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Le fou de T'chou

Le fou de T’chou

Ô phénix, ô phénix ! Ruine des idées fixes.
L'avenir n'attend plus, le passé est révolu.
Dans un monde en paix, le sage apparaît.
Dans un monde en guerre, le sage se terre.
Ô dans cette pourriture, rien que la torture !
Bonheur est comme plume, pour qui veut le ramasser.
Malheur est comme plomb, pour qui se fait du mouron.
Adieu ! Adieu ! sages prétentieux.
Danger ! danger ! Regarde où tu mets les pieds !
La route est épineuse, et ma marche est tortueuse.
Moi qui ne suis pas l'ornière, je ne finirai pas dans la fondrière !

Tableau de bord

  • Premier article le 08/06/2018
  • Modérateur depuis le 16/06/2018
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Derniers commentaires




  • 1 vote
    Le fou de T'chou Le fou de T’chou 21 juin 2018 12:01

    @le celte

     smiley Je balance trois grosses tartines, et vous en redemandez ? Vous avez été élevé au martinet ? smiley

    Pour rester dans le sujet, avant de répondre. Il y a un point de la culture chinoise qui peut paraître bien curieux pour un occidental moderne "cartésien". Tout être vivant est censé pouvoir se transformer en humain au fil de l’évolution. Par être vivant on entend aussi bien les pierres (cf. Le rêve dans le pavillon rouge, par exemple, l’un des quatre plus grands romans chinois, qui raconte l’histoire d’une pierre devenu jeune aristocrate), les végétaux que les animaux. Tout le monde a tendance à oublier les champignons, qui forment un règne à part. Mais là aussi, rien de plus naturel dans la croyance traditionnelle qu’un champignon puisse devenir humain, on a même une désignation spécifique pour cela.

    Petite question : les Celtes polythéistes vouaient majoritairement leurs cultes à des dieux, certes légendaires, mais ayant réellement existé, des hommes élevés au rang de Dieu pour être plus précis. Est-ce le cas en Chine ?

    Ce que vous décrivez, c’est le culte des ancêtres. Le rôle prépondérant qu’il tient dans la culture chinoise est bien connu, bien qu’il reste encore relativement inconnu (ou à découvrir) pour certains aspects. Le sujet est extrêmement vaste, c’est mission impossible de vous faire un topo honnête en trois ou quatre lignes. Essayons tout de même...

    Pour répondre à la question donc, oui. Il faut bien différencier deux branches distinctes du panthéon chinois (et de bien d’autres, sinon tous ?), entre les divinités humaines et les divinités naturelles. En gros, au début de l’histoire en Chine, c’est-à-dire à partir de l’apparition de l’écriture vers 1250 av. J.C. (sic, les connaissances actuelles), on peut déceler à travers ces documents — à contenu oraculaire et sur carapace de tortue ou bovidé — que le culte des ancêtres/ héros du passés donc (anciens rois/reines, ancêtres civilisateurs etc.) prennent progressivement le pas sur les cultes rendues aux divinités naturelles (on vénère aussi les monts, les fleuves, le soleil, le vent, les étoiles, les points cardinaux etc.).

    Ce qui se passe — et c’est un processus qui ne se limite pas à la Chine — c’est qu’à partir des environs de l’an 1000 jusqu’au début de notre ère, on anthropomorphise les divinités naturelles. Tout le but du culte des ancêtres c’est de nourrir par des offrandes et sacrifices ses ancêtres défunts, afin que ceux-ci puissent continuer à vivre comme esprit sur Terre, et les aider à plaider la cause des vivants auprès des divinités naturelles, considérées toutes puissantes et difficilement influençable directement... Le culte de ces héros sert donc à légitimer la prise de pouvoir de la Terre par les humains. Ils mènent aussi bien une guerre aux peuplades voisines qu’au monde des esprits.

    On pourrait avancer l’hypothèse que ce processus va se transformer (transfigurer ?) ensuite, en Chine et en Europe, avec les cultes des Saints à partir des débuts de notre ère (ils sont mi-humain, mi-naturodivin)...

    La question du culte des ancêtres est cependant plus complexe, car on peut être enclin à penser que dans les cultures du néolithique moyen (env. 5000 av. J.C.), ce même culte des héros fondateurs a pu avoir une signification totalement différente selon la culture considérée.

    Les phases anciennes et intermédiaires de la culture de Y ?ngsháo indiquent que les morts étaient essentiellement vénérées de manière collective, en contraste par exemple avec les pratiques de la culture de Dàwénk ?u (4300- 2600 av. J.-C.) plus à l’est, située aux alentours du cours inférieur du fleuve Jaune, où le type de sépulture suggère que le culte aux ancêtres était plus individualisé ; au sein d’une communauté où la stratification sociale était aussi plus développée.

    La suite de l’histoire, on la connaît smiley

    La culture de Dawenkou, plus hiérarchique, et s’appuyant plus sur ses rituels ancestraux individualisés, a disparu. Et la culture suivante, celle de Hongshan a mené cette logique a son paroxysme, avec des temples somptueux, mais a fini par disparaitre dans l’étrange cataclysme de la fin du IIè millénaire avant notre ère.

    La culture de Yangshao, plus communautaire, est celle qui s’est révélée la mieux adaptée, et celle-ci a donné naissance au coeur de la civilisation chinoise qu’on connaît aujourd’hui...



  • vote
    Le fou de T'chou Le fou de T’chou 21 juin 2018 00:05

    Et surtout un retour à la lecture des Antésocratiques...

    À bon entendeur smiley



  • 1 vote
    Le fou de T'chou Le fou de T’chou 20 juin 2018 23:48

    Une aparté, en marge du doc. Vers la minute 30, on parle du rôle de la fabrication d’alcool (et du rôle occupé par les champignons) au début de la sédentarisation, qui aurait pu avoir un rôle non négligeable dans l’essor de l’agriculture. C’est drôle, car cela reprend une idée qui n’a pas si bonne presse, à ma connaissance, en archéologie.

    Il existe grosso modo trois modèles explicatifs majeurs qui peuvent expliquer la sédentarisation et à l’essor de l’agriculture à la fin du Mésolithique. 


    1/ Les arguments les plus souvent avancés par les archéologues pour justifier l’adoption du mode de production agraire invoquent la combinaison d’une démographie croissante couplée aux pressions exercées par le climat, telle que la rareté des ressources au cours de la période hivernale.


    2 / Le deuxième schéma explicatif (à contre courant su 1er) met en avant le fait que, pendant cette première phase du Néolithique, la démographie des groupements humains n’était pas encore très élevée, mais surtout que l’optimum climatique introduit par l’Holocène avait favorisé les conditions d’une abondance certaine des ressources naturelles comparé aux époques antérieures. Dans ce cadre, l’essor de l’agriculture serait lié à la recherche d’une amélioration des conditions de vie.


    3/ Enfin, le dernier modèle met en jeu les relations interpersonnelles au sein de la communauté et les dynamiques de groupe, où l’agriculture a pu être encouragée au regard de la notion de prestige. La production de biens de consommation a pu être, dans ce cadre, rendue nécessaire pour une utilisation réglée au sein de pratiques rituelles, ou bien servir indirectement à la conception d’objets, ou de boissons avec l’alcool de riz, vecteurs de prestige social.


    Cette dernière piste, bien que connu depuis longtemps par les anthropologues, est dure à confirmer par des preuves matérielles, et il faudrait pouvoir comparer plusieurs foyers de cultures distincts, mais elle pourrait s’avérer particulièrement éloquente pour expliquer les débuts de la civilisation...

    Qu’en pensez-vous ?

     Les preuves matérielles ne permettent tout du moins pas de se prononcer de façon catégorique. Une combinaison de tous ces facteurs bien qu’entrant en contradiction apparente entre eux est (à vérifier) l’hypothèse actuelle considérée la plus probante afin d’expliquer la généralisation du passage, lors de cette période, à un mode de production agraire.



  • 1 vote
    Le fou de T'chou Le fou de T’chou 20 juin 2018 22:44

    @le celte

    Une corrélation entre "prendre de la hauteur" et "aller en profondeur" pourrait bien être établie... smiley notamment au regard des premières lignes du Tchouang-tseu, que tout sinophone connait bien...

    Il est dans les brumes de l’océan Septentrional un immense poisson, long de je ne sais combien de milliers le lieues, nommé K’ouen. Le K’ouen se métamorphose en un oiseau appelé P’eng, dont le dos mesure des milliers et des milliers de lieues. Le P’eng, dans un élan furieux, prend son essor, déployant des ailes plus vastes que les nuages qui flottent dans le firmament.

    L’histoire continue avec des moineaux qui discutent et qui se moquent de Peng... ce serait trop long pour en parler. L’extrait ci-dessus "serait" un récit mythique transmis de manière orale, et qui a été consigné par écrit dans le Tchouang-tseu vers le IIIè av. J-C.

    On peut donner de multiples interprétations à cette histoire.

    De manière synthétique, on peut s’accorder à dire que le récit symbolise avant tout une transformation intérieure. On précise bien qu’il finit par s’élever car animé par "la fureur" ou "la colère", qui peut renvoyer à la libération des mécanismes pernicieux du pouvoir (tant exercés par autrui que par l’intériorité même de l’individu). Et, ça enchaîne sur un voyage merveilleux... smiley 



  • 1 vote
    Le fou de T'chou Le fou de T’chou 20 juin 2018 21:44

    Intéressant ! Le monde des champignons est abyssal... smiley

    Ça me fait penser à une vieille émission de meta-tv " Les champignons pour sauver le monde" avec un intervenant très sympathique : ici
    Le rapport entre l’homme et les champignons, à travers l’histoire, est aussi un sujet passionnant. En Chine, on pense très vite au célèbre Ganoderma Lucidum (Líng Zh ? ; ?? ) (wiki), qui a fait coulé beaucoup d’encre (comme champignon d’immortalité...).
    La symbolique picturale rattachée à la peinture lettré chinoise est aussi relativement méconnue de nos jours — la tradition de la peinture lettrée a décliné à partir du XVIIIè environ pour une peinture mercantile. Prenons un exemple concret, La nymphe de la rivière Luo. Ce récit et rouleau (texte+image) relate la rencontre romantique entre un mandarin et la nymphe de la rivière en question (en clair, c’est un esprit de la rivière). Celle-ci lui fait un cadeau, avant de lui faire ses adieux. Le mandarin est tombé raide dingue de la nymphe forcément etc... La peinture de Gu Kaizhi et le poème qui va avec est un poncif en Chine, ultra connu, mais mis à part une poignée infime de chercheurs téméraires, personne ne veut pas admettre que la petite végétation qu’on voit notamment au début du rouleau (à droite), mais qui est présente partout après, a la forme exacte du Lingzhi...

    Une réplique de l’original de la dynastie Song (960-1279) :ici


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