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Les commentaires de maQiavel



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    maQiavel maQiavel 14 octobre 2019 16:16

    @Ozi

    Et c’est l’un des points sur lesquels nous ne sommes pas d’accord car je ne crois pas qu’un effondrement puisse balayer des systèmes de représentation par lui-même. Un effondrement n’est pas un phénomène social neutre, il y’a des gagnants et des perdants, ça peut déboucher sur un système autoritariste inégalitaire ultraréactionnaire encore pire que tout ce qu’on connait aujourd’hui, tout comme il peut déboucher sur une société plus égalitaire, émancipatrice et respectueuse des droits de chacun. Tout dépend de la façon dont évoluent les rapports de force entre ceux qui vont instrumentaliser cet effondrement pour assoir leur domination et ceux qui sont en quête d’autonomie individuelle et collective.

    J’irai même plus loin : selon moi, cette combinaison entre néolibéralisme et thématique conservatrice est déjà un système de représentation moulé pour l’effondrement, c’est celui de ceux qui vont chercher à profiter de l’effondrement pour construire leur monde idéal qui serait, pour les gens comme toi et moi, un véritable enfer. Le darwinisme social consubstantiel au néolibéralisme combiné au paradigme ultra-hiérarchique et inégalitaire des ultraconservateurs donne un mélange explosif, surtout si on tient compte des potentialités technologiques en termes d’ingénierie sociale qui permettent la réalisation de leurs projets. 



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    maQiavel maQiavel 14 octobre 2019 13:59

    Il en est exactement comme Sylvain le décrit plus haut « CNews se "droitise" et développe une ligne de Fox news à la française », c’est-à-dire une ligne néolibérale conservatrice en phase avec l’idéologie néocons. D’une main on tape sur les musulmans pour accréditer l’idée du choc des civilisations et de l’autre on tape sur les prolos ( voir le traitement ahurissant du mouvement des GJ ), tout en faisant la promotion du néolibéralisme mondialisé et de l’européisme et en marginalisant ceux qui ont des vues opposées.

     

    Mais en réalité, ce n’est qu’un symptôme d’un phénomène beaucoup plus profond, la droite remporte la bataille culturelle et la société française se droitise de plus en plus. C’est pour ça que je ne tape même plus sur les gauchards, ça ne sert plus à rien, ce sont des zombies, c’est-à-dire qu’ils bougent encore alors qu’ils sont déjà morts ( et c’est tant mieux, leur bilan est lamentable, qu’ils crètent définitivement, peut être que le vide qu’ils vont laisser permettra l’émergence de quelque chose de plus consistant), la gauche culturelle ne se maintient que grâce au capital symbolique qu’elle accumulée depuis des décennies mais qui se dilapide de plus en plus vite, l’une des dernières place forte de cette gauche culturelle est le milieu des arts ( particulièrement le cinéma et la musique).  La dynamique est du côté des droitards, l’avenir est à eux ( pour le pire selon moi). Cette victoire culturelle a évidemment des effets médiatiques, le paysage audiovisuel n’a plus rien à voir avec ce qu’il était-il y’a 20 ans à l’époque de la gauche culturelle triomphante, les grands médias vont certainement avoir une trajectoire similaire à celle des réseaux sociaux au sein desquels la droite culturelle est d’ores et déjà hégémonique. 

    Maintenant que les droitards montent officiellement en puissance ( car jusque là, leur puissance culturelle était underground), la fracture des représentations dans notre société sera de plus en plus vive.



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    maQiavel maQiavel 14 octobre 2019 13:23

    Bon, voilà : « Les Kurdes annoncent un accord avec Damas sur le déploiement de l’armée syrienne près de la frontière turque »

     

    Le YPG qui est l’aile militaire du PYD, malgré une forte résistance, pliait face à l’offensive turque. Le PYD n’a donc pas eu d’autre choix que de demander l’aide de Damas, ce que ce dernier s’est empressé d’accepter avec une certaine condescendance ( le gouvernement syrien s’était dit disposé à « accueillir dans son giron ses enfants égarés »). Officiellement, cet accord prévoit un déploiement de l’armée syrienne le long de la frontière turco-syrienne. Mais ça, ce sont les apparences car les forces syriennes ne se confronteront jamais massivement et frontalement aux forces turques sans l’autorisation de Moscou. Maintenant tout va se jouer dans les négociations entre Poutine et Erdogan.

     

    Il faut savoir que Damas et Ankara partagent un passé lourd de disputes territoriales, le gouvernement syrien ne voit donc pas d’un bon œil la zone tampon que la Turquie veut établir à la frontière, surtout si c’est pour y déverser des islamistes armées fanatisés qui détestent le régime baasiste et dont l’allégeance va avant tout à Ankara. Les Russes vont surement proposer un arrangement identique à celui qui a été passé avec Israël dans le sud ( Moscou avait convaincu Téhéran d’éloigner ses relais de la frontière israélienne, la seule présence militaire qui pouvait être admise dans la zone était celle de l’armée syrienne, la police militaire russe s’est également déployée dans la zone tampon pour rassurer Israël qui craint que des combattants du Hezbollah libanais et des troupes iraniennes se rapprochent trop ). Dans ce cas-ci, ce seraient les Kurdes qui seraient éloignés de la zone tampon pour être remplacé par l’armée syrienne. Mais comment les russes arriveront-ils à convaincre les turcs ? Si Erdogan rejette cette proposition et veut absolument ce corridor sous son contrôle, de quels leviers dispose Poutine pour le contraindre ?

    De l’autre côté, les Russes pourraient très bien laisser ce corridor aux Turcs en échange du foyer rebelle d’Idlib qui ne tient que grâce à la protection d’Ankara. Et là, ça voudrait dire qu’après s’être fait baiser par les américains, les Kurdes se feraient niquer par les Russes. Il y’a de nombreux autre scénarios.

     

    On va voir comment les négociations vont évoluer mais on va assister à des manœuvres de marchand de tapis.



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    maQiavel maQiavel 14 octobre 2019 11:02

    @Claudec

    « La terre était alors peuplée de moins de 250 millions d’êtres humains, alors qu’ils seront bientôt 8 puis plus de 11 milliards ! De quoi changer la donne, non ? »

     

    ------> Non. Historiquement il a déjà existé des configurations de croissance démographique et de baisse de disponibilité des ressources. Certes, le système monde est très récent, donc ces configurations n’existaient pas à l’échelle de la planète mais sur des territoires limités mais elles enseignent tout de même pas mal de chose.

    Mais là on est un peu HS avec la crise de la république romaine qui est un autre type de crise, une crise institutionnelle liée à l’accroissement des inégalités sociales qui va aboutir à un changement de régime. Et localement, on retrouve aujourd’hui ce type de crise à divers endroits de la planète.

    Vous dites que nous ne vivons pas une crise politique ni même de société et je ne suis pas du tout d’accord avec car notre crise a aussi des dimensions politiques et sociétales. Les crises n’ont pas une nature unidimensionnelle, leurs causalités et conséquences sont multiples et se superposent. C’est comme pour la fable des aveugles qui palpent un éléphant et qui concluent l’un après l’autre que l’animal est une trompe, une défense, de grandes oreilles, une queue ou de grandes pattes, non l’éléphant c’est tout cela à la fois, limiter notre crise actuelle à une augmentation de la démographie et à l’hyper consommation des ressources est très réducteur ( même si cet aspect a une importance capitale).

     

    Pour ce qui est des progrès scientifiques et techniques, ils ne changent pas grand-chose aux mécanismes profond du déroulement des crises, ils n’en changent que la forme.



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 16:13

    @Vraidrapo

    Tout à fait, raison pour laquelle je dis que certains l’ont utilisé plus que d’autres.

     



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 15:30

    @erQar

    Bof, pour le coup je trouve ça assez banal. On sait bien qu’il y’a eu un accord entre la Turquie et les USA, donc pour conserver une bonne image et ne pas trop donner l’impression qu’ils sacrifient leurs alliés Kurdes sur l’autel de leurs intérêts, les dirigeants américains condamnent la Turquie officiellement alors qu’officieusement ils soutiennent cette intervention militaire tant qu’elle ne va pas trop loin. Rien de très fascinant là-dedans de mon point de vue, c’est normal quoi … 



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 14:32

    @erQar

    C’est à ce genre de chose qu’on voit que, dans ce conflit, il n’y a pas deux camps homogènes. Il y’a certes deux coalitions ( et certains acteurs comme la Turquie et le Qatar qui oscillent entre les deux au gré de leurs intérêts ) mais en leur sein, les acteurs ont des objectifs différents qui les amènent à diverger selon les situations, et de l’autre côté il peut y avoir des convergences entre des acteurs appartenant à des coalitions adverses. C’est vraiment très intéressant. Malheureusement, la complexité du conflit est généralement évacuée par un discours canonique simpliste. Il n’y a qu’à voir la façon dont l’objet EI a été analysé : pour les médias mainstream il n’est qu’un accident de l’histoire constitué de fous sanguinaires alors que pour les médias alternatifs adepte du grand complot, il n’est qu’un ersatz américano-sioniste sans aucune substance et contrôlé de A à Z. Cependant, lorqu’on dépasse ces carricatures, l’ étude spécifique de l’entité Daech est vraiment fascinante, elle avait son autonomie, son projet et a été utilisé comme un atout stratégique par quasiment tous les acteurs du conflit à un moment de son histoire ( par certains plus que par d’autres cela étant), jusqu’à ce que tous aient eu intérêt à sa disparition.



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 13:41

    Salut erQar

    « Dans ton analyse tu considères que l’armée turc va partir aussitôt (après avoir assassiné), sans demander une concession aux russes et iraniens......tu penses vraiment que les turcs vont partir sans avoir trouvé une solution politique pour ses 3,6 millions de syrien..... »

    ------> Je n’ai jamais dit ça. Cela se jouera dans le plan à quatre constitué d’Ankara, de Moscou et de Téhéran et de Damas, c’est encore un autre aspect du jeu dont je n’ai absolument pas parlé.


    « Pour info, l’akp (parti politique d’erdohan) est composé de 47 députés d’origine kurde, son chef de renseignement est kurde......alors être en guerre contre les kurdes  »

    ------> Je parle donc là des Kurdes qui ne sont pas dans le giron d’Ankara, je n’ai pas dit que l’AKP nourrit une haine raciale à l’encontre des Kurdes en général.


    « je sais que tu étais un partisan du pyg ou pkk soit selon, mais j’espère que tu te rends compte que c’était un projet des élites mondialistes. »


    ------> Sans vouloir te vexer, je ne vais pas entrer dans les histoires de complotites aigues smiley, je laisse ça à merdaterre. Tout ce que je répondrai c’est ceci : on a tendance à réduire les discussions sur ces sujets au choix d’un camp selon des considérations morales ou ses intérêts, et ensuite à la défense de son camp mordicus et à l’affabulation de toutes les tares aux camps adverses. Moi ça m’emmerde  smiley . Je ne dis pas qu’il ne faut pas choisir un camp, on a évidemment le droit et certainement le devoir de défendre sa paroisse, mais je trouve que tout réduire à cela appauvri le propos, ça donne des analyses monodimensionnelles d’autant plus pauvres qu’elles sont majoritairement affectives. Ce que j’essaie de faire ici c’est de produire une analyse sur des dimensions spécifiques du conflit, qui soit froide, dépassionné et rendant compte de la situation complexe et évolutive des acteurs. Cela ne veut pas dire que je sois objectif et neutre, je ne suis pas un être m’exprimant d’un promontoire situé sur Sirius, j’ai des partis pris et ils influencent nécessairement mes analyses mais même si c’est impossible, j’essaie de m’extraire de mes affects pour multiplier les perspectives. Cet effort-là, même s’il ne permet pas d’atteindre le but, est important. J’ai de la sympathie pour le PYD et je l’assume mais cela ne m’empêche pas d’avoir la lucidité de conclure qu’ils ont fait de tragiques erreurs de calcul, que leur perspective stratégique est réduite, qu’il y’a peu de chance que leur projet politique subsiste et que la probabilité qu’ils finissent en variable d’ajustement des intérets des uns et des autres est forte. 

    Ici, je ne parle que de stratégie.



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 13:03

    L’impératif stratégique de la Russie était d’éviter un effondrement de l’appareil d’Etat syrien. Cependant, les objectifs de Moscou ne se marient pas totalement avec ceux de Damas : le gouvernement syrien entend restaurer son autorité par la force militaire si nécessaire alors que Moscou considère que la guerre ne peut être gagnée militairement et ne veut pas s’enliser dans un conflit couteux dans le contexte de guerre économique que lui livre le bloc américano-occidental. Il s’en suit que Moscou, craignant une réédition du piège afghan, cherche une sortie diplomatique au conflit, pousse à la négociation et s’accommoderait d’un schéma institutionnel constitué d’ un appareil d’Etat solide mais exerçant sa souveraineté sur un territoire limité, et à sa périphérie, des zones autonomes organisées selon les principes d’ une constitution fédérale, alors que Damas rechigne à ce genre de compromis et cherche avant tout à reprendre possession de l’ensemble du territoire national en écrasant les dissidents. Il y’a à ce niveau-là des tensions entre Moscou et Damas, ce dernier n’hésitant pas à se servir de Téhéran pour réduire l’influence russe dans la résolution du conflit.

    Dans ce jeu complexe et paradoxal qui se joue sur l’échiquier syrien, d’un côté la Russie occupe la position médiane qui est la seule susceptible de faire consentir à tous les acteurs une solution négociée, mais de l’autre elle n’est pas en mesure d’imposer une verticale disciplinaire à ces acteurs, une sorte d’empêtrement règne dans cette guerre et la diplomatie russe reconnaît ouvertement qu’elle ne peut pas proposer un règlement du conflit qui satisfasse tout le monde. En fonction des développements sur le terrain, la position de Moscou pourrait devenir intenable.



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 11:57

    La Turquie est le pays qui accueille le plus de réfugiés syriens, ils constituent une charge considérable pour le pays et l’exaspération de la population turque à leur endroit est palpable, elle n’est pas étrangère aux défaites de l’AKP aux dernières municipales, ce qui fait peser sur les caciques du parti une grâce menace sur leur système de financement. Erdogan a donc accéléré son agenda qui consiste à chasser les Kurdes de la zone frontalière syrienne, à établir une zone tampon et à y déverser les millions de réfugiés syriens.

    Face à cette offensive turque, les européens haussent le ton et veulent stopper l’aide internationale pour faire pression. En gros, ce qu’Erdogan répond, c’est ceci : vous voulez faire peser sur la Turquie l’ensemble du poids financiers des réfugiés syriens ? Ok, pas de problème, mais sachez que ça ne va pas se passer comme vous l’imaginez, si vous faires ça, on prendra des mesures de rétorsions qui consisteront à lâcher ces réfugiés sur vous et vous n’aurez qu’à vous démerder avec eux. Si vous ne voulez pas de ce scénario, commencez pas à nous menacer et foutez nous la paix avec vos kurdes.

    Il répond donc à la menace par la menace, on peut penser ce qu’on veut d’ Erdogan, mais là, c’est de bonne guerre.



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 11:32

    En complément de mon précédent post, Moscou depuis le début du conflit a joué les médiateurs entre le PYD qui aspire à l’autonomie territoriale des zones sous son contrôle et Damas qui refuse ce projet fédéraliste et souhaite reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national, par la force militaire si besoin. Lorsque le rapport de force était favorable au PYD qui était protégé par son allié américain, Moscou, bien conscient que la guerre ne pouvait être gagnée militairement et qui recherche une sortie politique d’un conflit qui constitue pour lui une charge financière, a tenté de tempérer l’intransigeance de Damas quant au degré d’autonomie accordée aux zones contrôlées par le PYD. Mais cette médiation a toujours échoué car les positions étaient inconciliables. Avec l’offensive turque, les rapports de force sont entrain de changer, le PYD perd son pouvoir de négociation face à Damas et risque d’être contraint de renoncer à l’autonomie des territoires sous son contrôle, ce qui signifie la mort du système politique qu’il a érigé. La médiation russe s’en retrouve donc facilité, Moscou va bien montrer au PYD que pour les américains il n’est qu’une variable d’ajustement et que s’il veut se sauver, il doit définitivement changer de camp mais pour cela, il doit abandonner ses velléités d’autonomie.

    Moscou et Damas sont donc entrain de remporter la mise dans leur rapport de force face au PYD, ils ont utilisé un vieux stratagème chinois théorisé par Sun Tzu qui consiste à « assassiner avec un couteau d’emprunt », c’est-à-dire à utiliser les ressources d’un adversaire contre un autre adversaire, pour ne pas avoir à se fatiguer soi même. Ici en occurrence, le couteau d’emprunt utilisé par Moscou et Damas pour « assassiner » les kurdes, est turc. Mais bon, plus que d’un assassinat, il s’agit ici de contraindre l’adversaire à accepter une offre. 



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 10:41

    « Les Kurdes auraient dû dès le départ composer avec Damas »

    ------> Ça c’est le point de vue d’un défenseur du régime Baasiste en place en Syrie. Changeons un moment de perspective et empruntons celle des Kurdes.

    Pour commencer, le PYD n’est pas indépendantiste et ne se considère même pas comme Kurde ( même si dans les faits, les Kurdes en constituent la force dominante). Dans les zones sous son contrôle et qui dépasse largement les zones peuplées de Kurdes, ils ont recrutés diverses ethnies au sein de leurs forces armées ( FDS), dont de nombreux arabes ( toutes les communautés ont leurs propres unités militaires intégrées aux FDS) et ont fait le choix d’associer toutes les communautés au partage des ressources et du pouvoir (elles sont toutes représentées dans des proportions équitables au sein des instances politiques du Rojava). Le projet du PYD n’est pas de constituer un Etat nation Kurde mais de mettre en place un projet politique libertaire communaliste très imprégné d’idées autogestionnaires, localistes, féministes et démocratiques ( dans le sens authentique du terme ).

    Ce système politique mit en place dans le Rojava est très loin d’être parfait, il contient de nombreuses difficultés que les acteurs locaux tentent de résoudre, il ne faut pas l’idéaliser, cependant il est fondamentalement opposé aux structures oligarchiques, centralisatrices et autoritaristes du régime en place à Damas. On ne va quand même pas faire le reproche à des gens qui sont épris d’idéaux émancipateurs, authentiquement progressistes et démocratiques de ne pas s’être soumis dès le départ à un régime héréditaire mit en place par un dictateur militaire et dont la politique, depuis l’arrivée de Bachar, est favorable quasi exclusivement à la grande bourgeoisie syrienne. Il est logique que le PYD n’ait aucune sympathie pour ce régime, c’est comme l’eau et l’huile, ces deux systèmes sont incompatibles.

    L’objectif stratégique du PYD était la mise en place en Syrie d’une architecture institutionnelle fédérale et décentralisatrice qui puisse permettre la survie du système qu’ils ont mis en place, et cela passe bien évidemment par une constitution qui octroierait une certaine autonomie aux zones qu’il contrôle. Au contraire, l’objectif de Damas est de ramener l’ensemble du territoire syrien dans le giron du régime. Le gouvernement syrien s’oppose donc naturellement à cette demande d’autonomie qu’il perçoit comme un danger et considère que le fédéralisme, dans un pays si divisé sur le plan communautaire et tribal, mènerait à une partition à court terme. Pour atteindre son objectif, le PYD était donc dans l’obligation d’engager un rapport de force avec les dirigeants syriens pour les contraindre à accepter cette autonomie. Pour que le rapport de force lui soit favorable, il fallait des gages territoriaux pour mieux négocier, pour gagner ces territoires il fallait une force militaire et pour avoir des armes il avait besoin des américains. Le PYD est très pragmatique, il savait très bien que les américains allaient l’ abandonner, il s’est servit des américains tout comme les américains se sont servi de lui ( les américains ont utilisé les FDS pour couper l’arc chiite), c’est une alliance tactique. La seule chose que les stratèges du PYD n’avaient pas prévu, c’est que les américains les abandonneraient si tôt, ils pensaient qu’ils ne les lâcheraient pas tant que les iraniens et les miliciens du Hezbollah seraient présents en Syrie, ça c’était une erreur de calcul mais elle était difficilement prévisible.

    Voilà la raison pour laquelle les Kurdes ne pouvaient pas composer dès le départ avec Damas.



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 09:11

    *ne sont que très peu investis dans les entreprises



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    maQiavel maQiavel 13 octobre 2019 08:57

    Eh ouais, les fonds accumulés par les riches grâce aux baisses d’impôts ne sont pas que très peu investi dans les entreprises, encore un mythe libéral qui s’effondre smiley . On va enfin pouvoir parler du « cout du capital » sans se faire traiter de bolchévique. Un peu comme on peut aujourd’hui parler librement de protectionnisme alors qu’il y’a à peine quelques années, on était illico assimilé au FN, au fascisme et aux Zeurléplusombres. Ça évolue. En parlant de mythes, Alain Minc, major de promo de l’ENA découvre l’eau tiède : « Nos certitudes sur l’économie s’effondrent. Nous avons cru en des lois économiques qui se trouvent aujourd’hui invalidées par les faits  ». 

    Je ne suis pas un anti-libéral ( je suis en faveur d’une économie mixte qui aurait aussi des aspects libéraux) mais j’espère que l’effondrement de tous les mythes des libéraux chimiquement purs permettra l’éclosion d’un libéralisme moins radical et plus en phase avec les réalités sociales.



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    maQiavel maQiavel 10 octobre 2019 17:02

    @Sonya V...
    Non, je ne l’ai pas vu, merci pour le lien. 



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    maQiavel maQiavel 10 octobre 2019 08:30

    Ah ben, je viens de découvrir que Zemmour a été condamné pour le passage avec Lapix que j’ai repris plus haut .

    Je trouve cette condamnation dommageable, bien sûr par principe en défense de la liberté d’expression mais aussi parce que ce genre de condamnation va encore plus pousser les anti-islams à dissimuler leurs projets de société et à se réfugier tactiquement derrière le procès d’intention dès qu’on tirera les conséquences logiques qui s’imposent de leurs raisonnements. Ces gens qui combattent les anti-islam en cherchant à les faire taire n’ont pas compris qu’au contraire, il faut les laisser dérouler leurs thèses jusqu’au bout pour en produire la critique la plus efficace possible, et de ce point de vue-là Zemmour est magnifique car il sort tout ce qu’il a dans les tripes sans aucun complexe et presque sans retenue. Bref, même du point de vue des anti-anti-islam c’est vraiment regrettable …

    Je remarque au passage que la cour a interprété ce passage de la même manière que moi, à savoir qu’il intimait aux musulmans l’obligation de renoncer à leur religion ou de quitter le territoire. Et franchement, je ne vois vraiment pas comment l’interpréter autrement.



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    maQiavel maQiavel 9 octobre 2019 13:11

    @Norman Bates

    « celui qui ne se déclare pas explicitement "Charlie" est forcément un radicalisé... »

    ------> Ça c’était l’ambiance juste après la tuerie de Charlie Hebdo. Certes, il y’a une très grosse marge entre celui qui ne se déclare pas explicitement Charlie ( ce qui est mon cas, par contre je suis sans aucun souci Bernard Marris qui a succombé lors de ces évènements) et celui qui exprime son contentement pour ces meurtres mais à l’époque, la frontière était ténue, on regardait avec un air soupçonneux tous ceux qui ne rentraient pas dans le rang, des célébrités journalistiques menaçaient les hérétiques dans des tribunes et les politicards nous ont pondu à la vitesse du son une loi délirante sur l’apologie de terrorisme dont l’application a mené Amnesty International à s’inquiéter d’une dérive liberticide. Et je ne parle pas seulement de Dieudonné ou des nombreuses personnes qui ont eu la mauvaise idée de plaisanter sur ces attentats ( le cas de la gamine de 14 ans qui a été mise en examen pour avoir dit « on est les soeurs Kouachi, on va sortir les kalachnikov » est édifiant), même Zemmour et Marine Le Pen, qu’on ne peut soupçonner de radicalisation islamiste, ont été accusé de faire de l’apologie du terrorisme. 

    Tout ça parce que des gens ont l’illusion que l’appareil judiciaire est en capacité de faire disparaitre des propos qui les révulsent afin qu’ils ne trouvent jamais personne à convaincre.  smiley



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    maQiavel maQiavel 9 octobre 2019 10:28

    @Conférençovore

    Je me souviens de cet échange savoureux entre Zemmour et Lapix : https://www.youtube.com/watch?v=Wwem-Wit6Rk

    Lapix : Vous reconnaissez qu’il y a des musulmans en France qui vivent dans la paix qui n’interprètent pas à la lettre le texte du Coran, qui sont totalement intégrés

    Zemmour : Ça c’est vous qui le dites !

    L : Ce n’est pas vrai ?

    Z : Non  ! […] En Islam, il n’y a pas de musulman modéré, ça n’existe pas. Y a simplement des gens qui appliquent à la lettre et d’autres qui n’appliquent pas à la lettre, et [ces derniers] savent qu’ils ne sont pas des bons musulmans. »

    L : Si l’Islam est notre ennemi juré, que fait-on ? On interdit l’Islam ?

    Z : C’est compliqué, parce que l’Islam ce n’est pas qu’une religion. C’est une religion, il a les éléments constitutifs d’une religion selon la pratique chrétienne. Parce que Rémy braque dit très justement, pour tous les Français, pour nous religion ça veut dire le catholicisme, la prière, le jeûne, le pèlerinage, sauf que l’Islam n’est pas seulement ça

    L : Alors qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on leur interdit d’exercer leur culte, est-ce qu’on crée un système d’apartheid ? Est-ce qu’on doit discriminer ?

    Z : Avant de dire qu’est-ce qu’on fait, il faut être sûr que le diagnostic est accepté. Or je constate que mon diagnostic n’est pas partagé. On a besoin d’un diagnostic

    L : Il y a des millions de Musulmans en France, alors qu’est-ce qu’on fait ? […]

    Z : Le sujet est global. Nous vivons depuis trente ans une invasion, une colonisation qui entraîne une conflagration.

    L : Qu’est-ce que vous faites avec les Musulmans en France, est-ce que vous les interdisez, est-ce que vous les chassez ?

    Z : Il faut leur donner le choix entre l’islam et la France. »

    Est-ce qu’en écoutant ça, il est délirant de déduire de ses propos que de sa perspective, les musulmans n’ont que deux choix : abandonner leur religion ou quitter la France  smiley ? Je dirai même que ça coule de source. 

     



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    maQiavel maQiavel 9 octobre 2019 09:57

    Je trouvais son analyse de la polémique de Chouard et des chambre à gaz très mauvaise mais ce coup ci, son propos est excellent. Très bonne vidéo, merci du partage. 



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    maQiavel maQiavel 9 octobre 2019 09:51

    @Conférençovore

    « On se retrouve dans cette merde avec 28% de gens qui affirment défèquer sur nos lois »

    ------>Ton interprétation de l’étude de l’IM est catastrophiste. Pour te faire comprendre la chose, je vais te donner un exemple : je fais partie des gens pour lesquels la foi est plus importante que n’importe quel aspect de l’existence, je suis plus attaché à ma foi qu’à ma propre vie et qu’à celle de mes proches que j’aime pourtant éperdument, il est donc évident que les lois républicaines passent largement après ma foi. Et pour cause, je n’ai pas une conception spiritualiste de la République, je ne suis pas animé par une mystique républicaine comme les Francs-maçons de la IIIème république, je n’en ai qu’une conception matérialiste : la république n’est pour moi qu’un système d’organisation politique, auquel je suis certes très attaché, mais qui ne donne pas un sens à mon existence, les institutions ne sont pas mes dieux. Ce n’est pas pour ça que je défèque sur les lois, ça n’aurait aucun sens de me faire ce genre de procès. Eh bien, ma position est la même que celle de nombreux musulmans qui font passer leur foi avant tout. Et je ne vois pas ou est le problème dans cette position, on peut ne pas l’aimer mais elle ne constitue pas en soi un problème politique, en tous cas pas dans notre régime qui fait bien la distinction entre le public et le privée, qui ne subordonne pas l’un à l’autre mais qui tente de les articuler harmonieusement. Par contre, parmi ces 28 %, un peu moins de la moitié est dans une logique d’opposition à nos lois ( 13 % selon l’IM ), si certains défèquent réellement sur nos lois, ce sont ceux là et non pas l’ensemble du groupe, les 15 % restant étant attaché à la laïcité en ce qu’elle leur permet de vivre librement leur foi.