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Les commentaires de Joe Chip



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 2 janvier 2021 22:28

    Déjà, de quoi on parle quand on dit "la gauche" aujourd’hui... il est pratiquement devenu impossible de définir ce terme sur le plan économique ou même social : il n’y a plus de prolétariat au sens marxiste du terme, il n’y a même plus de classe moyenne ou de salariat vraiment homogène mais une "atomisation" des conditions qui rend toute lecture de classe difficile, raison pour laquelle d’ailleurs une partie de "la gauche" s’investit maintenant dans les luttes identitaires, là où les lignes de fracture sont claires et visibles, même lorsqu’elles sont en grande partie subjectives : résultat, alors que "la gauche" marxisante n’avait que le mot "réel" à la bouche il y a 40 ou 50 ans, aujourd’hui c’est la subjectivité qui prime dans l’analyse de la société et des rapports de force, et pas n’importe laquelle, la subjectivité revendiquée, assumée comme parti pris légitime. C’est déjà une énorme différence par rapport à la gauche historique qui faisait du dépassement jusqu’au refoulement parfois excessif de la subjectivité (associée à l’idéalisme bourgeois trompeur) la condition même du combat politique. Ca peut d’ailleurs aller très loin, certains militants de gauche américains défendent ouvertement l’idée de déconstruire une partie de la réalité historique en d’en livrer une version délibérément mensongère 
    pour correspondre à leur vision idéologique de la réalité, en protestant, par exemple, contre tel jeu vidéo se déroulant dans la Bohême médiévale dans lequel on ne verrait aucun noir (ce n’est pas un délire de ma part, ça a existé), ou en demandant le remplacement systématique de tel ou tel personnage associé au canon du récit héroïque occidental par un personnage issu d’une minorité visible, et ce en dehors de tout contexte ou cohérence historique. 
    Et quand la question sociale est posée, elle est presque systématiquement mise à côté de la question de "l’origine" au sens identitaire du terme qui est même devenue la question première pour une partie de "la gauche". Aux USA certains sociologues s’alarment par exemple que l’augmentation exponentielle de la consommation de drogues dures ou de l’illettrisme au sein du "prolétariat blanc" soient quasiment devenues des tabous pour une partie de la gauche américaine. Les socialistes américains sont d’ailleurs assez critiques aujourd’hui envers les tenants des "identity politics" auxquels ils reprochent d’avoir bradé la question sociale au profit de luttes faisant parfois le jeu des capitalistes.
    Et en France, plus personne à gauche (à part peut-être un Piketty de manière assez abstraite et théorique et un Lordon dans un registre confidentiel et un peu sectaire) ne parle réellement d’économie, du niveau des salaires, de la généralisation de la précarité... en revanche il est chaque jour question dans les médias (et bien sûr sur les réseaux sociaux) de religion, de race et d’identité, Macron d’ailleurs prenant bien soin de brosser les uns et les autres dans le sens du poil avec son "en même temps". Car autant il était difficile de confondre défense du capital et défense du prolétariat sans se compromettre intellectuellement ou idéologiquement, autant l’identité est un critère beaucoup plus fluide et subjectif qui permet de balancer d’un côté ou de l’autre en fonction de l’actualité ou du public visé, rendant ainsi possible toutes les manipulations. Un coup je dénonce ces gauchistes adeptes du chaos reprenant les thèses indigénistes et coloniales, un coup je te balance en interview une petite périphrase sur le "crime de l’humanité" de la colonisation et le privilège blanc. Le pire c’est que cette incohérence marche sur le plan politique, un peu comme si les gens avaient acté le fait que la politique ne pouvait plus consister qu’à dire aux uns et aux autres ce qu’ils avaient envie ou besoin d’entendre. Ainsi se côtoient dans l’espace publique des discours opposés que tout le monde finit par tenir pour un peu vrai, chacun reconnaissant dans la subjectivité de l’autre le reflet inversé de sa propre subjectivité. Un Macron peut ainsi dénoncer simultanément la culture de la victimisation tout en affirmant l’existence du privilège blanc, sans que cela ne dérange personne. C’est un peu comme si je disais que les gens qui croient aux extraterrestres sont des mythomanes délirants, tout en concédant qu’il y a sans doute une part de vérité dans les histoires d’ovnis et de petits hommes verts (ou gris, pas d’essentialisme...). 
    Donc aujourd’hui, c’est difficile de dire ce qu’est un pauvre, un prolétaire, ou un homme (ou une femme, pas de sexisme) de gauche en se contentant de citer des indicateurs économiques objectifs. En revanche tout le monde voit ou croit savoir ce qu’est un "musulman", un "français de souche", voire un "bobo" qui est devenu un terme identitaire fustigeant des habitus culturels identifiés à une partie de la classe moyenne urbaine. 



  • 4 votes
    Joe Chip Joe Chip 21 décembre 2020 17:07

    @ZardoZ

    Par ailleurs les économies réalisées par la réforme des systèmes existants permettraient sans doute de financer une bonne partie de ce revenu.
    Mais le vrai verrou est psychologique. L’homme est tellement conditionné par le travail depuis l’existence des sociétés organisées que la seule idée de ne plus devoir travailler pour vivre constitue aux yeux de certains une proposition anthropologique impossible à accepter. On présume donc que l’homme, délié de cette obligation du travail se mettrait à dégénérer, à ne plus rien faire, à sombrer dans une oisiveté abrutissante. 

    En réalité un nombre grandissant d’économistes constate qu’une part de plus en plus faible du revenu des ménages est consacrée à la consommation utilitaire. Par conséquent, on ne pourra pas continuer à baser l’organisation sociale sur ce mode de production révolue où le travail permet la consommation et inversement. 
    L’automatisation et l’Intelligence Artificielle vont également supprimer la plupart des fonctions exécutrices, manuelle ou intellectuelles, libérant de l’obligation du travail une part grandissant d’individus qui ne pourront pas tous êtres reclassés ou reformés.
    Ensuite, beaucoup d’économistes dénoncent aussi le remplacement du travail d’autrefois (qui apportait un salaire mais aussi un statut dans la société) par les "bullshit jobs" ou boulots précaires qui n’ont parfois aucune utilité sociale sinon de maintenir superficiellement des gens dans l’emploi. 
    Comme il n’y a plus assez de travail pour tout le monde, on parle désormais de maintenir les gens dans l’employabilité, et donc en gros, on entraîne les gens à être de "bons" chômeurs, qui remplissent docilement leur fiche à la fin du mois, enregistrent leurs démarches, suivent des formations et des ateliers bidons qui coûtent en réalité beaucoup plus qu’ils ne rapportent. Plus rien ne justifie ce paternalisme institutionnel.
    La vérité c’est qu’on ne sait pas ce que feront les gens avec ce revenu universel. Certains en profiteront pour vivoter dans leur coin, c’est certain, et après tout, cela existait déjà avant que le principe du salariat s’impose. Des tas de gens, riches et pauvres, vivaient sans occupation statutaire ou suivie. 
    Mais beaucoup en profiteront sans doute pour reprendre des études, se consacrer à des activités peu lucratives mais socialement utiles sans avoir besoin de recourir à des administrations complexes (et coûteuses). Les plus ambitieux continueront de s’investir dans une carrière ou à vouloir gagner de l’argent ou acquérir un statut plus élevé. 
     Donc oui je pense qu’on y viendra naturellement, et que ce revenu universel accompagnera d’autres évolutions, notamment sur le plan démographique et environnemental. 



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 21 décembre 2020 16:30

    @Tchakpoum

    Rapport avec la situation ?

    Je suis content que vous soyez en bonne santé grâce au vinaigre de cidre, ceci étant dit, je crois que vous ne comprenez pas ce qu’est la vaccination : on ne vaccine pas pour protéger des individus, ou pas directement, mais pour "construire" une immunité de groupe que le virus finirait par engendrer naturellement mais après une période de temps indéfinie.
    De ce point de vue, il est parfaitement légitime de dire que le vaccin peut comporter des risques pour l’individu tout en conservant son intérêt sanitaire à
    l’échelle du groupe. Cela illustre parfaitement ce que je disais sur l’individualisme et l’aversion aux risques. Je ne dis pas ça pour vous accabler, nous sommes tous concernés.
    Et je ne crois avoir entendu nulle part que la vaccination était un remède miraculeux. 



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 21 décembre 2020 16:20

    @yoananda2

    analyse de surface de la situation. Descriptive, clinique même je dirais : on dirait un médecin qui vient poser des mots savant sur un symptôme, genre "mal de gorge" devient "dysphasie" ...

    Proposez votre analyse "profonde" alors. Ce ne sont pas des arguments.



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 21 décembre 2020 16:17

    @Qaspard Delanuit

    Moi je me fous complètement de pégase, c’est lui qui me tombe dessus et m’insulte dès que je poste un message ici. Je dois répondre une fois sur 10, mais bon, comme à votre habitude, 50/50 hein smiley



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 14:31

    @Qaspard Delanuit

    Si vous êtes dans le premier cas, je ne que vous donner le sage conseil prodigué par Alain Soral aux personnes en situation de handicap, à savoir de vous détourner de toute activité physique, sportive et de tout engagement concret dans la cité pour vous isoler, méditer sur ce coup du sort qui n’est peut-être qu’une manifestation de la justice divine (c’est Soral qui le dit, et Alain Soral, comme le dit Alain Soral, a toujours raison), et vous consacrer à la poésie, au lieu de vous soucier inutilement de politique.

    Si vous avez obtenu la libération du professeur tout en vous consacrant à plein temps à votre activité de taulier d’ago, je vous félicite.

    Si vous êtes en réalité Jean Castez, permettez-moi de vous dire que vous avez l’allure d’un commis de préfecture du sud-ouest membre du parti radical sous la 4ème République. Et ce n’est pas un compliment.



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 14:15

    @Qaspard Delanuit

    En quoi ce laïus a t-il le moindre rapport avec le déroulement des faits évoqués qui est l’objet de ce désaccord ?

    Je me fous totalement du CV de ce type, mais merci pour le copier/coller. Cela ne contredit pas tout ce que j’ai évoqué qui correspond à la réalité actuelle : pharmacien non inscrit, professeur retraité ayant fait l’objet d’un mandat d’amener pour exercice illégal de la médecine, et soupçonné, si j’ai bien compris, d’avoir poursuivi des essais cliniques sur des malades en dehors de tout cadre thérapeutique légal.

    Si vous allez chez un cordonnier (beau métier qui a pratiquement disparu) pour faire réparer votre paire de chaussures sur mon conseil, et que vous revenez vers-moi avec une chaussure trouée et que je vous réponds qu’il doit bien y avoir une autre explication car ce cordonnier a toutes les qualifications et a remporté des médailles professionnelles, vous allez me répondre que je vous charrie, non ? 

    Et puis il faut savoir, un coup vous êtes dans le camp de ceux qui préconisent le recul critique par rapport à toute forme d’expertise et de parole "officielle", un coup vous êtes dans celui des opportunistes qui considèrent qu’une ligne sur un CV ou un titre académique est comme un totem d’immunité.

    Encore une fois, ce n’est pas le sujet. Je nie simplement les faits tels qu’ils ont été rapportés sur le web "complotiste", je ne trouve aucune raison de dénoncer la procédure qui a été conduite conformément à la loi et encore plus absurde d’imaginer d’emblée le scénario le plus improbable d’un enlèvement cautionné par la raison d’Etat.

    Je pense avoir fait le tour de ce sujet qui ne me passionne pas tant que cela ; comme je sais que vous resterez sur votre position et qu’aucun raisonnement, aucun fait, ne pourra vous faire changer d’opinion, il me semble inutile de creuser des tranchées argumentatives et de camper sur nos positions.



  • vote
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 13:47

    @yoananda2

    Comme d’hab vous retenez quelques mots de mon post que vous montez en épingle pour livrer vos propres interprétations et opinions.

    Oui, je "fais confiance" à mon médecin quand j’entre dans son cabinet comme je "fais confiance" à priori à mon garagiste quand je lui confie ma voiture pour la réparer, et le fais en sachant pertinemment qu’il y a des médecins indignes de confiance et des garagistes incompétentes et des arnaqueurs.

    La vie en société repose sur la confiance accordée à priori à son prochain. Mais évidemment dans votre vision du monde comme un jeu à somme nulle régulé par la prédation des uns sur les autres et conditionné par des rapports de forces parfois réel mais aussi fantasmés de votre part, lutte pour la survie, concurrence des QI, etc., la confiance n’est ni une valeur ni une vertu, mais un simple "slogan" creux, ce que je peux comprendre.

    Vous avez le droit d’avoir votre vision du monde, cependant, rien ne vous interdit de prendre un peu de recul par rapport à celle-ci et à ne pas la projeter de manière mécanique sur la société en croyant ainsi avoir affaire à la réalité vérifiant vos idées préconçues.



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 13:40

    @Qaspard Delanuit

    Tout votre argumentaire est basé sur une série d’imputations, de scénarios et d’affirmations non démontrées (et pourquoi pas... et que serait-il arrivé si... tout cela arrive...). 

    Il n’y a absolument aucun élément concret permettant d’affirmer que ce "professeur" ait été interné sur décision politique. C’est faux et même impossible puisque la procédure d’internement a été faite sur recommandation du médecin psychiatre, conformément à la loi. Le préfet n’est "intervenu" que pour valider la procédure.

    Si encore ce Fourtillan était un profil à la Raoult... mais là il s’agit d’un pharmacien non inscrit à l’ordre des pharmaciens, professeur retraité poursuivi pour exercice illégal de la médecine, quel intérêt l’Etat aurait-il à en faire un pseudo-martyre pour des milliers de gens qui sont précisément conditionnés à croire à ce type de scénario ? Même dans cette perspective "complotiste", ça n’a aucun sens.

    Et toutes ces histoires sur l’enlèvement de sa femme ou sa disparition ? Vous êtes quand même d’accord pour reconnaître que tout ça ne sont que des fantasmes et des mensonges de gens enfermés dans leur bulle cognitive, non ?

    Je ne peux dans le cas contraire que vous encourager à saisir vos casseroles et rejoindre les gens se sont rassemblés pour "exiger" sa libération. Au moins, cela sera plus cohérent que de se livrer à des spéculations tordues sur internet. C’est bien d’avoir des opinions divergentes sur tout mais à un moment il faut avoir le courage de les assumer et de les revendiquer au lieu de se complaire dans la position confortable du commentateur survolant l’actualité et les agitations humaines.



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 13:06

    @pegase

    Merci pour ce message, je considère que c’est le coup de pied de l’âne.

    Sachez que je m’honore d’être invectivé et de subir des attaques ad hominem à chaque fois que je remets les pieds ici, ne serait-ce que pour poster deux ou trois messages.

    Donc merci de m’encourager à continuer à poster même si je n’ai plus beaucoup de motivation à intervenir ici.



  • 6 votes
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 12:47

    @Qaspard Delanuit

    C’est d’ailleurs un des argument des libéraux pour le revenu universel : donner une simple allocation sur une base claire et égalitaire permettrait en réalité de mettre fin au système actuel qui permet aux uns d’empiler aides et subventions tandis que que d’autres, pas forcément mieux lotis, n’ont le droit à rien. Et aussi de supprimer les administrations qui gèrent ces différents guichets.

    C’est pourquoi il est stupide de présenter ce revenu de base comme une idée "gauchiste".



  • 1 vote
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 12:11

    @Qaspard Delanuit

    Moi, je n’en sais rien et j’en savais encore moins quand j’ai publié mon message précédent. Mais voulez-vous dire que tout est toujours parfait en France sans aucune exception ? Qu’il n’existe aucune erreur psychiatrique, judiciaire, policière ? Aucun abus d’autorité ?

    Ce que je trouvais surréaliste, c’est que ses amis ne puissent avoir aucune nouvelle de ce monsieur

    Je fais à priori confiance aux médecins dans mon pays et je suis pratiquement certain qu’un médecin psychiatre n’aurait pas engagé sa carrière, sa réputation et sa vie sur simple ordre d’un préfet pour livrer un "professeur" aux autorités.
    Je fais la différence entre des dysfonctionnements potentiels et une soi-disant "soviétisation". 

    Et je vais d’ailleurs vous poser une seule question, même en retenant la possibilité de l’enlèvement politique, pourquoi toujours mettre ce type d’hypothèse, en réalité la plus improbable, en première position dans la liste, tout en rejetant à priori l’explication la plus rationnelle, la moins sensationnaliste ?

    De toute façon c’est une lecture erronée des événements puisque le préfet n’est pas directement intervenu pour demander l’internement de ce "professeur" qui d’ailleurs a été libéré depuis, ce qui n’empêche pas les gens ici de dire que lui et sa femme auraient été enlevés, etc... 



  • 2 votes
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 11:57

    @yoananda2

    Savoir des choses avant même qu’elles aient été débattues ou expérimentées est la définition même de la décadence.



  • 4 votes
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 11:46

    @Qaspard Delanuit

    Les vaccins ont toujours eu des effets secondaires (ça remonte à Pasteur, qui sans dire de bêtise a caché certaines des conséquences fâcheuses de ses "essais" pour ne pas remettre en cause les progrès de la vaccination). Le Roi Louis XVI s’est fait vacciner avec toute sa famille pour montrer aux Français (déjà) réticents que l’inoculation de la variole n’était pas mortelle.  

    Des millions de neuneus à l’esprit binaire sont visiblement en train de découvrir que la vaccination n’est pas un procédé miraculeux mais une solution empirique dont les bénéfices sont évalués en fonction des risques. Le risque zéro est par définition impossible, surtout avec les premières formules de vaccin. 

    Comme toujours, les réseaux sociaux, les photos décontextualisées et les memes débiles servent d’accélérateur et d’amplificateur à la connerie.
    Cette histoire révèle surtout que l’aversion collective au risque est devenue le trait caractéristique des sociétés démocratiques avancées (avec la démagogie omniprésente). Car ailleurs dans le monde (en Asie) les populations démontrent au contraire une rationalité et une abnégation collective à côté desquelles notre sacralisation du bien-être, de la consommation et de l’individualisme festif devrait quand même nous interroger. L’occidental moyen privé de sa "liberté" de se rendre à l’hypermarché, de consommer des merdes fabriquées à l’étranger, de sa semaine de vacances au ski ou pour les plus frustes de picoler au bar bascule dans la dépression et se met même à dépérir. J’ai appris récemment que les supermarchés étaient contraints de réapprovisionner et ré-achalander en permanence les rayons pour éviter les réflexes d’accumulation. Ce conditionnement pavlovien des cerveaux reliés aux estomacs dicte en ce moment le mode de production et de distribution des produits dans les supermarchés. Les gens entrent en mode "survie" dès qu’ils voient un rayon vide. Il faut donc toujours offrir l’image de l’abondance ou de la surabondance pour éviter la panique généralisée afin que les gens puissent continuer à refouler quotidiennement jusqu’à la pensée même du besoin. Notre incapacité à supporter la vie et ce qu’elle implique d’aléatoire est devenue telle que nous avons besoin comme les enfants d’être en permanence matériellement comblés et rassurés par des histoires. Heureusement, les supermarchés fournissent la drogue et Netflix prodigue les berceuses, le tout en flux continu, et ainsi nous pouvons nous endormir sans la peur du lendemain.
    On a peine à croire que nos ancêtres étaient des paysans capables de marcher des 20 ou 30km par jour en ayant bouffé une soupe et trois bouts de pain de la veille. Que des gens s’embarquaient autrefois sur des bateaux pourris sans même se dire qu’ils allaient peut-être tomber malade en route ou arriver dans un endroit où ils ne trouveraient rien qu’ils ne puissent cultiver ou chasser par leurs propres moyens.

    Comment gouverner des individus qui ont perdu presque toute capacité de résistance face aux épreuves collectives ? C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certaines personnes se raccrochent à l’idée que la crise a été voulue et organisée par les élites. Il y a ainsi des coupables identifiés, faciles à désigner et à rendre responsables de la faillite d’un modèle de société qui ne permet plus d’assurer le bien-être d’une large partie de la population alors que c’était quasiment sa seule promesse (prospérité pour tous). 

    Comme je l’avais d’ailleurs exprimé ici au début de la pandémie, les vœux exprimés par certains de voir nos sociétés se désintoxiquer un peu de la consommation matérielle de masse et réhabiliter une forme de vie intérieure qui ne soit pas exclusivement conditionnée par la satisfaction de nos besoins matériels, ont fait long feu. On nous dit que c’est le fondement de notre sociabilité, voire de notre culture. Complotistes et libéraux rivalisent de bêtise et de démagogie pour renvoyer tout le monde au turbin et rouvrir les bars. Le "nouveau monde" avec son cocktail de possibilités et d’incertitudes est rejeté en réalité par l’ensemble de la population et résumé à la seule possibilité du télé-travail qui ne pourra concerner qu’une partie des salariés, ceux qui sont déjà les plus qualifiés et les plus avantagés. 

    Tous les corporatismes se braquent : restaurateurs, "monde de la culture", événementiel, etc... le consommateur est plus que jamais le roi ; le message est répété, encore et encore : consomme, citoyen, consomme, c’est la voie du salut collectif. La vie n’est que ça : travail, consommation, mort.

    Les populations demandent à la fois à être laissées libres de leurs mouvements tout en étant complètement protégées (rendant les gouvernants responsables de la pandémie voire de la création du virus) et en refusant d’assumer le moindre risque sur le plan sanitaire ou social. C’est une équation insoluble pour les gouvernants du monde occidental qui ont presque tous échouer à trouver le bon compromis entre la protection et le risque face aux exigences contradictoires de la population.



  • 7 votes
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 10:14

    @Étirév

    C’est qui "on" ? Les illuminatis ? Les francmacs ? La communauté qu’il-ne-faut-pas-nommer ? Les capitalistes ? Les protestants ? Les gauchistes ?

    Bon sinon comme 99% des commentateurs sur ce site vous n’avez qu’une vague idée caricaturale de ce dont vous parlez et vous vous contentez d’éructer en mode réac courroucé en débitant au passage quelques poncifs "complotistes" venant confirmer vos certitudes mortifères (ou "biais cognitifs" pour reprendre une expression à la mode chez les dissidents du web).

    Le terme "revenu universel" est un mot générique qui renvoie à des approches et des modalités d’application très différentes. Ce que vous évoquez, c’est une rente inconditionnelle qui est en réalité défendue par très peu de monde (quand bien même elle serait possible). D’autres préfèrent parler de "revenu de base" qui serait en gros un minima social accessible aux moins de 25 ans. Les conditions de ce revenu sont discutées et conditionnées : "universel" ne veut pas dire "gratis". 

    Vos arguments reprennent quasiment à la lettre ceux des anciens esclavagistes ou du patronat du XIXème siècle quand des revendications ont commencé à émerger du prolétariat mais aussi d’une partie de la bourgeoisie pour interdire le travail des enfants, exiger la diminution du temps de travail quotidien puis hebdomadaire, créer des systèmes de rente pour les retraités, des caisses d’assurance pour les travailleurs, etc.

    A chaque fois les réacs s’y sont effectivement toujours opposés avec une rare virulence, piégés dans leur conception du pêché originel (la vie est un enfer terrestre et doit le rester pour ceux qui n’ont pas été élus) et convaincus que la société ne pourrait jamais s’organiser en dehors des carcans induits par la naturalité des rapports de dominations présentés comme "traditionnels". 

    Et ce sont quoi vos "bonnes idées" ? Non, en fait, pas la peine de les étaler, on les connaît déjà.



  • 4 votes
    Joe Chip Joe Chip 19 décembre 2020 04:03

    @CoolDude

    La pente concernant le nombre de contamination était négative et concerné 1 à 2% des testés qui est dans la barre d’erreur des faux positifs des tests PCR !

    Sls0+0 voit l’avenir dans du bruit...


    La plupart des épidémiologistes annonçaient une deuxième vague à la rentrée.

    On les traitait alors de charlatans alarmistes vendus aux labos. Leur boulot est précisément de savoir lire et interpréter les courbes épidémiologiques. Raoult qui s’est fourvoyé pratiquement depuis le début dans sa lecture de la crise a trouvé cette image du "devin" qu’il se refuserait à jouer pour se défausser de ses propres prédictions qui se sont révélées aléatoires.
    Depuis lors tous ses aficionados sur internet reprennent ce terme pour accuser a posteriori les scientifiques qui avaient vu juste de s’être livré à la divination en interprétant de manière éronée les "bons" chiffres de l’été. 
    Pratique, cela permettait d’aller dans les restaurants et de se ruer sur les lieux de vacances sans se poser de questions. De nombreux médecins et scientifiques faisaient la moue, ils n’ont pas été entendus. Certains annonçaient encore la deuxième vague dès la rentrée, mais le délire a continué, les mesures n’ont jamais été réellement appliquées dans les établissements scolaires, la méthode Coué a prévalu jusqu’au mois d’octobre.
    Le gouvernement dépassé depuis le début tente de rattraper son mensonge initial et court après une partie de son opinion capricieuse qui, par narcissisme franchouillard, ne veut pas reconnaître qu’il s’agit d’un problème mondial et non d’un problème français simplement lié à l’incompétence de l’exécutif. C’est pour cette raison qu’on a a laissé pratiquer de manière absurde, en masse et sans justification médicale, des tests de dépistage qui auraient dû seulement être utilisés pour repérer les personnes contaminées et casser les chaînes de transmission comme l’ont fait la plupart des pays asiatiques. Tout ça pour pouvoir dire à l’opinion "on a fait plus de tests que les Allemands" alors que cela ne servait à rien et que ça a coûté des milliards, les Français utilisant aussitôt et de manière prévisible le test comme un test de confort (je me teste en rentrant de vacances, avant de rentrer en weekend...)

    On a le gouvernement qu’on a mérité. Une population qui attend à la fois 100% de sécurité et 0% de risques de la part des autorités ne doit pas s’étonner ensuite d’avoir affaire à un gouvernement infantilisant et "autoritaire".



  • 4 votes
    Joe Chip Joe Chip 18 décembre 2020 10:18

    @Qaspard Delanuit

    Quelles spéculations ? Je sais bien que ce genre d’histoire est du comburant pour
    les fantasmes quotidiens de certains internautes mais qu’est-ce qui vous paraît "surréaliste" en l’occurrence ?
    Ce monsieur semble déjà avoir été "libéré" par la "dictature sanitaire", rassurez-vous. Il n’a pas été interné contrairement à ce qu’on a pu entendre sur "ordre du préfet" mais sur décision médicale validée par la préfecture comme toute procédure d’internement sans consentement :

    https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F761

    Lorsque le malade met en danger d’autres personnes ou porte gravement atteinte à l’ordre public, le préfet peut prononcer son hospitalisation.

    Il s’agit d’une hospitalisation d’office (HO), appelée aussi soins psychiatriques sur décision du représentant de l’État (SDRE).

    Le préfet signe alors un arrêté, au vu du certificat médical d’un psychiatre (celui-ci ne doit pas exercer dans l’établissement d’accueil).

    Visiblement, le "professeur" qui faisait l’objet d’une enquête et de poursuites pour exercice illégale de la médecine et des essais cliniques menés en dehors de tout cadre réglementaire sur des patients souffrant d’alzheimer et de parkinson, a fait une décompensation psychique au moment de son arrestation/incarcération. Vu les lubies du "professeur" qui est persuadé que le covid a été créé par l’institut Pasteur, ça ne m’étonne pas vraiment, mais il s’agit de toute façon d’une situation relativement banale en France où les arrestations donnent parfois lieu à des mesures d’internement provisoire, sur décision administrative de la préfecture donc, car en France "soviétisée" les procédures d’internement sont strictement encadrées afin d’éviter précisément les abus du milieu familial (figurez-vous qu’il y a beaucoup plus de demandes d’internement effectuées par les familles que de procédures d’internement effectivement demandées par les autorités médicales et administratives).
    Une arrestation/incarcération est un évènement "traumatisant" qui peut déclencher une décompensation brutale chez certaines personnes. L’intrusion des autorités au domicile, l’attitude de certains policiers, la privation subite de liberté, tout ça peut concourir à induire des épisodes de rupture psychique plus ou moins durable. Il y a des gens, parfois sans histoire, qui peuvent péter un câble durant un banal contrôle routier et qui finissent en cellule ou à l’HP quelques heures plus tard.
    Si ce type a fait l’objet d’une décision d’internement, c’est parce qu’elle était médicalement justifiée. Ces décisions contrairement à ce que l’on croit ne sont pas prises à la légère, loin des fantasmes de "totalitarisme" et de "soviétisation". 

    Si l’Etat ne mettait pas son nez dans les demandes d’internement, nos hôpitaux psychiatriques ressembleraient à la Cour des Miracles de l’Ancien Régime ou aux hospices sordides du XIXème siècles et regorgeraient de tous ces éléments marginaux, malades, asociaux et autres "non-productifs" refoulés par la société.

    Le vrai drame d’ailleurs, ce n’est pas l’arrestation parfaitement anecdotique de ce pseudo-dissident aux idées paranoïaques, mais ce sont toutes ces personnes qui devraient être internées et prises en charge et qui, faute de place ou de moyens, sont parfois livrées à elles-mêmes ou laissés à la responsabilité des familles avec un simple traitement (camisole chimique). 

    Affligeant toute cette bêtise démagogique.



  • 3 votes
    Joe Chip Joe Chip 15 décembre 2020 13:01

    @Étirév

    À propos de la FM moderne, Joseph de Maistre, dans « Mémoire au duc de Brunswick » (1782), précise ceci : « Tout annonce que la Franc-Maçonnerie vulgaire est une branche détachée et peut-être corrompue d’une tige ancienne et respectable. ».


    Cette pseudo-complaisance de certains réactionnaires envers la FM servie par une réécriture toute opportuniste de l’histoire faisant la distinction entre une "branche corrompue" et une supposée "tige ancienne et respectable" de la maçonnerie s’explique tout simplement par le fait qu’il y avait énormément de catholiques dans les loges, et pas des moindres, puisqu’ils provenaient souvent du haut-du-panier de l’aristocratie dite libérale car favorable à une monarchie constitutionnelle. Et comme ils avaient argent, pouvoir et influence, et qu’on ne pouvait pas non plus se mettre tout le monde à dos en ces années troubles, il fallait bien trouver un "truc" pour remettre ces "blancs moutons" égarés sur le droit chemin sans pour autant les excommunier (ben oui la double appartenance à la FM et à l’Eglise catholique n’était plus autorisée depuis que le Pape avait "fulminé" à ce sujet dans les années 1750).
    Donc De Maistre ne fait que reprendre les fables élaborées à l’époque par l’Abbé Barruel (l’inventeur de la thèse du complot illuminati) et quelques autres pour condamner la maçonnerie comme déviance protestante et moderniste sans pour autant condamner personnellement et moralement les catholiques maçons qui se voyaient ainsi considérées comme les victimes involontaires d’un complot des judéo-protestants (accusés d’avoir dévoyé l’antique maçonnerie pure et chrétienne) et non comme des traîtres et des hérétiques en puissance smiley 



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    Joe Chip Joe Chip 3 décembre 2020 10:40

    @sls0

    Se gaver d’heures d’extraits de télévision sur internet, c’est regarder la télévision.

    Ne pas regarder la télévision, ce n’est pas ne pas avoir un poste de télé chez soi pour éviter de payer la redevance ou pour faire preuve de snobisme sur les forums, c’est ne consommer aucun programme de télévision ou de manière très occasionnelle.

    Les statistiques sont éloquentes, le nombre d’heures de visionnage de programme télé tout support confondu a explosé ces dernières années. La pseudo indépendance d’esprit qu’est censé conférer le fait de commenter ces émissions via les réseaux sociaux et le web est une pure illusion cognitive, puisque l’on participe dans tous les cas à la "matrice" en générant du trafic pour la publicité (y’a bien de la pub sur ago non ?), en alimentant des polémiques et des buzz sans fin, en relayant qu’on le veuille ou non l’agenda dicté par les "médias mainstream". Le web dissident et les préposés aux commentaires sont les meilleurs alliés des émissions d’actualité et des chaînes qu’ils prétendent combattre.
    Les gens qui ne regardent pas la télévision sont généralement des personnes désinvesties sur le plan idéologique, autonomes sur le plan économique et qui ne passent pas leur vie sur internet à poster des commentaires sur les émissions qu’ils prétendent détester. Car il y a évidemment un lien entre internet et la télévision, c’est en réalité un continuum : plus on passe de temps sur le net et plus on regarde la télévision.
    Le comble de l’hypocrisie consiste à condamner de manière générale la télévision, ceux qui la font et la regardent, tout en passant soi-même des heures à animer et participer à ce que l’on appelait à l’époque la "société du spectacle".
    Il y a même une sorte d’aveuglement sectaire dans cette attitude car il existe en réalité d’excellents programmes télévisés, notamment dans le genre documentaire, quand on s’efforce de garder l’esprit ouvert et de ne pas s’emmurer dans une attitude péremptoire et prescriptrice.
    Personnellement je ne regarde plus aucune émission de "débats" à la noix car je sais que ce type de programme est privilégié aujourd’hui par les chaînes pour une seule et simple raison : c’est ce qu’il y a de moins cher à produire. C’est l’équivalent informationnel du fast food et ceux qui prétendent ne pas regarder ces émissions tout en les commentant obsessionnellement sur le net sont aussi hypocrites que les antiaméricains de pacotille qui mangent au macdo car c’est "pratique" et "pas cher" et les charlots qui pontifient sur la "matrice" et 1984 tout en passant leur temps à jouer aux jeux vidéos et à consommer les artefacts culturels de la société du divertissement généralisé.
    La recette est simple : mettez un journaliste "vedette" un poil controversé autour d’une table avec deux "chroniqueurs" sortis d’une rédaction ou d’une école de commerce, lancez un sujet d’actualité polarisant, et voilà, vous avez une émission prête à être enfournée sur les réseaux sociaux et dont les extraits les plus polémiques permettront de créer des buzz artificiels et d’accentuer les divisions et le morcellement identitaire de la société, puisque chacun est désormais sommé prendre position et se déterminer idéologiquement par rapport à ce flux d’infirmation incessant et contradictoire.
    C’est évident en ce moment sur le thème de la sécurité où on est passé en quelques jours de la communication sécuritariste de Darmanin (les vieilles ficelles de la sarkozie, en parler fort pour ne rien faire) à la surenchère antiflic d’une gauche totalement discréditée qui n’existe plus qu’à travers ses luttes sociétales. 

    Comme disait Godard, la télé est un robinet : mettez de l’eau, ça coule, mettez du poison, le poison se diffuse partout.



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    Joe Chip Joe Chip 8 novembre 2020 13:13

    @Simple citoyenne

    Vous n’avez rien compris. Il dit à ces journalistes qui ont une compréhension binaire du bilan de Trump que son passage laissera des traces voire un héritage dans la politique et les institutions américaines. Et il fait la distinction entre Trump en tant que phénomène politique (qu’il comprend, explique, etc.) et Trump en tant que personnage qu’il juge détestable.