Riton, vous avez parfaitement raison de rappeler que l’athéisme est une exception sur terre, et que la religion est la règle. Mais, partant de là, peut-on reprocher à la religion son existence comme vous avez l’air de le faire ? Son universalité ne témoigne-t-elle pas du fait qu’elle est en soi une réponse à un besoin de l’espèce ?
Vous savez Machiavel, les partisans de la théorie du genre tiennent le même discours que vous. S’ils l’emportent un jour, vous donneront-ils raison ?
Par ailleurs, si je vous dit que l’homosexualité est un trait naturel, me répondrez-vous "ça dépend des lois, et en particulier de celle du plus fort" ?
Est-ce que l’éthique s’analyse en laboratoire ?
Non. Donc laissez les scientifiques à leurs cornues, et Manent à sa spécialité.
Mach’, je vous l’ai dit ailleurs : vous avez du mal à reconnaître l’existence des choses qui ne s’imposent pas par la force. L’homme appartient au règne naturel ; si l’homme décide de s’autodétruire dès demain, il en a effectivement les moyens, peu en chaut à la nature et elle ne déposera pas plainte.
Si ces lois existent, est-il légitime de se refuser à leur étude sous prétexte qu’elles sont souvent bafouées ?
Pierre Manent n’est pas un grand fan des droits de l’homme. S’il s’appuie sur la pensée grecque d’une part, sur le christianisme d’autre part, c’est précisément pour débusquer la fausse bonne idée du règne des "droits".
En ce qui me concerne, le fait que les droits de l’homme reconstruisent une nature - pour le coup mythifiée... comme si la nature avait pu prévoir, "penser" l’égalité entre les êtres !! - atteste de leur caractère éthéré, décorrélé du réel. Je me refuse à parler de "droits humains" en dehors du droit ontogénétique à la nutrition et du droit phylogénétique à la reproduction, soit exactement ce à quoi ont droit les autres espèces. En dehors de cela, tout droit est de la littérature.
Mach’... me permettez-vous ? Bon j’ose... vous n’êtes pas coutumier du fait, mais là, votre réponse est stupide.
Dans "loi naturelle", Pierre Manent n’entend évidemment rien de positif (ou de "législatif"), bien au contraire. Remplacez "loi" par "logique" si vous préférez, ou par "causalité".
… mais on
retombe là dans nos éternels débat !
Exactement.
Merci pour votre commentaire.
@ Al West :
Bonjour à vous.
Je vous avouerais que j’ai bien l’impression que Pierre Manent a quelque peu adapté son discours à son hôte : KTO est la chaîne de télévision catholique française.
Cela dit, sa réflexion sur la nature n’a absolument pas besoin de faire intervenir Dieu ; ainsi, pour répondre à votre question "qu’est-ce au juste que la nature de l’homme", je répondrais ceci : tout ce qui rend l’homme contingent, soit tout ce qui le précède et l’entoure en n’ayant pas été pensé par lui et façonné de sa main, ce qui inclut l’homme lui-même en tant qu’être biologique.
Nieriez-vous ceci ? Si non, après cela, peu importe ici quel est l’auteur de la contingence de l’homme. Dieu ? La nature ? En tout cas, elle est bien réelle, sauf à croire que l’homme s’est auto-créé.
Ensuite, vous dites que de toute façon, l’homme n’a pas de nature. Al West, l’abeille a-t-elle une nature d’après-vous ? Si vous me répondez "oui", je vous rétorquerai que dans ce cas c’est bien vous qui placez l’homme sur un piédestal : ainsi l’abeille aurait une nature, et l’homme serait le seul animal à ne pas en avoir ? Et en quel honneur ? Si vous me répondez "non", je vous demanderai "dans ce cas l’abeille peut-elle se faire dauphin ?"
Pour ma part, je pense plutôt que l’homme est le seul du règne animal à être capable d’introspection, ce qui inclut une capacité d’interroger sa nature, voire de la nier, comme nous le faisons à l’âge moderne. Mais sans cesse elle se rappelle à notre bon souvenir !...
Pour moi, être capable de contempler et d’analyser sa nature, c’est précisément ce qui a donné à l’homme l’orgueil de croire qu’il pouvait en faire abstraction et la nier. Il ne peut pas s’en défaire, même s’il dispose de beaucoup plus de latitude que les autres espèces pour faire de cette nature quelque chose qui lui est propre, moyennant la science, certes, mais également la métaphysique.
Bien à vous,
EG
Intéressant et original, merci à vous pour ces vidéos.
Je pense qu’une impasse est faite sur des choses importantes, notamment au sujet de la capacité effective de mener des débats sereins et rigoureux dans une société de marché, mais toute défense de la liberté d’expression est bienvenue, donc merci encore.
Attention Jobel, Bernard est le père, Bertrand le fils.
@ micnet :
Oui, nous sommes d’accord là-dessus. Et il ne faut pas oublier que sur un point majeur, en France, un patron n’a pas les mêmes droits que son employé : si demain je veux me tirer de la boîte qui m’embauche, je pose ma démission et n’ai pas de compte à rendre (en dehors d’un préavis). Si mon patron veut me virer, lui devra hautement motiver son geste. Le contrat peut donc être rompu sur simple volonté, mais de manière unilatérale.
Mach’, pour ma part, je ne nie pas un problème de communautarisme subséquent, mais je voudrais simplement faire remarquer qu’au-delà du simple communautarisme, les gens sont attachés à favoriser ce qui leur est familier de prime abord. Et s’ils réagissent de la sorte, je pense que c’est justement le revers de la médaille d’un droit au travail ; plus vous êtes contraint dans vos choix en tant que patron et plus vous savez qu’il vous sera difficile de vous séparer d’un employé s’il s’avère que vous êtes trompé, plus vous serez tenté d’assurer vos arrières en évitant l’inconnu ou le peu sûr, donc de refuser de prendre quelques risques, dans l’intérêt de la boîte. Ainsi se retrouvent injustement discriminés Marie qui, passionnée, a le niveau sans les diplômes ou Moustapha au seul prétexte qu’un type du même quartier s’est fait la malle avec deux ordinateurs portables trois mois plus tôt.
@ micnet :
D’accord avec ce que vous venez d’ajouter. Cela dit, la logique du patron peut aussi bien être : "En prenant Mauricette, je ne prends pas le risque que l’ambiance au boulot soit parasitée par l’envie qu’auront certains de la voir en-dehors du boulot", si vous voyez ce que je veux dire.
Curieusement, alors que c’est envisageable, ce point de vue là est rarement celui des patrons !
Entre une belle garce et un gentil laideron, l’ambiance générale ne s’accommodera-t-elle pas plus souvent de la première que de la seconde ?
Mach’, peut-être n’êtes-vous pas non plus le mieux disposé pour parler d’objectivité. S’il vous faut en permanence tenir votre rang machiavélien, donc relativiste, comment voulez-vous convaincre s’agissant d’absoluité ?
Je me permets juste une remarque dans votre passionnant débat : j’ai souvent l’impression que l’on amalgame le critère objectif et le critère prescriptif, ainsi tout ce qui est objectif devrait-il devoir s’imposer. Or...
Je pense que nous sommes tous ici d’accord pour dire que si un patron engage Clara Morgane à la place de Mauricette Tonneau pour un job pour lequel Mauricette est bien plus qualifiée, celle-ci sera victime d’une injustice. Injustice que l’on peut comprendre quand on compare les calendriers de Clara à ceux de Mauricette, mais injustice quand même.
Eh bien moi ça me suffit. Je veux dire que d’un côté j’ai bien en vue l’absoluité de la justice - et je pense que le patron, en l’occurrence, avec sa main dans son caleçon a bien conscience également de l’injustice à laquelle il se livre -, de l’autre, libre à ce type d’être injuste puisqu’il est patron de sa boîte et qu’on est là dans une démarche privée. Si le patron est l’État, c’est différent.
Ainsi, voyez-vous, il existe des critères véritablement objectifs, ce malgré l’impossibilité de faire en sorte que la justice les fasse totalement respecter sans devenir trop autoritaire. Des critères que nous partageons toutes et tous, même ce cher patron qui niera la chose en bloc pour ne pas perdre la face... et se taper Clara.
L’objectivité et la prescription ne se recouvrent pas forcément, mais étant donné que vous analysez tout en terme de rapports de force, vous ne pouvez, il me semble, l’appréhender correctement. Pour vous, ce qui ne s’impose pas n’existe pas. Je pense que vous êtes dans l’erreur, et je le pense depuis que nous discutons ensemble.
Chère Madame Tonneau,
Nous avons bien reçu votre dossier, dûment complété et assorti de votre photo.
Le conseil et moi-même nous posions la question de savoir comment vous pouviez être certaine d’avoir été victime d’une discrimination.
Vous a-t-on fait part de résultats tangibles quant à vos compétences supérieures lors d’un concours officiel face à d’autres candidates ?
Ou êtes-vous vous-même si convaincue de bien porter votre nom qu’un manque de confiance subséquent vous fait douter au moindre échec ?
Veuillez agréer, chère Madame, nos respectueuses salutations.
Maître Enfoiros.
Je ne demande pas à être suivi, simplement à être entendu.
Ce qui demeure excessif pour certains est devenu nécessaire pour d’autres. Il y a un temps pour tout. Un temps pour le social, un temps pour la politique. Il faut refermer la parenthèse sociale qui a donné la pleine mesure de ses incohérences et ouvrir, enfin, la parenthèse politique de la reconstruction.
Bien à vous,
EG
Non Morpheus.
En revanche je peux vous dire que l’État a déjà mandaté des instituts privés pour récupérer les enfants dont plus aucun établissement public ne veut (certains sont dans une déchéance qui les rapproche des animaux), faute de savoir gérer la merde qu’il a répandu il y a un demi-siècle.
J’ai une amie qui était prof là-dedans, en plain Paris, avec des classes réduites et des cours particuliers offerts par les contribuables à des enfants non élevés par leurs parents démissionnaires et incapables de payer ce genre de choses.
Les directives étaient claires : dernière chance offerte à tous, les enfants devaient librement choisir entre apprendre et vaquer à ce qu’ils voulaient. Les trois quarts étaient en échec, la moitié a fini en prison et encore fallait-il un minimum empêcher les plus violents de perturber les séances de cours et les plus courageux à leurs tâches.
Il y a des limites à tout Morpheus. Une fois qu’on en est arrivé là, si certains enfants demeurent dans leur animalité il faut savoir les traiter comme des animaux.
Montrez-moi l’un de vos documentaires, mais filmé récemment, c’est-à-dire depuis que l’on a des classes d’élèves qui ne parlent même pas le français, qui frappent leur prof, lui crachent au visage, etc. Les rêves d’une humanité confraternelle dans des milieux homogènes et réduits, pour moi, ça n’est pas probant.
Évaluer un enfant, Morpheus, c’est prendre la mesure de son potentiel, ce dont lui n’est pas encore capable. Rien de fasciste là-dedans.
Ensuite, il faut lui montrer à quel niveau il en est de son propre potentiel, et en fonction de tout cela, en fonction du point de départ, du point d’arrivée et de sa progression, on peut traduire son mérite.
Voyez, je n’ai pas eu besoin de faire intervenir ses petits camarades pour les évaluer entre eux, ce qui est pourtant la grande affaire des libéraux (qui font de la mise en concurrence une valeur) et des socialistes (qui se plaisent à y voir au contraire une violence).
Le mérite d’un être ne se mesure pas à ce qu’il est capable de faire par rapport à un autre, mais à ce que son moi d’aujourd’hui a de plus que son moi d’hier en prenant au mieux en compte toutes formes de déterminismes (i.e. social ET naturel).
Quant à vos exemples, je serais bien curieux de voir si ces petites entités homogènes et bourgeoises seraient capables d’assurer la mission de l’Éducation nationale dans certains quartiers, face à des individus, non pas mal élevés, mais totalement sauvages.
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