, sciences sociales, science biologique, véhiculé par une brochette de salauds, appelés également experts. Cette même science, qui devait nous sortir enfin de l’ombre, nous expose dans les faits, comme dirait Bernanos, au Soleil de Satan.
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