L’affaire Carpentras : une profanation de la raison !
Voici un documentaire de l'émission 'faites entrer l'accusé' diffusé en 2005 sur le déroulement de "l' Affaire Carpentras". Si l'on arrive à faire abstraction de Christophe Hondelatte, de son narcissisme et de ses commentaires moralisateurs en voix-off, ce documentaire se révèle particulièrement intéressant et instructif, d'une part sur le déroulement chronologique et d'autre part sur la folie émotionnelle que toute cette affaire a suscitée !
Dès la 4è minute, on énonce un fait essentiel en rappelant que le procureur de la République du secteur, ainsi que la communauté juive de Carpentras, seulement quelques heures après la découverte de la profanation du cimetière, souhaitaient ne pas ébruiter ces événements...jusqu'à l'arrivée en fanfare du ministre de l'intérieur de l'époque, un certain Pierre Joxe. Et à partir de là, tout s'enchaîne, ou plutôt se déchaîne. Contre l'extrême-droite et le racisme en montrant du doigt le FN dans un premier temps. Pour ensuite s'orienter vers les fils de notable de la ville adeptes de jeux de rôle, dont le fils du maire . Des témoignages approximatifs, d'autres carrément bidons, une juge d'instruction cherchant à faire sérieusement son travail d'enquête et qui a subi une pression considérable, aussi bien du parquet que des médias. En résumé, il aura fallu plus de 6 ans d'enquête pour trouver les coupables malgré le fait qu'il reste encore certaines zones d'ombres, notamment la mort étrange du meneur de cette épopée macabre : Jean-Claude Gos !
Bref, ce documentaire réussit très bien à montrer une constante qui se retrouve tout au long de cette affaire : la rumeur ! A noter que la parole est aussi donnée au Front national par la voix de Guy Macary qui peut exprimer librement ses doutes quant à la spontanéité du témoignage de l'un des skinheads, Yannick Garnier.
"Faites entrer l'accusé, s'intitule cette émission"... En sachant que le premier accusé de toute cette hystérie est peut-être celui qui, du haut de l'Elysée, tirait les ficelles en focalisant l'attention des médias sur le Front National puis, dans un deuxième temps, en montrant du doigt les notables, dont le fils du maire (alors RPR). Ce qui avait le double avantage de faire monter le Front National tout en 'cassant' la droite (laquelle en 1990 comptait encore de vrais gaullistes...). Quand on sait par ailleurs que quelques mois seulement après cette affaire, une certaine loi appelée 'loi Gayssot' fut votée au Parlement, (loi en réalité clairement antisémite qui, en faisant des juifs les intouchables de la République, a généré un antisémitisme de ressentiment. Ce qui était certainement le but recherché) on se dit alors que ce "grand marionnettiste" ami de René Bousquet, décoré de la francisque et adepte des coups tordus en tout genre a réussi, peut-être au-delà de ses espérances, à nous laisser une société de plus en plus communautarisée et de plus en plus éclatée.
Si cette affaire pouvait au-moins faire réfléchir les uns et les autres sur l'importance de la 'raison' face aux dégâts que provoquent "l'émotion"et tous ceux qui en jouent ; qu'ils soient du 'système' ou se revendiquent 'antisystème', alors peut-être que l'intelligence des débats en France cesserait d'être si souvent "profanée"...
Moments-clés :
- Mai 1990 à Carpentras, on découvre dans le cimetière juif de la ville la tombe de Félix Germon profanée et le cadavre déterré.
- Suite à ces découvertes , le procureur et la communauté juive locale souhaitent la discrétion. "Il fait garder ça pour soi", expliquent-ils.
- Arrivée sur les lieux de Pierre Joxe, ministre de l’intérieur sous le gouvernement de François Mitterrand. Déclaration tonitruante de celui-ci face caméra en dénonçant "l’extrémisme" et le "racisme" comme coupables, désignant ainsi implicitement le front national en tant que responsable de ces atrocités. S’ensuit un véritable déchaînement médiatique avec en point culminant une grande manifestation contre le racisme à laquelle le président de la république en personne participera. Une première dans l’histoire de la république.
- Dans un premier temps, la piste conduisant à la culpabilité de certains groupuscules néo-nazis n’ayant rien donné, on s’oriente alors vers la présomption de culpabilité de certains jeunes de la ville, adeptes de "jeux de rôle" et fils de notables, dont le fils du maire (RPR) en personne. Tout ça alimenté par ce qu’on appelle "la rumeur" et appuyé par un témoignage d’une jeune femme, Jessie Foulon. Témoignage qui s’avérera être totalement bidon.
- Dans le même temps, la juge d’instruction en charge de cette affaire, Sylvie Mottes, subira une pression considérable de toute part. Notamment du parquet via le procureur Tissot, convaincu de la culpabilité de ces jeunes fils de notable. Tout ceci prend des allures de théâtre avec l’un des acteurs principaux, le "très médiatique" avocat Gilbert Collard (aujourd’hui membre du FN) qui, en présence d’Alain Germon, cousin de Félix, montre une enveloppe face caméra qui contiendrait la fameuse liste des "vrais coupables".
- Le 30 juillet 1996, soit plus de 6 ans après les faits, coup de théâtre ! Un grand gaillard appelé Yannick Garnier, skinhead et sympathisant du PNFE (parti nationaliste français et européen) se rend auprès des renseignements généraux en avouant sa participation aux événements. Il balance le nom de ses complices : Jean-Claude Gos, membre du PNFE et considéré comme le meneur, Patrick Laonegro faisant figure de l’idéologue au sein de l’équipe, Olivier Fimbry et Bertrand Nouveau également sympathisants du PNFE. Le témoignage de Garnier semble convaincant. Ses 3 complices interrogés à leur tour (Gos le meneur étant décédé entre-temps) finiront également par avouer.
- Le 17 mars 1997 se tient le procès des 5 accusés. Jugés coupables à l’issue du procès, ils seront pour la plupart condamnés à 2 ans de prison ferme, soit la peine la plus lourde possible pour ce type d’affaire. Garnier, lui, écopera de 30 mois. Magdeleine Germon, la veuve, déclarera leur pardonner à tous. Interrogé sur cette issue, Guy Macary, membre du FN, s’interroge sur le fait que Yannick Garnier se soit rendu directement aux RG pour rendre son témoignage. Ce qui le conduit à penser que tout cette affaire n’aurait été, peut-être, qu’une manipulation dont Jean-Claude Gos, le "cerveau" de l’équipe n’aurait été que l’exécutant.Vrai ou faux, ce qui est sûr, c’est que le FN n’aura pas été affecté, électoralement parlant, de cette affaire...
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